C'est l'actualité politique qui agite l'Hexagone en ce moment. La première ministre Elisabeth Borne a annoncé, mardi 10 janvier, lors d'une allocution télévisée, la nouvelle réforme de retraite du gouvernement français.
Une promesse cruciale du second mandat d'Emmanuel Macron qui vise à pallier un système déficitaire sur deux décennies. Or celle-ci suscite l'inquiétude auprès de l'opinion publique et la grogne de la gauche radicale et l'extrême droite. Explications.
La France, comme de nombreux pays d'Europe dont la Suisse, est en proie au vieillissement de sa population et donc à la dégradation financière des caisses de pension. Comme l'explique le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR):
Un déficit qui risquerait de mettre en péril le système de retraite «sur les 25 prochaines années». La réforme des retraites permettrait ainsi d'améliorer le solde du régime de 18 à 19 milliards d'euros à l'horizon 2030, argue la première ministre Elisabeth Borne.
Selon le gouvernement français, l'âge légal de retraite qui est actuellement de 62 ans en France sera repoussé à 64 ans (voire 65, si l'ont se tient exactement à la promesse électorale du chef de l’Etat). Ce prolongement sera mis en place progressivement, quatre mois par an, jusqu’en 2030.
La réforme des retraites prévoit également d'accélérer l'allongement de durée de cotisations de 2027 au lieu de 2035. Il faudra ainsi travailler – et donc cotiser – durant 43 ans afin de percevoir une pension à taux plein.
La réforme française des retraites concerne tant les salariés du public, du privé ainsi que les indépendants nés à partir du 1er juillet 1961.
Le projet de réforme des retraites est loin de convaincre les Français. Selon un sondage d'Ifop-Fiducial, 68% d'entre eux sont défavorables au report de la retraite à 64 ou 65 ans.
Pour l’opinion publique, cette réforme pourrait plus particulièrement frapper les salariés ayant commencé à travailler tôt, les plus précaires dont l'espérance de vie est inférieure au reste de la population, et également ceux dont la pénibilité des métiers ne serait pas reconnue.
D'autant que la priorité ne devrait pas être mise sur les retraites, mais sur le pouvoir d’achat des Français affectés par l'inflation ou sur les services hospitaliers à la peine, alertent certains sur les réseaux sociaux.
Quand je vois le pognon de dingue qu’on me pompe pour des garanties à la baisse (chômage, retraite) & les services publiques au bord du naufrage (Hôpital, EN).
— Sabrina Sirwen (@SabrinaSirwen) January 11, 2023
L’incompétence de Jupiter et sa cour avec notre argent, ça commence à me les briser.
#ReformesDesRetraites
La #ReformesDesRetraites présentée par Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 vise, une fois encore, à baisser les pensions et à obliger les salarié-es et les fonctionnaires à travailler plus longtemps.
— udcgt63 (@udcgt63) January 11, 2023
Toutes et tous en grève le 19 janvier !
Lire la suite : https://t.co/aQ40Zyvndk pic.twitter.com/Z3uflX8SDr
Alors que la majorité de la population refuse de se plier à cette réforme, il en va de même pour la gauche radicale et le Rassemblement national (RN): La France insoumise a en effet dénoncé une «grave régression sociale» tandis que l'ancienne présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, a réagi en dénonçant «une «réforme injuste».
Les huit principaux syndicats ont appelé à une première journée de manifestation et de grèves le jeudi 19 janvier. On peut donc s'attendre à des perturbations considérables.
Dans l'attente, des voix se sont dernièrement portées pour la mise en place d'un référendum. Une proposition qui a notamment été revendiquée par le député français et anciennement membre du RN Nicolas Dupont-Aignan.
Pour bloquer la réforme mortifère des retraites de Macron, c’est au peuple français de trancher par référendum !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) January 10, 2023
Je propose un référendum d’initiative partagée, préservant la retraite à 62 ans. Pour être adopté, il doit être signé par 185 parlementaires et 10% du corps électoral.
En Suisse, l'âge de départ à la retraite est fixé à 65 ans. Une condition qui ne concernait que les hommes du pays, mais qui depuis la récente votation de la réforme de l'AVS vise également les femmes qui pouvaient auparavant partir à la retraite dès 64 ans.
De nombreux pays européens ont également calculé une retraite au minimum à 65 voire 67 ans. La France est, en effet, l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite soient, toutefois, complètement comparables.
D'après le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale, un organisme public français, en Belgique, en Espagne, et en Allemagne, celui-ci est établi à 65 ans. Au Danemark, cet âge légal monte à 67 ans.
Le texte sera examiné en Conseil des ministres le 23 janvier. Le projet de loi doit passer en commission à l'Assemblée nationale à partir du 30 janvier, et dans l'hémicycle le 6 février.
Au Parlement, le gouvernement d'Emmanuel Macron, qui ne dispose pas de la majorité, espère rallier la droite modérée Les Républicains-LR. (mndl)