Personne ne le voyait venir. Pas même lui. Mercredi, au terme d'un quatrième, cinquième et sixième scrutin infructueux pour se désigner un nouveau Speaker, le nom de Byron Donalds tombe dans l'urne. 20 fois. Alors même que l'élu républicain de Floride a lui-même voté pour Kevin McCarthy.
Un moment historique: pour la première fois de l'Histoire, deux Noirs américains sont nominés pour devenir le président de la Chambre. Mais si tous deux ont grandi à Brooklyn, la ressemblance avec le leader démocrate à la Chambre Hakeem Jeffries s'arrête là. Républicain convaincu, Byron Donalds est un fervent défenseur de Trump.
Donalds suscite l'approbation parmi les voix les plus conservatrices du Sénat. Mercredi, le républicain texan Chip Roy l'acclame comme «un homme bon, élevé par une mère célibataire qui a surmonté l'adversité, qui est devenu chrétien à l'âge de 21 ans et a consacré sa vie à faire avancer la cause de sa famille et de son pays et il l'a fait admirablement.» Sortez les mouchoirs.
Il est vrai qu'à l'exception de son nom de famille, peu d'indices laissent augurer du formidable destin politique de Byron Donalds. Elevé à New York par une mère célibataire qui cumule trois enfants, deux emplois «et pas grand-chose d'autre», les premières années de vie et les fins de mois du New-Yorkais sont difficiles.
«Mais grâce à ma mère et à son influence, ce qui aurait pu être la fin de ma route n'était que le début», explique-t-il en 2022 au Naples Daily News. Encouragé à poursuivre ses études, Donalds quitte la Grosse Pomme à 18 ans, seul à bord d'un bus, pour l'université. Il paye son loyer en accumulant petits boulots, prêts de sa mère et en vendant du plasma à ses camarades.
A 18 ans, l'adolescent est arrêté pour possession de marijuana. Deux ans plus tard, une amie le convainc de déposer un chèque sans provision pour se faire quelques dollars facile. Le chèque lui vaut une plainte pénale de l'Etat - l'étudiant finit par restituer à la banque environ sept fois le montant initial.
Diplômé de l'université de Floride, ce grand fan de basketball abandonne ses rêves de ballon professionnel pour faire carrière dans les affaires. De politique, il n'est pas encore question.
Ce n'est qu'au début des années 2010 que Donalds pose son premier orteil dans un rassemblement du Tea Party. Il prononce son premier discours politique en mars, à l'arrière d'un pick-up rouge. Les dirigeants républicains repèrent quelque chose de spécial et l'exhortent à se présenter en Floride.
Stratégie payante. Quatre ans plus tard, en 2016, il est élu à la Chambre des représentants de Floride, où il se bat pour l'éducation, le droit à l'eau potable pour tous, la protection fiscale des personnes âgées - mais surtout, contre la «prolifération des algues nuisibles».
Conservateur fougueux, Donalds incarne surtout les valeurs du parti républicain moderne: fiscalement conservateur, anti-avortement et ardent défenseur du droit de porter une arme. Dans un spot de campagne, il se résume lui-même comme:
En revanche, n'allez pas lui parler de «théorie critique de la race» ni de lutte des races, contre laquelle il peste joyeusement.
Encore moins des conclusions du comité du 6 janvier contre Donald Trump. Bullshit. Au contraire, Donalds n'a jamais hésité à prendre la défense de Donald, notamment contre les (nombreuses) accusations de racisme à l'encontre de l'ancien président.
Fort de sa bonne étoile, l'un des cinq seuls républicains noirs au Congrès peut-il espérer supplanter Kevin McCarthy comme prochain Speaker de la Chambre? Peu probable, selon plusieurs médias américains. Il reste une marge à franchir - et surtout, trop de votes à gagner.
Son ascension est toutefois loin d'être terminée. Selon Peter J. Bergerson, expert de la politique de Floride, l'ascension politique de Donalds à Washington en tant que républicain conservateur noir, est suffisamment rare pour laisser présager d'un avenir très prometteur: «Il personnifie vraiment le rêve américain en politique (et) a un potentiel énorme».
Une chose est sûre, Donalds est sur la bonne voie. «Peut-être pour occuper un poste à l'échelle de l'État ou même au niveau national». Le vote des républicains nous le dira.