Face aux tensions de plus en plus vives dans le conflit ukrainien, le président russe Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden ont décidé de se parler. Le Kremlin et la Maison Blanche ont confirmé mardi le sommet en ligne des deux hommes d'Etat.
De son côté, dimanche, l'Union européenne (UE) a promis son soutien à l'Ukraine. «L'Ukraine est assurément un partenaire et un allié. Nous sommes à ses côtés», a déclaré le représentant de l'UE aux affaires étrangères, Josep Borrell. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé l'Allemagne et la France à exercer davantage d'influence sur l'Ukraine.
Les attentes pour le sommet de Poutine et Biden sont considérables, même si les présidents ne se rencontreront pas physiquement, comme ça avait été le cas à Genève en juin dernier. Selon le porte-parole de Joe Biden, le chef d'état américain vise à souligner les «inquiétudes» des Etats-Unis concernant les activités militaires de la Russie au long de la frontière ukrainienne. «Ce que je fais actuellement, c'est mettre en place un ensemble de mesures qui, selon moi, est le plus complet et efficace pour empêcher Vladimir Poutine d'aller de l'avant», a déclaré Biden selon CNN.
La situation déjà tendue entre l'Ukraine et la Russie s'est récemment aggravée après des informations faisant état d'un déploiement massif de troupes russes près de la frontière ukrainienne. Selon l'Otan, il y aurait, à ce jour, plus de 90 000 soldats sur place. De son côté, le Kremlin accuse l'Ukraine d'avoir déployé plus de 120 000 soldats dans les régions séparatistes pro-russes de Donetsk et Louhansk.
Les deux pays s'accusent mutuellement de préparer une intervention militaire. Ce week-end, plusieurs reportages médiatiques ont été diffusés autour des plans présumés de la Russie. «L'offensive» pourrait commencer au début de l'année prochaine, ont rapporté le Washington Post et le New York Times, citant notamment des documents des services secrets américains et des responsables gouvernementaux. Jusqu'à 175 000 soldats pourraient être déployés à la frontière avec l'Ukraine.
Le ministère russe des Affaires étrangères, a, par ailleurs, accusé les Etats-Unis de mener une «opération spéciale» dans le but «d'aggraver la situation en Ukraine tout en transférant la responsabilité à la Russie», a déclaré la porte-parole Maria Sakharova. Dans la perspective du conflit ukrainien qui dure depuis sept ans maintenant, le ministre des Affaires étrangères Lavrov a expliqué à la télévision publique que Kiev ne mettrait pas en œuvre les accords du plan de paix de 2015. Berlin et Paris ont jusqu'à présent toujours évité leurs obligations de médiateurs.
Les troupes gouvernementales dans les régions de Lougansk et de Donetsk, à l'est de l'Ukraine, se battent contre les séparatistes pro-russes depuis 2014. Selon les estimations de l'ONU, plus de 13 000 personnes ont été tuées au total. En 2014, la Russie a également annexé la péninsule ukrainienne de Crimée. Malgré les appels internationaux, le plan de paix demeure en suspens.
Ces dernières années, les tensions n'ont cessé de grimper. Plus récemment, Poutine a appelé l'Otan à mettre fin à l'expansion de Pâques. Son pays avait, en effet, besoin de «garanties de sécurité fortes, fiables et à long terme» de la part de l'alliance occidentale, a-t-il déclaré il y a quelques jours. La Russie verrait ainsi sa sécurité menacée si les anciennes républiques soviétiques de Géorgie et d'Ukraine – comme par le passé, par exemple, les Etats baltes – étaient acceptées par l'Otan.
Ce week-end, Moscou a également mis en garde contre des incidents pouvant survenir dans l'espace aérien. L'autorité aéronautique russe à l'agence de presse Interfax a affirmé qu'un avion de ligne de la compagnie aérienne nationale Aeroflot a dû modifier son altitude de vol sur la route de Tel-Aviv à Moscou au-dessus de la mer Noire à cause d'un avion de reconnaissance de l'Otan. L'engin comprenant 142 personnes à bord est descendu à 1800 mètres pour éviter une collision. (mndl/dpa)