Comme on ne cesse de le rabâcher, le président des Etats-Unis n'est pas élu directement par le peuple. Celui qui entre à la Maison-Blanche est celui qui obtient la majorité des voix au sein du collège électoral, composé de grands électeurs - 538 au total. Ainsi, au cœur de la campagne électorale se trouve toujours un petit groupe d’Etats clés, disputés politiquement.
Cette fois-ci, ce groupe comprend sept Etats et les voix de 93 électeurs. Sans eux, Kamala Harris se trouve en tête des derniers pronostics de la plateforme électorale ABC «538» avec 226 voix contre 219. Elle aurait donc encore besoin de 44 voix dans les sept Etats clés pour être élue. Mais les pronostics donnent actuellement Donald Trump en tête dans cinq des Etats disputés.
Le «Grand Canyon State» n'est un Swing State que depuis peu. A l'exception de Bill Clinton en 1996, la victoire est revenue exclusivement aux républicains au cours des dernières décennies. En 2020, c'est à nouveau le candidat démocrate Joe Biden qui est arrivé en tête - de justesse, de nombreux électeurs du centre s'étant sentis offensés par le parti républicain local et ses opinions parfois extrêmes. Le fait que l'immigration soit le sujet de préoccupation numéro un dans cet Etat frontalier et que de nombreux indécis penchent actuellement du côté républicain en raison de l'inflation élevée plaide toutefois contre Kamala Harris.
Après six victoires consécutives des républicains, les démocrates ont réussi en 2020 à reconquérir pour la première fois l'Etat de Géorgie, le «Peach State». De justesse: Joe Biden n'avait que 11 779 voix d’avance sur son rival républicain, soit 0,2 point de pourcentage. Ce succès a été rendu possible en grande partie par le fort soutien de l'électorat noir, qui représente environ un tiers des votants dans cet Etat. Cependant, des sondages réalisés au printemps ont révélé que le 46e président avait perdu du terrain auprès des jeunes électeurs noirs au cours de son mandat, un déficit que Kamala Harris n’a pu combler que partiellement.
Le «Great Lakes State» a longtemps été un bastion démocrate en raison du grand nombre de constructeurs automobiles et d'ouvriers d'usine. Cependant, suite à la profonde crise de l'industrie automobile, cet électorat s'est tourné vers Donald Trump en 2016. Quatre ans plus tard, Joe Biden a remporté l'Etat de justesse. Kamala Harris devance également le républicain dans les sondages. Mais rien n'est encore joué: le grand facteur d'incertitude réside dans les nombreux électeurs d'origine arabe, très mécontents de la politique actuelle des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Depuis 1976, le «Silver State» a été remporté six fois de chaque côté, par les républicains comme par les démocrates. Récemment, les «dems» ont gagné quatre fois de suite. Dans cet Etat désertique, les questions économiques sont particulièrement cruciales en raison de la forte dépendance au tourisme. La reprise après la pandémie du Covid-19 est lente, et le taux de chômage reste parmi les plus élevés des Etats-Unis, ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur de Trump.
L'Etat de Caroline du Nord est traditionnellement conservateur. A l'exception de Jimmy Carter en 1976 et de Barack Obama en 2008, le «Tarheel State» a toujours voté pour le candidat républicain. Cependant, avec de nombreux nouveaux habitants et une forte proportion d'électeurs afro-américains, Kamala Harris et les démocrates espèrent créer la surprise. Sans oublier que le candidat républicain au poste de gouverneur, Mark Robinson, qui nie l'Holocauste et se décrit lui-même comme un «nazi noir», pourrait devenir un sérieux obstacle pour Trump.
La Pennsylvanie est le plus grand et le plus important des Etats clés. Le «Keystone State» penche généralement du côté des démocrates, mais les derniers sondages montrent une course extrêmement serrée. Kamala Harris doit obtenir un maximum de voix dans les zones urbaines autour de Philadelphie et de Pittsburgh, car Donald Trump devrait récolter de nombreux suffrages dans les zones rurales. C'est d'autant plus vrai depuis l'attentat contre l'ex-président à Butler à la mi-juillet.
Depuis 1988, le «Badger State» est presque toujours resté aux mains des démocrates. Il y a cependant eu une exception: en 2016, Donald Trump a remporté le Wisconsin, bien qu'il n'ait jamais été en tête dans les sondages. Quatre ans plus tard, toutefois, il a été battu avec seulement environ 20 000 voix d'écart. Actuellement, Kamala Harris semble être en bonne position pour gagner, notamment grâce aux voix que les démocrates ont pu recueillir dans les grandes agglomérations.
Traduit et adapté par Noëline Flippe