International
Analyse

Comment Israël a radicalement changé le Moyen-Orient

Après avoir humilié ses adversaires, Israël fait face à un «tsunami»

Cette semaine marque le deuxième anniversaire de l'attaque du Hamas en Israël. Depuis le 7 octobre 2023, rien n'est plus comme avant au Proche-Orient.
06.10.2025, 12:1606.10.2025, 12:16
Thomas Seibert, Istanbul / ch media

En deux ans, la guerre à Gaza a bouleversé le Proche-Orient plus que tous les conflits des deux dernières décennies. Israël est devenu plus puissant que jamais sur le plan militaire et stratégique, tandis que son ennemi juré, l'Iran, a été humilié et affaibli. Pourtant, tout ne se passe pas comme Israël et son partenaire américain le souhaiteraient dans la région.

Avant la prise d'otages perpétrées par le Hamas, malgré de nombreuses crises, combats et guerres, un certain équilibre régnait entre Israël et les Etats-Unis d'un côté, et l'Iran et ses alliés tels que le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban de l'autre. Dans ce contexte, le Qatar soutenait financièrement le Hamas, avec l'accord de Tel-Aviv. Le gouvernement israélien espérait qu'une fois riches, les dirigeants du Hamas perdraient l'envie de combattre.

Mais Israël s'est trompé, comme l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 l'a prouvé. Et depuis, la guerre fait rage. Plus de 60 000 personnes ont perdu la vie, la bande de Gaza est dévastée:

«Les principales victimes sont les civils, qui ont payé le prix fort avec des dizaines de milliers de morts, des générations traumatisées et une région détruite.»
Kristof Kleemann.

Kristof Kleemann dirige le bureau régional de la Fondation libérale Friedrich-Naumann et observe la situation depuis des années.

Israël a riposté non seulement à Gaza, mais dans tout le Proche-Orient. Des avions, des drones et des missiles israéliens ont frappé au Liban, en Iran, en Syrie, au Yémen et même, plus récemment, au Qatar. A la supériorité militaire d'Israël s'est ajoutée celle de son service secret extérieur, le Mossad. Ses agents ont fait exploser des mini-bombes dans des milliers de bipeurs de civils et membres du Hezbollah au Liban. Ils ont aussi tué l'ancien chef du Hamas, Ismail Haniya, dans la capitale iranienne, Téhéran.

Les adversaires d'Israël durablement affaiblis

Ces offensives ont bouleversé l'équilibre des pouvoirs. L'Iran a perdu la plupart de ses missiles balistiques et doit faire face à un recul de plusieurs années dans son programme nucléaire, selon Simon Waldman, expert du Proche-Orient au King's College de Londres. Le Hezbollah, autrefois l'arme iranienne la plus importante dans la lutte contre Israël, est «détruit, ses dirigeants sont morts».

Simon Waldman estime encore qu'après deux ans de conflit, le Hamas est si affaibli sur le plan militaire qu'il ne retrouvera probablement jamais sa force de frappe d'avant le 7 octobre. Les Houthis au Yémen, également soutenus par l'Iran, continuent certes d'attaquer Israël à coups de missiles, mais le spécialiste relativise:

«Leur éloignement les empêche de représenter une réelle menace»

Pour l'Iran, les deux années écoulées ont été une véritable catastrophe. L'«axe de la résistance», comme Téhéran nomme son réseau d'alliés contre Israël, est en ruines, estime Arash Azizi, spécialiste de l'Iran à l'université de Boston. Selon lui, «Téhéran se sent impuissante face à Israël et aux Etats-Unis».

Mais Israël ne célèbre pas non plus une victoire totale:

«Le pays a remporté des succès militaires à court terme, mais se retrouve aujourd'hui dans une impasse politique et diplomatique. Une partie de l'Occident et du Sud global lui tournent le dos».
Kristof Kleemann, de la Fondation Friedrich Naumann

De plus en plus d'Etats occidentaux reconnaissent la Palestine. Lorsque le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou s'est présenté à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, de nombreuses délégations ont quitté la salle en signe de protestation.

Pour l'instant, il semble qu'Israël survivra à ce «tsunami diplomatique», estime le spécialiste du King's College. Les accords de paix conclus entre Israël et les Etats arabes restent en vigueur et les relations avec l'Europe pourraient également s'améliorer, selon lui. L'UE pourrait ainsi solliciter Israël pour lui fournir des systèmes ultramodernes dans le cadre du réarmement européen.

Les Arabes cherchent de nouveaux partenaires

Kristof Kleemann voit néanmoins des risques pour Israël:

«On le perçoit de moins en moins comme un partenaire indispensable, mais plutôt comme un obstacle au processus de paix.
Si le gouvernement Netanyahou poursuit sa stratégie d'escalade, le pays risque de passer du statut de meneur à celui de figurant, mettant ainsi en péril sa propre sécurité à long terme.»

Les relations entre la région et les Etats-Unis ont également changé. Les présidents Joe Biden et Donald Trump se sont pleinement rangés du côté d'Israël. Lorsque Trump a autorisé l'attaque contre le Qatar en septembre, les Etats arabes ont ouvertement commencé à chercher de nouveaux partenaires. L'Arabie saoudite a conclu un pacte de défense avec le Pakistan, puissance nucléaire islamique.

Trump tente désormais de réparer la casse. Il a contraint Netanyahou à présenter ses excuses au Qatar et a promis aux dirigeants de Doha que Washington se sentirait désormais directement visée par toute nouvelle offensive contre le Qatar. D'autres Etats arabes pourraient également revendiquer cette promesse de protection - comparable à celle de l'Otan. Les Etats-Unis pourraient ainsi se retrouvés encore plus impliqués à l'avenir dans les conflits au Proche-Orient.

Adaptation en français par Valentine Zenker

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