Le dénouement approche dans la quête d'un 1ᵉʳ ministre en France. Emmanuel Macron reçoit lundi Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, dont les noms sont cités pour Matignon, pour dénicher une personnalité qui ne soit pas aussitôt censurée par une majorité de députés.
Les élections ont en effet conduit à une Assemblée nationale sans majorité.
Macron a affirmé, jeudi, mener «tous les efforts» dans sa recherche d'un nouveau premier ministre pour «aboutir à la meilleure solution pour le pays». Dans une France profondément divisée, le gouvernement démissionnaire continue de gérer les affaires courantes.
Reçu en premier lundi, l'ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve fait figure de favori même si rien n'est acté. Il est arrivé à 8h45 à L'Elysée. Son entourage a expliqué dimanche:
Emmanuel Macron, qui pourrait procéder à cette nomination mardi, a récemment écarté la candidature de la haute-fonctionnaire Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (NFP), alliance de gauche arrivée en tête des législatives, en arguant du risque de censure immédiate à l'Assemblée nationale.
Le président français veut aussi que le bloc central fasse partie de la future majorité.
Bernard Cazeneuve, 61 ans, était ministre de l'Intérieur au moment des sanglants attentats jihadistes de 2015, puis premier ministre des derniers mois du quinquennat (2012-2017) du président socialiste François Hollande.
Il a quitté le Parti socialiste (PS) en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec le principal parti de gauche radicale LFI, au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Le NFP est aujourd'hui composé de LFI, du PS et des Ecologistes.
Cela pourrait lui valoir d'être soutenu par le bloc central tout en échappant à la censure de la droite et de l'extrême droite. Mais son arrivée à Matignon pourrait diviser les socialistes. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, a estimé:
François Hollande, qui doit être reçu à 11 heures à l'Elysée, ne devrait pas dissuader Emmanuel Macron de nommer Bernard Cazeneuve au contraire de l'ancien président (2007-2012) de droite Nicolas Sarkozy, attendu à 12h15.
Ce dernier souhaite un «premier ministre de droite» et juge que l'ancien ministre Xavier Bertrand, 59 ans, serait «un bon choix». Président du parti de droite Les Républicains et d'une région du nord de la France, Bertrand, qui succèdera à Sarkozy dans le bureau d'Emmanuel Macron, n'a pas caché que la fonction l'intéresserait.
Mais il n'a pas l'appui des dirigeants de son parti qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Le RN, parti d'extrême droite, troisième bloc à l'Assemblée derrière la gauche et les macronistes, pourrait de son côté ne pas censurer immédiatement un nouveau premier ministre, a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy. Mais il le ferait «sans doute» au moment du budget, a-t-il ajouté.
Et encore faut-il aussi qu'Emmanuel Macron et son futur premier ministre s'accordent sur les modalités de leur entente.
La réforme impopulaire sur la retraite à 64 ans fera notamment partie des sujets délicats à aborder alors que le président français redoute de voir détricoter son bilan.
Le temps presse pour un nouveau gouvernement, car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1ᵉʳ octobre au plus tard. (jah/ats)