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JD Vance a été nommé vice-président par Donald Trump

YOUNGSTOWN, OH - SEPTEMBER 17: Republican Senate candidate JD Vance and former President Donald Trump speak at a Save America Rally to support Republican candidates running for state and federal offic ...
JD Vance, tout frais VP et son colistier Donald Trump. Ici, le 17 septembre 2022. Getty Images North America

Voici le vice-président choisi par Donald Trump

JD Vance, sénateur de l'Ohio et auteur du best-seller Hillbilly Elegy, était dans le sillage de Donald Trump pour se placer comme le favori au poste de vice-président. Trump vient de lui offrir ce poste lundi soir, en l'annonçant sur son réseau Truth Social, en pleine convention républicaine. Portrait d'un provocateur, chouchou des MAGA.
15.07.2024, 14:4516.07.2024, 07:39
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Il fut parmi les favoris pour devenir le colistier de Trump; il est le premier à avoir pris la parole après la tentative d'assassinat de l'ancien président, réflexe typique d'un fidèle lieutenant.

Même si son agressivité a pu déranger certains stratèges républicains, alors que Trump a appelé au calme le lendemain de la fusillade, il n'a pas hésité à sortir les griffes à l'encontre des démocrates, nourrissant cette guerre vive entre les deux blocs politiques du pays. «Le principe central de la campagne de Biden est que le président Donald Trump est un fasciste autoritaire qui doit être arrêté à tout prix», a-t-il écrit sur X.

Et il ne s'est pas arrêté là:

«Cette rhétorique a conduit directement à la tentative d’assassinat du président Trump»
JD Vance

Lundi 15 juillet 2024, le suspense à propos de l'identité du potentiel vice-président du milliardaire a pris fin. JD Vance, 39 ans et sénateur de l'Ohio, a été nommé colistier par Donald Trump lui-même, au beau milieu de la convention nationale du parti républicain, à Milwaukee, mais c'est sur Truth Social qu'il a dévoilé son choix.

Donald Trump sur Vance:

«Après de longues délibérations et réflexions, et compte tenu des immenses talents de nombreuses autres personnes, j'ai décidé que la personne la plus apte à occuper le poste de vice-président des États-Unis revient au sénateur J.D. Vance, du grand État de l'Ohio»
Image

Un inconnu du public américain? Pas vraiment. En 2016, son livre Hillbilly Elegy est devenu un best-seller avant d'être adapté en film par Netflix, en 2020. Oui, rien que ça.

Derrière l'histoire d'un gamin qui voit sa ville natale dégringoler et sombre dans la toxicomanie (la crise des opiacés est passée par-là) et la pauvreté, il y a donc le potentiel prochain vice-président. L'Américain fustigeait la condescendance et la négligence de l'establishment. Un livre plébiscité par des lecteurs qui sont principalement des libéraux instruits, clamait le New York Times.

Ce bouquin était une parfaite vitrine pour cerner la misère qui touchait la classe ouvrière blanche des Etats-Unis.

Le môme décrit dans le bouquin a troqué son statut de simple citoyen pour s'approprier celui de col blanc. Une trajectoire atypique pour JD Vance, qui s'est engagé dans les marines, a enchaîné avec un diplôme à l'Université de Yale et se rendant ensuite à la SiIicon Valley pour amasser du fric dans les nouvelles technologies.

Pour lui, le transfuge de classe a fonctionné et son destin renforce cette idée de rêve américain tant de fois déblatéré dans l'imaginaire collectif.

En 2024, the Sky était the limit: le natif de l'Ohio a placé ses pions, emboîté le pas à Trump pour atterrir sur le siège de vice-président le 5 novembre prochain, si son gourou venait à remporter l'élection. On rappellera que le chouchou du mouvement MAGA était dans la course avec le Floridien Marco Rubio, le sénateur Tim Scott de Caroline du Sud et le gouverneur Doug Burgum du Dakota du Nord.

De critique à fanatique

Mais avant sa percée remarquée tant dans la peau d'auteur que de politicien, Vance était un critique féroce de Trump. C'est lui qui qualifiait le 45e président d'«inapte» et même de «drogue dure». Il était même allé plus loin, en le taxant d'«Hitler de l'Amérique».

