Ce moment pourrait entrer dans l'Histoire
Mercredi, Donald Trump a réuni plusieurs membres de son cabinet ainsi que journalistes et influenceurs conservateurs dans la Blue Room de la Maison-Blanche pour une discussion sur le «mouvement» Antifa.
En pleine séance, le président américain a été soudainement interrompu par Marco Rubio. Le Secrétaire d’Etat lui a remis un billet et lui a murmuré quelques mots à l’oreille.
Voici la scène:
Trump a ensuite déclaré devant l’assemblée qu’un accord à Gaza était «très proche», qu’il faudrait le conclure «très vite» et qu’il ne pourrait donc répondre qu’à quelques questions supplémentaires.
Sur Internet, plusieurs photos circulent désormais, montrant ce qui était écrit sur le billet. Il semble que Rubio ait voulu que Trump valide une publication sur son réseau social Truth Social afin qu’il puisse annoncer la nouvelle en premier.
La note disait:
Tous les otages seront libérés
Peu après, un post est effectivement apparu sur Truth Social. Trump y écrit être «très fier» d’annoncer la première phase de l’accord, qui prévoit que «TOUS les otages seront très bientôt libérés».
Il ajoute qu’Israël retirerait ses troupes jusqu’à une ligne convenue, première étape vers «une paix forte, durable et éternelle».
Au-delà de cette mise en scène devant les journalistes, les efforts de Trump, l'autoproclamé «faiseur de paix» en chef, se sont joués en coulisses.
En quête d'un improbable prix Nobel de la paix, désireux de marquer l'histoire, Trump n'a pas signé un chèque en blanc à son allié israélien. Lorsqu'il a accueilli Netanyahu à la Maison-Blanche le 29 septembre pour dévoiler son plan de paix en 20 points, le président américain a certes semblé le soutenir sans détour, assurant qu'Israël aurait son «plein soutien pour terminer le travail» et détruire le Hamas, si le groupe palestinien refusait son plan.
Mais, en privé, Trump a mis son allié sous pression. A commencer par le plan présenté à Netanyahu, rédigé après des consultations approfondies avec des dirigeants arabes et musulmans aux Nations unies, la semaine précédente. Lorsque le responsable israélien a été confronté au projet, il a découvert qu'il contenait des points clés qu'il avait juré de ne pas accepter. Notamment la création d'un Etat palestinien.
Unité arabe sur l'attaque au Qatar
Trump était également furieux de l'attaque d'Israël sur le Qatar, allié des Etats-Unis, alors que les négociations atteignaient un stade crucial. Il a utilisé l'unité arabe contre ces bombardements pour tous les amener à accepter son plan. Et il a ensuite pris Netanyahou par surprise, le faisant appeler le dirigeant du Qatar depuis le Bureau Ovale pour présenter à Doha ses excuses.
Trump a même tenu le combiné pour Netanyahu pendant que le leader israélien lisait sur un morceau de papier, comme le montre une photo publiée par la Maison Blanche. Selon le média Politico un haut responsable qatari était dans la pièce pendant l'appel, afin de s'assurer que Netanyahu respectait le script. Trump a ensuite signé un décret donnant au Qatar des garanties de sécurité américaines. Un changement qui reflète les liens étroits que Trump a cultivés avec les Etats arabes pendant ses deux présidences.
Trump a dans le même temps intensifié la pression sur le Hamas, lui donnant jusqu'au 5 octobre pour conclure un accord. Ou faire face à «un enfer total». Le Hamas a répondu astucieusement, en jouant sur l'engagement répété du président de libérer tous les otages israéliens détenus à Gaza.
Trump a, à cet effet, rencontré à plusieurs reprises des proches des otages à la Maison Blanche. Désormais, l'annonce de leur libération prochaine apparaît déjà comme une victoire. Sa victoire:
Il a ensuite publié un message vidéo. Et dans une démarche sans précédent pour un président des Etats-Unis, il a republié la déclaration du Hamas, que Washington considère pourtant comme une organisation terroriste.
D’après des sources au sein du gouvernement étasunien, l’accord entre Israël et le Hamas issu des négociations pour mettre fin à la guerre de Gaza devait être soumis ce jeudi au cabinet israélien pour approbation:
Une fois validé, les troupes israéliennes devraient se retireraient de la bande de Gaza dans un délai de 24 heures, vers une ligne déterminée à l'avance, a précisé un haut responsable de la Maison-Blanche. Ensuite, le Hamas disposera de 72 heures pour libérer les derniers otages, selon la même source.
Des sources ayant connaissance du dossier ont indiqué que l'accord sur la première phase du plan serait signé dès jeudi en Egypte. Et quelques heures après l'annonce de l'accord, la Défense civile de Gaza a fait état de plusieurs frappes israéliennes sur le territoire, notamment dans le nord de Gaza. (lzo/hun/afp)
Traduit de l'allemand par Joel Espi