Si vous êtes pauvre, cela ne vous concerne pas
«C’est une nouvelle très enthousiasmante pour moi et pour le pays: nous venons de lancer la Trump Gold Card», s’est réjoui le président américain. Mercredi soir, à 22 heures tapantes (heure suisse), les plus riches d’entre nous pouvaient déjà remplir leur formulaire pour accéder à la «résidence américaine en un temps record».
Sans surprise, le design de ce visa de luxe est à l’image du milliardaire: autocentré et d’un jaune lingot à s’en faire péter la rétine.
A l’heure où l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) fait régner la terreur dans les rues et le quotidien des étrangers présents depuis de longues années sur le territoire américain, Donald Trump propose officiellement à l’élite mondiale de s’installer sans pression aux Etats-Unis, moyennant le paiement d’un million de dollars (sans oublier les 15 000 dollars de frais de traitement).
Le pays devient donc une sorte de boîte de nuit qui fait payer une fortune ses tables VIP.
Une fois sur le site crée pour l’occasion, l’inscription prend moins de temps que pour une commande Zalando: nom, domicile, date et lieu de naissance et, hop, il ne reste plus qu’à cliquer sur le bouton «CONTINUE TO PAIEMENT». Après une petite vérification des antécédents (oui, tout de même), vous voilà, vous et votre argent, résidants américains.
Un véritable jeu d’enfant (de riche).
Plusieurs options sont (ou seront) disponibles. Si le visa pour les particuliers coûte un million de dollars, la version platinium, à cinq millions, permettra à ses heureux détenteurs de séjourner jusqu'à 270 jours dans le pays sans être imposés sur leurs «revenus non américains».
Enfin, la version «entreprise», à deux millions de dollars pièce, offre aux sociétés la possibilité de parrainer des employés étrangers «très qualifiés», moyennant une cotisation annuelle de 1% (20 000 dollars) et des frais de 5%, (100 000), dès qu'elles souhaitent transférer le visa d'un employé à un autre.
«En gros, on fait venir des gens, des gens qui, dans bien des cas, je suppose, ont beaucoup de succès. Ils vont payer, au lieu de franchir les frontières à pied», expliquait Donald Trump en septembre, au moment de signer le décret annonçant l’arrivée prochaine de ce visa qui a réellement de quoi séduire certains businessmen et investisseurs étrangers.
Le président MAGA a promis que les recettes de ce programme de visa accéléré ((il parle déjà de 1000 milliards de dollars) iront se loger directement dans les coffres du Trésor américain pour «rembourser la dette nationale».
Si la «Trump Gold Card» est déjà opérationnelle, de nombreux avocats et sites spécialisés dans l’immigration attendent fébrilement le lancement de la traditionnelle Green Card Lotery 2027. L’ouverture de ce programme, qui va désormais coûter un dollar par demande, est déjà en retard de deux mois. Une première depuis sa création.
(fv)
