Les Etats-Unis ont provisoirement suspendu l'aide militaire à Kiev, pour faire face à la Russie. Trump a clairement indiqué qu'il se concentrait sur la paix, a-t-on appris de la Maison-Blanche. Cette interruption prévaudra donc jusqu'à nouvel ordre et la reprise du soutien fera l'objet d'un examen.
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Cette mesure, annoncée quelques jours après la visite animée de Volodymyr Zelensky à Washington, devrait avoir des conséquences dramatiques pour l'Ukraine.
Le décret de Trump entre en vigueur immédiatement et concerne des armes et des munitions d'une valeur de plus d'un milliard de dollars. Certaines sont en cours de livraison ou déjà commandées, selon le New York Times. D'autres médias américains indiquent qu'une partie de la marchandise se trouve déjà en Pologne voisine.
Le New York Times cite un fonctionnaire fédéral selon qui l'aide militaire ne reprendra que lorsque Trump estimera que Kiev s'engage dans des négociations de paix avec la Russie. En outre, plusieurs proches du locataire de la Maison-Blanche ont souligné au cours des dernières 48 heures que celui-ci attendait des excuses publiques de Zelensky.
Selon le Washington Post, la décision a été prise lors d'une réunion lundi à la Maison-Blanche. Trump aurait notamment échangé avec le ministre des Affaires étrangères Marco Rubio, le vice-président JD Vance et le ministre de la Défense Pete Hegseth.
Peu avant cette annonce sur l'Ukraine, Trump en a remis une couche contre Volodymyr Zelensky. Le premier a réagi avec mécontentement aux déclarations du second devant des journalistes à Londres selon lesquelles un accord pour mettre fin à la guerre serait encore «très, très lointain».
Trump avait déjà remis cela en question pendant sa campagne électorale. Il avait ouvertement menacé de retirer tout soutien après la dispute avec son homologue vendredi. Selon le président américain, Zelensky ne cherchera pas la paix tant que les États-Unis l'appuient, car cela peut être vu comme un avantage stratégique par rapport à la Russie.
Les dirigeants ukrainiens ont quant à eux précisé à plusieurs reprises qu'une issue sans garanties de sécurité n'aurait aucune valeur, car Moscou pourrait alors reprendre son offensive à tout moment. Toujours selon eux, Poutine a déjà bafoué des accords, des traités internationaux ou le droit international à plusieurs reprises par le passé. Et les États-Unis restent le principal garant de la sécurité. Trump, en revanche, considère que les Européens ont une dette envers lui et il veut leur laisser le soin de garantir une éventuelle paix.
Sous Joe Biden, Washington représentait le principal soutien de l'Ukraine, et de loin son plus grand fournisseur d'armes. Depuis le début de l'invasion russe, il y a plus de trois ans, le gouvernement de Biden a mis à disposition de son allié l'équivalent de plus de 65 milliards de dollars.
D'autres formes de soutien, économiques ou humanitaires, sont venues s'y ajouter, comme l'aide à la formation des pilotes de chasse et la fourniture de renseignements. Reste à savoir si le changement de cap de l'administration américaine impactera aussi ces éléments.
Depuis l'entrée en fonction du républicain en janvier, il n'y a plus eu de nouveaux paquets d'aide. Le pays attaqué a encore profité des dernières livraisons d'armes initiées pendant le mandat de Joe Biden. On calculait jusqu'à présent que l'armée ukrainienne pourrait continuer à se battre avec la même intensité pendant environ six mois grâce à ce matériel.
Seulement, Kiev reçoit aussi l'appui considérable de nombreux autres pays occidentaux. Ainsi, l'Europe lui a concédé davantage d'aide financière et humanitaire que les Etats-Unis jusqu'à présent, et à peu près autant de moyens militaires.
Difficile à croire cependant que les autres alliés puissent compenser la disparition de l'énorme afflux américain. Les livraisons d'Outre-Atlantique ne pourront pas être remplacées, notamment celles des missiles pour les systèmes de défense antiaérienne de type Patriot. Cela pourrait rapidement affaiblir la défense ukrainienne, et l'armée russe pourrait directement en profiter pour attaquer avec des missiles balistiques et de croisière. Les infrastructures énergétiques en difficulté, les grosses usines d'armement ainsi que d'autres cibles stratégiques de premier plan pour les Russes deviendraient par conséquent plus vulnérables.
Trump avait récemment vivement critiqué Zelensky, le traitant de «dictateur» et de fauteur de guerre. Il avait remis en question sa légitimité politique - tout comme le Kremlin avant lui. Et le président américain n'a par ailleurs rien trouvé de mieux que de chercher à dialoguer et à se rapprocher de Vladimir Poutine. Contrairement à l'Ukraine, Trump ne demande pas de concessions concrètes à Moscou – il ne les évoque à tout le moins que vaguement en public. (con avec ats)
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)