Dmitri Kisselev est un des moteurs de la machine de propagande de Poutine. Le dimanche soir sur la chaîne Rossiya 1 (Russie 1), il dit dans son talk show «Nouvelles de la semaine» tout le mal qu'il pense des Occidentaux. Dimanche dernier, il a allumé la conférence du Bürgenstock et les «absurdités des politiciens occidentaux».
Face à ceux-ci, une «Russie qui est restée pacifique», qui a «toujours voulu la paix et un avenir pour l'Ukraine», et qui le voudrait toujours. Et Kisselev se targue d'avoir trouvé la solution: «Un plan de paix fondamental et concret». Mais en quoi diffère-t-il de celui décidé au Bürgenstock? Il se base sur les propositions de Vladimir Poutine, qui les a exprimés avant le début de la conférence, vendredi dernier.
Les points du chef du Kremlin sont simples et à l'opposé de ceux prônés lors du Bürgenstock:
Chacun campe sur ses positions. Le «plan de paix» de Poutine est rabâché dans les médias russes alors que la presse d'Etat russe considère les décisions — d'ailleurs plutôt symboliques – prises au Bürgenstock comme «nulles et non avenues».
Il faut dire que Poutine ne compte pas mettre de côté les «territoires russes» annexés en septembre 2022 dans le Donbass et le sud-est de l'Ukraine. Ils ont d'ailleurs été inscrits dans la Constitution russe. Fait intéressant: une partie d'entre sont des territoires qui n'ont jamais conquis par les troupes de Moscou ainsi que des zones où l'armée ukrainienne a repoussé les troupes russes, comme dans la région de Kherson.
Bref. Si la «paix occidentale» veut le retrait des troupes russes, la «paix russe» veut la capitulation de l'Ukraine ou du moins, la reddition des territoires envahis. Une non-adhésion forcée à l'Otan laisse aussi entrevoir la volonté de contrôle sur la politique intérieure ukrainienne par Moscou.
Ces exigences, comme Poutine l'a clairement indiqué lors de son apparition vendredi, sont les conditions préalables à tout début de négociations possibles. Le fait que le maître du Kremlin souligne de plus en plus souvent et avec insistance sa volonté de négocier et sa main tendue pour le dialogue ne le rendent pas pour autant prêt à des négociations sérieuses. La Russie exige la soumission, elle ne cherche pas le dialogue.
Moscou attribue la responsabilité de la «tragédie en Ukraine» uniquement à l'Occident. Celui-ci aurait incité Kiev à la guerre parce que cela sert les «intérêts stratégiques des Etats-Unis». Pour Poutine, ce sont ces derniers qui manipulent l'Ukraine et veulent l'effondrement de la Russie ou du moins, du modèle russe. Dimanche soir, Dmitri Kisselev a abondé dans le sens du grand boss de Moscou:
Poutine a déjà imputé vendredi, comme lors de presque chacune de ses apparitions, la «responsabilité politique et morale pour le bain de sang en Ukraine» à l'Occident, en particulier aux Etats-Unis.
L'ancien président russe Dmitri Medvedev, autrefois perçu comme libéral, mais trampant désormais de pleins pieds dans la provocation, qualifie, de manère très péjorative, la Suisse de «petite bergère arrogante» qui se voit en guide pour les autres pays. Il estime que la Confédération a gaspillé l'argent de des contribuable de manière «déplorable» pour ce sommet. Pour Moscou, Berne a depuis longtemps perdu sa neutralité et pris parti.
Traduit et adapté par Noëline Flippe et Alexandre Cudré