«A situation exceptionnelle, peines requises exceptionnelles»: en comparution immédiate lundi au tribunal de Strasbourg, le parquet a requis des sanctions conséquentes à l'égard de plusieurs personnes ayant pris part aux attroupements qui ont dégénéré en pillages dans des magasins du centre-ville, vendredi dernier.
Ils s'appellent Steve, Johanna, Rayane ou Adrien. Tous étaient présents dans la capitale alsacienne lorsque des pillards s'en sont pris à un magasin Zara, une boutique Lacoste ou à l'Apple Store. Interpellés dans la foulée, ils comparaissent après deux nuits en garde à vue et une nuit en détention provisoire.
Steve, 37 ans, est chauffeur-livreur. Il est poursuivi pour vol. Sa concubine, Johanna, 29 ans, vendeuse sur une aire d'autoroute, est à ses côtés dans le box vitré. Elle répond de complicité de vol. Vendredi dernier, le couple était venu se balader en centre-ville. Steve a ramassé des vêtements neufs qu'un pillard avait abandonnés sur la chaussée. Il en a distribué à Johanna et à sa fille, ainsi qu'à des passants.
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a réclamé une réponse «rapide, ferme et systématique» après les émeutes consécutives à la mort de Nahel. Le tribunal suit les réquisitions du parquet. Steve repart donc en détention pour six mois, sa compagne portera un bracelet électronique jusqu'à l'automne.
Dossier suivant. Adrien a 19 ans, il reconnaît avoir fait une «grosse connerie» en renvoyant vers les policiers un palet de gaz lacrymogène projeté par les forces de l'ordre. Il s'est légèrement brulé à la main au passage.
«Il fait partie des émeutiers», soutient le procureur. «Quand on lance un projectile, on prend le risque de blesser grièvement. Socialement, ce comportement n'est pas acceptable».
Relaxé des faits d'attroupement avec arme, le jeune homme est condamné pour violence à douze mois de prison, dont quatre ferme.
Rayane, 26 ans, est quant à lui entré dans le magasin Zara. Il en est ressorti «avec un gros paquet de vêtements sous le bras», vidéosurveillance à l'appui. Le prévenu souligne quand même qu'il n'a commis aucune dégradation. «C'était un vol opportuniste: c'était cassé, j'ai pas réfléchi, je suis entré». Compte tenu de ses dix mentions au casier, le procureur requiert 10 mois ferme, «pour prévenir le renouvellement des faits» (ag/ats)