«Le Parlement européen se teint en brun», titrait, ce dimanche soir, Libération, lorsque les résultats des élections européennes confirmaient ce qui avait été largement annoncé ces dernières semaines: une forte poussée de l'extrême droite.
La France en sait quelque chose. Le Rassemblement national (RN) a récolté 31,4% des voix, contre seulement 14,5% pour le parti du président. Un revers qui a poussé ce dernier à dissoudre l'Assemblée nationale, à la surprise générale. Si l'on ajoute les 5,5% obtenus par Reconquête!, les formations d'extrême droite françaises ont cumulé près de 37% des suffrages.
Dissolution du Parlement mise à part, la situation en France ressemble de très près à celle de beaucoup d'autres pays du vieux continent. La poussée de l'extrême droite s'est concrétisée dans la plupart des Etats, comme on le voit dans la carte ci-dessous:
En Allemagne, l’Alternative für Deutschland (AfD) a terminé deuxième avec 15,6% des voix, derrière les conservateurs. Une première dans un scrutin national. Et ce, malgré les dérapages à répétition de sa tête de liste, Maximilian Krah, qui estimait que les personnes ayant porté l'uniforme des SS n'étaient pas «automatiquement des criminels».
En Italie, Fratelli d'Italia (FdI) confirme sa bonne forme avec 28,6% des voix. Le parti de Giorgia Meloni, qui ne totalisait que 6,4% des voix en 2019, réalise donc une ascension fulgurante et passe clairement en tête. La Ligue de Matteo Salvini a vécu le scénario opposé: de 34,3% il y a 5 ans, la formation dégringole à 8,8%. Cumulées, ces deux forces totalisent tout de même 37,4% des voix.
Même scénario en Autriche, où le Parti de la liberté (FPÖ) se classe désormais premier, avec 27% des voix. La formation, de plus en plus radicale, marque une progression de dix points de pourcentage par rapport à 2019, quand elle avait terminé troisième.
La Hongrie est le pays affichant le pourcentage le plus élevé: le Fidesz pro-russe du Premier ministre Viktor Orban a récolté 44,3% des suffrages. Il fait, pourtant, moins bien qu'en 2019, lorsqu'il avait raflé 52,6% des voix. Situation similaire en Pologne, où le PiS reste le premier parti du pays, tout en enregistrant une perte de près de dix points de pourcentage.
Malgré cette poussée générale, les représentants de l'extrême droite devraient siéger divisés à Strasbourg, prédit Libération. Ces partis se répartissent en deux groupes: les Conservateurs et réformistes européens (ECR) et Identité et Démocratie (ID), classé encore plus à droite et où siège notamment le Rassemblement national. De plus, des élus non affiliés aux tendances anti-immigration, eurosceptiques et pro-russes pourraient former un troisième groupe.