Le ministre israélien des Finances, d'extrême droite, a appelé jeudi à accélérer un projet clé de construction de 3400 logements en Cisjordanie occupée et demandé à Benjamin Netanyahu d'annexer le territoire palestinien, en riposte aux annonces de plusieurs pays de reconnaître l'Etat de Palestine. L'ONU et l'Union européenne ont appelé Israël à ne pas appliquer ce projet, baptisé E1, qui selon ses détracteurs couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien disposant d'une continuité territoriale.
A Berlin, soutien historique d'Israël, le ministère des Affaires étrangères a dit s'opposer «fermement» à la poursuite par Israël de son projet en Cisjordanie occupée. «La construction de colonies viole le droit international», les résolutions «du Conseil de sécurité des Nations unies» et «complique une solution négociée à deux États», souligne la diplomatie allemande.
«Ceux qui veulent aujourd'hui reconnaître un Etat palestinien recevront une réponse de notre part sur le terrain.(...) Par des faits concrets: des maisons, des quartiers, des routes et des familles juives qui construisent leur vie», a déclaré Bezalel Smotrich.
«En ce jour important, j'appelle le premier ministre Benjamin Netanyahu à appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie, à abandonner définitivement l'idée d'une partition du pays et à faire en sorte que d'ici septembre, les dirigeants hypocrites européens n'aient plus rien à reconnaître», a lancé Smotrich.
Smotrich faisait référence au nom biblique de la Cisjordanie utilisé par les Israéliens. Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967. Quelque trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés d'environ 500 000 Israéliens installés dans des colonies, illégales au regard du droit international.
Il s'exprimait lors d'un événement organisé localement, dans la colonie de Maalé Adoumim, à l'est de Jérusalem, pour faire le point sur l'avancée du projet E1, un développement de cette colonie.
Le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a «condamné fermement» ce projet et «appelé à une intervention internationale et des sanctions pour arrêter leur mise en oeuvre». «La construction coloniale dans la zone E1 est une continuation des plans d'occupation visant à anéantir toute possibilité de réaliser l'Etat palestinien sur son territoire», a dénoncé l'Autorité palestinienne.
L'ONG israélienne anti-colonisation La Paix maintenant a dénoncé jeudi ce «plan» prévu par les autorités, le qualifiant de «fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux Etats». Selon l'ONG, l'accord final du plan sera discuté mercredi prochain par un comité technique dépendant du ministère de la Défense et, après toutes les étapes bureaucratiques, «pourrait être mis en place d'ici quelques mois avec des constructions dans un an environ». L'ONG affirme que ce comité a déjà rejeté toutes les objections légales au projet.
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a averti que ce projet, «s'il se concrétisait» «mettrait fin aux perspectives d'une solution à deux Etats» et couperait le nord du sud de la Cisjordanie. «La décision des autorités israéliennes de faire avancer le plan de colonisation E1 sape davantage la solution à deux Etats tout en constituant une violation du droit international», a déclaré pour sa part la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Face à la poursuite de l'offensive israélienne et du désastre humanitaire à Gaza, ravagée par plus de 22 mois de guerre, plusieurs pays occidentaux dont la France, le Royaume-Uni et le Canada ont dit envisager de reconnaître un Etat de Palestine, à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.
Mais une telle reconnaissance sera largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers ambitionnent de l'établir sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza avec comme capitale Jérusalem-Est, annexé par Israël. (jzs/ats)