Le Conseil fédéral veut trouver une solution avec les Etats-Unis à la suite de l'annonce du président Donald Trump d'imposer les biens suisses à 31%. Il va analyser en détail les mesures et leurs implications. Aucune mesure de rétorsion n'est prévue pour l'instant.
La Suisse est frappée par des droits de douane particulièrement élevés décidés par l'administration Trump. Le Secrétariat d'Etat à l'économie a été chargé d'analyser les conséquences des droits de douane et de proposer des mesures adéquates.
En clair, les exportations suisses seront frappées de droits de douane additionnels de 10% à partir du 5 avril, puis de 21% supplémentaires dès le 9 avril. Ces taxes touchent des produits d'exportation importants, comme les machines, les montres et les produits agroalimentaires.
Les exportations de l'industrie pharmaceutique ne sont pas touchées actuellement. Mais des décisions spécifiques ont été annoncées à ce sujet.
Le Conseil fédéral a pris connaissance des décisions des Etats-Unis concernant les droits de douane. «Il est clairement d'avis qu'une escalade n'est pas dans l'intérêt de la Suisse», a avancé la présidente du gouvernement, Karin Keller-Sutter.
C'est pourquoi le Conseil fédéral «renonce à des contre-mesures directes», a précisé la St-Galloise jeudi devant les médias. «Nous allons étudier les options et resterons en contact avec les autorités américaines». Le gouvernement regrette que les Etats-Unis s'écartent davantage du libre-échange et d'un ordre commercial fondé sur des règles.
Par ailleurs, la ministre est en contact avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et avec le Liechtenstein, frappé par des droits de douane de 37%. Pour l'instant, l'Union européenne n'a montré aucune intention de toucher la Suisse par des contre-mesures qu'elle pourrait prendre.
Le gouvernement ne s'attend pas pour l'instant à ce que la Suisse entre en récession, a indiqué, jeudi, le ministre de l'Economie Guy Parmelin devant les médias. L'économie helvétique a prouvé à plusieurs reprises qu'elle est résiliente, ses stabilisateurs s'étant révélés efficaces, a-t-il souligné.
Les droits de douane de 31% imposés à la Suisse sont élevés, mais Guy Parmelin a salué l'exclusion des produits pharmaceutiques et de l'or, qui représentent plus de la moitié des exportations helvétiques vers les Etats-Unis. La charge sera toutefois importante pour les secteurs mécanique, horloger ou encore agroalimentaire. Le Vaudois a cité le café torréfié, le chocolat ou le fromage.
Les décisions américaines sont «difficilement compréhensibles», a poursuivi le conseiller fédéral. Les répercussions seront négatives dans les chaînes d'approvisionnement, et «in fine pour les consommateurs» américains.
Les décisions américaines sont également «contre-productives», a-t-il encore souligné. Et de rappeler que les entreprises suisses sont des investisseurs importants aux Etats-Unis, en première position dans le domaine de la recherche et 6e de manière générale. Cela permet de créer un demi-million de postes de travail aux Etats-Unis, selon lui.
Oui. La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin ont prévu de se rendre aux Etats-Unis du 20 au 23 avril. L'administration fédérale est déjà en contact et le restera jusque-là avec les autorités américaines.
Celles-ci ont fait savoir qu'elles étaient ouvertes à des accords avec les pays touchés pour réduire les droits de douane. Il s'agit de voir si un terrain d'entente peut être trouvé, selon Guy Parmelin. (jah/ats)