L'accusé, Olivier de Scitivaux de Greische, 64 ans, a été reconnu «coupable de l'ensemble des faits de viols et agressions sexuelles aggravées», a déclaré la cour. Elle a annoncé une période de sûreté de 10 ans qui va au-delà des réquisitions de l'avocat général.
La veille, devant une salle interdite et suspendue à ses paroles, l'ancien prêtre - renvoyé à l'état laïc à sa demande - a «reconnu tout sans réserve».
Suivant les réquisitions, la cour a également condamné l'accusé à un «suivi socio-judiciaire», «une injonction de soins», «l'interdiction d'exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs», entre autres.
Dans un rare exercice de confessions vendredi, l'accusé a également avoué, pour la première fois, des viols et agressions sexuelles sur deux autres victimes dès 1982 - des faits qui n'ont pu être jugés en raison de la prescription.
Samedi matin, son conseil, Me Damien Brossier, a appelé la cour à la mansuétude soulignant que son client «n'est plus un danger», et qu'«on ne peut pas être condamné à 64 ans comme à 37 ans, l'âge est passé, l'usure est passée et du temps s'est écoulé sans infraction» depuis les faits condamnés.
Les faits jugés remontent aux années 1990 et 2000 lorsque Olivier de Scitivaux de Greische, ordonné prêtre en 1989, se lie aux parents de ses victimes, une fratrie de trois, s'invitant régulièrement à leur table, restant dormir dans la chambre de l'aîné, qui sera agressé et violé dès ses 9 ans.
«La gangrène, c'est Olivier de Scitivaux parce qu'il s'est introduit partout dans la famille», a dénoncé l'avocate d'une des victimes, Me Clémence Lemarchand.
A leur domicile, pendant que les parents dorment au rez-de-chaussée, dans les demeures somptueuses de la famille Scitivaux, l'hiver au chalet à Abondance (Haute-Savoie) ou l'été en colonie de vacances à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor), celui qui avait à l'époque 22 à 25 ans de plus que les victimes (âgées de 7 à 9 ans) va leur infliger des violences.
Devant une salle d'audience comble, dans laquelle de nombreux responsables de l'Eglise catholique et paroissiens ont pris place depuis mardi, les trois frères et un ami ont raconté à tour de rôle, avec minutie et pudeur, les sévices qu'ils recevaient chacun leur tour, sans savoir que les autres étaient également victimes.
«Regardez bien ses mains», a invectivé le cadet de la fratrie, «ce sont dans ses mains que j'ai éjaculé la première fois, ce sont ses mains qui donnent l'eucharistie».
Le benjamin a lui raconté, devant une cour interdite, ces quelques mois où il «y passait toutes les semaines, tous les jours, tous les soirs», «le moment où il a utilisé des outils sur mon corps» ou lorsqu'«il m'a rasé».
Les faits se sont produits jusqu'au début des années 2000. Pourtant, les premières alertes sont émises par des animateurs et familles auprès du diocèse dès les années 80, des familles ou des animatrices de l'aumônerie en 1998. En vain.
L'Eglise catholique est depuis des années secouée par des scandales de pédocriminalité dans le monde entier, et régulièrement accusée de fermer les yeux sur eux et d'ignorer les victimes. En France, un rapport rendu en octobre 2021 estime qu'en 70 ans, environ 330 000 personnes ont été agressées au sein de l'Eglise lorsqu'elles étaient mineures. (lal/ats)