A moins de trois semaines de la deuxième phase, le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza menace de voler en éclats. Le président américain Donald Trump a fixé un ultimatum au Hamas lundi soir: si tous les otages ne sont pas libérés d'ici samedi prochain à 12 heures, la trêve prendra fin et «l'enfer se déchaînera».
Auparavant, le Hamas avait de son côté menacé de suspendre d'autres libérations et avait invoqué des violations présumées de la trêve par Israël. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz avait placé l'armée en état d'alerte.
Il faut rappeler que l'enjeu est énorme: en cas de viol du cessez-le-feu, les combats et les souffrances risquent de se poursuivre, mais cette fois avec la perspective d'une expulsion de deux millions d'habitants palestiniens. C'est ce que les dirigeants américains et israéliens proposent depuis plusieurs jours.
Lundi soir, le Hamas a assuré sur Telegram que la porte restait «ouverte» pour une nouvelle libération d'otages samedi. Il estime que les médiateurs ont eu le temps de «pousser Israël à remplir ses obligations». Mais qu'est-ce qu'Israël et le Hamas se reprochent au juste? Et pourquoi les deux parties mettent-elles en péril le cessez-le-feu maintenant?
Selon le Hamas, Israël aurait retardé le retour des Palestiniens dans le nord, continué à mener des offensives aériennes et au sol meurtrières et retardé la livraison de l'aide humanitaire dans la bande côtière.
Israël reproche quant à elle à son ennemi de ne pas avoir transmis à temps les listes d'otages et d'instrumentaliser leurs libérations à des fins de propagande. Les personnes enlevées ont en effet parfois dû remercier publiquement leurs ravisseurs. La présence des combattants du Hamas dans les rues prouve aussi, pour de nombreux Israéliens, que le groupe constitue encore et toujours une menace. De plus, le mauvais état de santé des trois hommes relâchés samedi dernier a choqué bon nombre d'Israéliens.
Le cessez-le-feu a malgré tout tenu bon: jusqu'à présent, 21 otages ont retrouvé la liberté, ainsi que 566 prisonniers palestiniens. Selon les sondages, environ 70% des Israéliens sont favorables à la poursuite de la trêve. De son côté, le Hamas vend cet accord comme une victoire. Mais il pourrait désormais échouer. Dans les médias israéliens, des commentateurs expriment leur crainte que le Hamas retienne les prochains otages, car ils pourraient se trouver dans un état encore pire que celui des trois dernières personnes remises au CICR.
D'autre part, le gouvernement israélien avait déjà hésité la semaine dernière à poursuivre les discussions selon le calendrier établi: jusqu'à présent, seule une délégation a été envoyée à Doha, sans mandat pour négocier. Le Hamas insiste sur l'arrêt définitif des combats lors de la deuxième phase. Netanyahou et plusieurs de ses ministres s'y opposent.
Mais la semaine passée risque fort d'avoir changé la donne pour la coalition israélienne, au sein de laquelle beaucoup se prononcent ouvertement en faveur d'une occupation de Gaza. Trump persiste dans son projet d'expulser la population de la bande de Gaza sans droit au retour.
Mardi, le sujet était à l'ordre du jour d'une rencontre entre le président américain et le roi de Jordanie à la Maison-Blanche. Le roi Abdullah a promis qu'il accueillerait 2000 enfants gazaouis malades. Concernant le plan de Trump, qu'Abdullah a jusqu'à présent fermement rejeté - comme tous les Etats arabes - le souverain a déclaré:
Benjamin Netanyahou a salué le projet du dirigeant américain lundi devant le Parlement et a parlé d'une «vision révolutionnaire». Il veut cependant autoriser le retour des Palestiniens «déradicalisés». L'idée devrait difficilement convaincre à Gaza: la majorité d'entre eux sont des descendants de personnes expulsées de l'actuel Israël en 1948. Trump a récemment exclu tout retour. Le porte-parole du Hamas, Hazem Qasem a déclaré à la chaîne de télévision saoudienne al Hadath:
Après quatre heures de réunion du cabinet de sécurité israélien mardi soir, le chef du gouvernement a menacé de poursuivre la guerre et de renforcer ses troupes:
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)