Le premier ministre français a évoqué lundi «une épreuve de vérité» dans un discours sur l'urgence à résorber la dette avant un vote de confiance au Parlement, qui devrait voir son gouvernement être renversé et faire replonger la France dans une nouvelle période d'incertitude politique.
«Cette épreuve de vérité comme chef du gouvernement, avec l'assentiment du président de la République, je l'ai voulue», a déclaré François Bayrou devant l'Assemblée nationale, affirmant que le «pronostic vital» du pays était «engagé» en raison de son «surendettement».
«Certains d'entre vous, les plus nombreux, les plus sensés probablement, ont pensé que c'était déraisonnable, que c'était un trop grand risque». Mais il s'est justifié: «Le plus grand risque était de ne pas en prendre, de laisser continuer les choses sans que rien ne change, de faire de la politique comme d'habitude.» Car face à l'endettement:
Sauf coup de théâtre, le Béarnais, nommé en décembre 2024 au terme d'une épreuve de force avec Emmanuel Macron, va devenir lundi le premier chef de gouvernement de la Ve République à tomber sur un vote de confiance. Moins d'un an après le renversement de Michel Barnier par une motion de censure.
Face aux vetos annoncés de la gauche et de l'extrême droite, le centriste sait que son bail à Matignon est terminé. Il a invité ses ministres à "un moment convivial" rue de Varenne dans la soirée, d'après son entourage. Le maire de Pau a refusé de faire des concessions, provoquant sa chute avant même l'examen du budget, exercice sur lequel son prédécesseur Michel Barnier (LR) s'était déjà cassé les dents.
Tous les regards sont tournés vers Emmanuel Macron, de nouveau à la recherche d'un Premier ministre, le troisième depuis qu'aucune majorité ne s'est dégagée à l'Assemblée nationale après la dissolution, en juin 2024.
Après le président du Sénat Gérard Larcher vendredi, il a reçu lundi matin la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. La dissolution de l'Assemblée n'a pas été évoquée lors de ces entretiens, selon des sources parlementaires.
Les tractations pour le remplacer sont déjà bien entamées, dans la perspective de l'impératif du budget 2026. Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte: les mobilisations «Bloquons tout» le 10 septembre, syndicale le 18, ou encore la décision vendredi de l'agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.
Dans la course au successeur, le PS s'est placé au centre du jeu, Olivier Faure se déclarant «prêt» pour Matignon. Mais si Emmanuel Macron a demandé aux chefs du camp gouvernemental de «travailler» avec les socialistes, peu dans son entourage pensent qu'il nommera le premier secrétaire du Parti socialiste, qui rejette l'idée d'un gouvernement «commun» avec des macronistes.
Et le patron des Républicains Bruno Retailleau a prévenu: «hors de question» d'accepter un premier ministre socialiste. Plus probable donc: la négociation d'un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre.
«Il faut de la stabilité. Et le plus stable, c'est le socle commun qui dialogue avec les socialistes», estime un proche du président. Le Rassemblement national pousse lui pour de nouvelles législatives anticipées, qu'il dit cette fois pouvoir gagner. (jah/avec afp)