Il posait un regard plus nuancé que Trump et sa grappe de fanatiques. Mais, ça, c'était avant. En petit filou, il expliquait avoir pris conscience d'une certaine réalité. Un nouveau mode de pensée a germé dans sa matière grise, au moment où il s'est présenté au Sénat en 2022, bien épaulé financièrement par le milliardaire Peter Thiel.

«Sa transformation est l’une des histoires politiques les plus marquantes de l’ère Trump»
New York Times

Il défend le rêve américain (qu'il considère comme menacé par Joe Biden) et considère qu'une victoire de Trump aiderait grandement à sauver cet idéal si cher aux conservateurs.

Trump ne s'est d'ailleurs pas privé de savourer le changement de cap de son nouveau poulain, alors que le sénateur de 39 ans était là, à côté, sans broncher, lors d'un meeting électoral en septembre 2022:

«JD me lèche le cul tellement il veut mon soutien»
Trump, à propos de JD Vance

L'ancien président s'est toutefois montré élogieux concernant son poulain: «JD et moi disons la même chose, mais nous le disons de manière différente».

Le discours de Vance est, comme preuve de syncrétisme, sensiblement pareil à celui de son chef de file. Si l'économie et cette Amérique oubliée, dont l'immigration massive est pointée du doigt, sont le centre d'intérêt numéro 1 dans le camp des républicains, il semblerait que l'enseignement dans les universités soit un vrai cheval de bataille - s'attaquer à cette éducation des élites, jugée trop à gauche.

Vance prend en exemple le chef d'Etat hongrois: «La meilleure façon pour les conservateurs de s’attaquer avec succès à la domination de la gauche dans les universités est l’approche de Viktor Orban en Hongrie».

A l'instar d'Orban, il est simplement question de supprimer des matières qui ne plaisent pas au camp des conservateurs, qui voit d'un mauvais oeil la petite vermine galante, bourgeoise et éduquée.

Guardian analysait les mouvements erratiques de la girouette star des républicains, en isolant le discours anti-élite de JD Vance, tout en mettant en pratique ce que les observateurs appellent le populisme ploutocratique. Comprenez, un gouvernement qui dirige avec, comme principale base politique, l'argent.

Et cet argent doit tomber dans les poches des (vrais) Américains, selon Vance:

«Nous voulons un pays 100% américain qui soit construit par des Américains et qui emploie des ouvriers américains»

Les troupes conservatrices de l'Oncle Sam apprécient.

Nourrir cette dynamique, la pétrir jusqu'à gaver les citoyens américains de bannières étoilées, de nationalisme décomplexé; Vance incarne cette dynamique qui fait bouger les lignes du côté de la droite, à l'instar d'un Jordan Bardella en France.

Pour l'éventuel prochain VP, aussi loin qu'il se rappelle, dans sa jeunesse, toute l’énergie de la vie politique se trouvait à gauche.

Et maintenant:

«Toute cette énergie est à droite»
JD Vance

Donald Trump peut désormais agiter son pantin à sa guise pour rallier les pièces de son camp politique: «Vance renforce sa position auprès des républicains persuasifs qui n’aiment pas la personnalité de Trump, mais aiment sa politique», estimait Clayton Allen, expert en politique américaine chez Eurasia Group.

Avant que le spécialiste n'apporte une autre analyse, voyant Trump être «prêt à parier que l’ambition de Vance peut être contenue suffisamment longtemps pour ne pas causer de problèmes».

Un pacte des deux côtés: l'un pour le présent avec Trump et l'autre pour l'avenir avec Vance?

Comme l'insinue The Atlantic, le sénateur de l'Ohio a été assez astucieux pour s'emparer de la dynamique de Trump et sa horde de trumpistes dans le but de gravir les échelons. Car Vance possédait un atout dans sa manche: il sait s’adresser aux électeurs de la «Rust Belt», la ceinture de rouille qui représente la région désindustrialisée du Nord-Est américain.

Ses origines modestes et ce fameux transfuge de classe font de Vance un candidat apprécié dans les différentes couches républicaines. Mais surtout, son entrée fracassante dans les librairies et les classements des meilleures ventes lui ont offert un angle parfait pour son futur politique: la culture populaire, dopée par cette adaptation de son best-seller sur Netflix. Cocasse, quand on sait que Reed Hastings, co-CEO de la plateforme, est un mégadonateur des démocrates.

Mais au pays où le rêve américain est roi, c'est business as usual.

Cet imitateur est venu troller Donald Trump
Video: watson
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