La marine américaine a donné un aperçu de son bateau-drone le plus moderne. «Triton», tel est le nom de cet engin d'à peine 4,5 mètres de long qui, de loin, ressemble à une planche à voile abandonnée. Mais le drone aurait des capacités étonnantes, comme le rapporte le Wall Street Journal.
Le «Triton» peut non seulement naviguer de manière totalement autonome à la surface de l'eau, mais il peut aussi se transformer en sous-marin en quelques instants. Pour ce faire, il déploie sa voile, remplit ses ballasts d'eau et plonge. Avec cinq caméras et différents capteurs, «Triton» est avant tout conçu comme un appareil d'espionnage. Mais sa coque accueille aussi des armes. L'entreprise de développement Ocean Aero ne précise toutefois pas de quel type d'armes, il s'agit.
Le bateau sera en mesure de transporter une charge totale de 34 kilos et de rester en mer pendant trois mois grâce à ses 740 panneaux solaires. Selon la marine américaine, le «Triton» peut être utilisé aussi bien de manière défensive, par exemple pour défendre un port, que pour attaquer des cibles ennemies. Le bateau n'apparaîtrait sur le radar ennemi qu'à une distance inférieure à 400 mètres et ne serait visible à l'œil nu qu'à une distance de 100 mètres au plus tôt en raison de sa peinture de camouflage.
La profondeur de plongée de 100 mètres permettrait également au bateau d'éviter d'être repéré. «Il peut t'observer, mais ne peut pas être trouvé s'il ne veut pas l'être», explique le chef d'entreprise Decker.
Grâce à son système de communication ultra moderne, «Triton» doit pouvoir réagir rapidement à de nouveaux ordres, même dans des régions isolées. L'objectif de la marine américaine est de disposer d'une flotte entière de «Tritons» qui agissent comme un essaim autonome grâce à l'intelligence artificielle. Le drone est développé sur la base navale américaine de Bahreïn, dans le golfe Persique, juste en face des côtes iraniennes - et ce n'est pas un hasard.
C'est par voie maritime que l'Iran fait passer de grandes quantités d'armes à des milices alliées comme les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban et le Hamas dans la bande de Gaza. La marine américaine lutte depuis des années contre le transfert illégal d'armes et espère que les «Tritons» lui permettront d'endiguer plus efficacement le régime de Téhéran.
Le moment choisi pour les révélations du Wall Street Journal devrait également constituer un signal pour l'Iran. Après l'attaque perpétrée par le Hamas en Israël, le risque de guerre s'est accru dans la région. La marine américaine a déployé deux unités de porte-avions en Méditerranée orientale afin de dissuader le Hezbollah libanais d'attaquer Israël.
En mer Rouge, un navire de guerre américain a intercepté au début du mois un missile tiré par les miliciens du Houthi en direction d'Israël. Avec la démonstration du «Triton» et de ses capacités, la marine américaine dit à l'Iran: nous voyons exactement ce que vous faites, alors restez en retrait.
L'armée ukrainienne travaille de manière nettement plus offensive avec ses embarcations sans pilote. En automne de l'année dernière, un bateau de la taille d'un canoë s'est échoué en Crimée, laissant alors planer le mystère. Quelques mois plus tard, l'Ukraine a attaqué la base navale russe de Sébastopol en Crimée avec des bateaux drones chargés d'explosifs, mais sans grand succès.
Durant l'été, les services secrets ukrainiens ont coulé le pétrolier russe «SiG» et peu après le navire de guerre «Olenegorsk Gornyak» à l'aide de drones aquatiques, et ce, à des centaines de kilomètres du territoire ukrainien.
Selon le SBU, l'attaque du pont de Kertch entre la Crimée et la Russie continentale en octobre 2022 a également été menée à l'aide d'un bateau drone. Il aurait transporté 850 kilos d'explosifs et aurait été dirigé vers sa cible sur une distance de près de 1000 kilomètres.
Depuis le raid russe de février 2022, Kiev consacre de gros efforts au développement de drones, des dizaines de projets différents, l'armée et les services secrets y participent. Les drones jouent aussi un rôle de plus en plus important dans les combats en Ukraine: ils surveillent chaque mouvement sur le champ de bataille, éclaircissent les cibles pour leur propre artillerie ou se jettent directement sur l'adversaire lors d'opérations kamikazes.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)