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L'Europe pourrait être envahie par les marchandises chinoises

L'Europe pourrait être envahie par les marchandises chinoises

La Chine exporte des centaines de milliards de francs de marchandises vers les Etats-Unis. Les droits de douane de Trump pourraient engendrer un flot de produits vers l'Europe. L'UE veut s'y opposer.
08.04.2025, 05:3808.04.2025, 05:38
Remo Hess, bruxelles / ch media
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Oeil pour oeil, dent pour dent: après que les Etats-Unis ont imposé des droits de douane de 34% sur toutes les importations en provenance de Chine, la République populaire a fait de même. Tous les produits américains seront également majorés de 34% à partir du 10 avril. En outre, l'exportation de sept terres rares vers l'Amérique sera limitée. Il s'agit notamment de l'yttrium, qui est utilisé dans les appareils électriques, ou du gadolinium, utilisé dans la thérapie par résonance magnétique.

Mais ces mesures ne feront guère de mal au président américain Donald Trump, ne serait-ce qu'en raison du fait que la Chine importe beaucoup moins des Etats-Unis que l'inverse. L'année dernière, les importations chinoises se sont élevées à 148 milliards de dollars. En revanche, les exportations de la Chine vers les Etats-Unis sont environ trois fois plus importantes.

«La Chine a perdu la partie, ils ont paniqué – la seule chose qu'ils ne peuvent pas se permettre», écrivait le président américain vendredi sur son réseau Truth Social.

L'Europe est mise à mal

La Chine est l'un des pays les plus durement touchés par les nouveaux droits de douane américains. En plus des 20% de droits de douane spéciaux déjà en vigueur, les entreprises chinoises paient désormais 54% de droits de douane aux Etats-Unis.

Il est donc fort probable qu'une partie des marchandises chinoises atterrisse désormais sur le marché européen au lieu de l'américain. Des économistes comme Clemens Fuest, de l'institut Ifo de Munich, préviennent que les entreprises européennes seront mises à mal sur deux fronts à la fois: de la part des Etats-Unis avec les droits de douane et de la part de la Chine avec une concurrence accrue sur le marché intérieur.

Si l'Europe veut désormais repousser un flot de marchandises chinoises, elle doit elle-même ériger un mur de protection. Elle l'a déjà fait pour l'acier et l'aluminium ainsi que les voitures électriques chinoises. Dans les deux cas, cela n'a que moyennement fonctionné. Les sidérurgistes européens sont toujours en crise. Et dans la plupart des cas, les voitures électriques chinoises sont toujours moins chères que celles de la concurrence européenne.

La différence est qu'aujourd'hui, beaucoup plus de marchandises sont concernées par l'augmentation de la concurrence chinoise. L'année dernière, la Chine a livré pour plus de 438 milliards de dollars de marchandises aux Etats-Unis. Nombre de ces produits made in China pourraient désormais être détournés en masse vers l'Europe, à des prix défiant toute concurrence.

Dans certains cas, ce ne serait pas si grave. Par exemple, les téléphones portables, les tablettes et les ordinateurs proviennent déjà en grande partie de Chine. Mais pour d'autres biens comme les appareils ménagers ou les vêtements, l'Europe a aussi sa propre production. La situation devient douloureuse lorsque les machines et les produits industriels inondent le marché. Le président français Emmanuel Macron craint des «conséquences massives» pour l'industrie européenne.

Quelles conséquences pour la Suisse?

Il est difficile de prédire comment les flux commerciaux vont évoluer. Et peut-être même que l'Europe et la Chine se résoudront à conclure de nouveaux accords et à atténuer l'attaque frontale de Trump contre le libre-échange. Le vice-ministre du Commerce, Ling Ji, a en tout cas déjà montré de l'intérêt pour cela vendredi.

Si, au contraire, ils ne parviennent pas à un accord – ce qui est plus probable à l'heure actuelle – cela aurait également des conséquences pour la Suisse: dans le cas de l'acier, la Suisse a déjà été prise entre deux feux et les entreprises suisses ont été soumises à des contingents d'importation par l'Union européenne. Le Conseil fédéral veut donc éviter à tout prix de devenir à nouveau un dommage collatéral.

Après un entretien téléphonique avec la cheffe de la Commission Ursula von der Leyen, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a déclaré jeudi qu'elle n'avait reçu «aucun signe» indiquant que la Suisse serait touchée par des mesures de l'UE. Ce n'est certes de loin pas une garantie.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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