L'Association des maires de France (AMF) a invité la population à «une mobilisation civique des citoyens pour un retour à l'ordre républicain», quelques heures après une violente attaque à la voiture-bélier qui a visé dans la nuit de samedi à dimanche le domicile d'un maire de la région parisienne, causant l'indignation générale.
Lundi à midi, toutes les mairies de France ont fait sonner leurs sirènes, selon le voeu de l'AMF. L'association a mis l'accent sur «les troubles graves» qui, depuis le 27 juin, «partout en France», «ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales».
«Le temps est à l'apaisement», a insisté le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) devant une centaine d'habitants et d'employés de la mairie, soulignant qu'il fallait «rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère», qu'il «remercie profondément».
Après cinq nuit de heurts entre jeunes et forces de l'ordre, de destructions de voitures ou de bâtiments publics et de pillages de commerces sur tout le territoire, la grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au calme aux émeutiers.
Après cinq nuits de violences urbaines, entamées le soir du 27 juin, jour de la mort de Nahel, tué d'un tir à bout portant lors d'un contrôle routier, un retour au calme s'est esquissé. Les forces de l'ordre ont interpellé 157 personnes dans la nuit de dimanche à lundi, contre plus de 400 lors de la précédente, selon le ministère de l'Intérieur. Aucun incident majeur n'a été signalé.
Le ministère de l'Intérieur a fait état de trois blessés parmi les forces de l'ordre, a recensé 352 incendies sur la voie publique ainsi que 297 incendies de véhicules. Un poste de police et une caserne de gendarmerie ont été visés.
Après la violente attaque du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (au sud de Paris) Vincent Jeanbrun, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré aux maires que le gouvernement ne «laissera(it) passer aucune violence» et que «la plus grande fermeté» serait appliquée dans les sanctions.
Le président français Emmanuel Macron, qui a annulé ce week-end une visite en Allemagne, doit recevoir les présidents des deux chambres du Parlement lundi, puis les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences mardi. Le chef de l'Etat souhaite, en outre, «débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements», selon ses services.
Des responsables politiques ont dit craindre qu'«un cap» ait été «franchi» avec l'irruption d'une voiture-bélier chargée de produits incendiaires dans l'enceinte du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses. La justice a ouvert une enquête pour «tentative d'assassinat».
Pour Vincent Jeanbrun, «il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison». Quand «ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, loin d'arrêter, au contraire, ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d'artifice qui était complètement folle», a-t-il raconté à la chaîne de télévision TF1.
Scrutée à l'étranger, cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires rappellent les émeutes qui ont secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police et électrocutés après s'être cachés dans un transformateur électrique. En trois semaines, 10 000 véhicules avaient été détruits, plus de 200 bâtiments publics incendiés et quelque 5200 personnes interpellées. (mbr/ats)