Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu ce vendredi à Washington, où il a été reçu par son homologue américain. Après quelques déclarations amicales, le ton est rapidement monté entre les deux hommes, qui se sont publiquement affrontés dans le Bureau ovale, dans une scène d'une tension inouïe.
Le pugilat a été lancé par le vice-président américain JD Vance, qui a reproché au président ukrainien, venu chercher le soutien de Washington après trois années de guerre contre la Russie, de «manquer de respect» aux Américains. «Avez-vous dit merci au moins une fois?», a-t-il demandé.
Zelensky se fait engueuler par Trump et Vance en public dans le bureau oval.
— Alexis Poulin (@Poulin2012) February 28, 2025
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Puis Donald Trump a embrayé, pour reprocher à Volodymyr Zelensky de «s'être mis en très mauvaise posture» et lancer qu'il «n'avait pas les cartes en main». Très en colère, le locataire de la Maison Blanche a ajouté:
Il l'a ensuite menacé: «Concluez un accord (avec la Russie) ou nous vous laissons tomber», en jugeant qu'il serait «très difficile» de négocier avec le dirigeant ukrainien. «Vous devez être reconnaissant», a-t-il encore lancé, en colère, à Zelensky.
Immédiatement après la rencontre, Donald Trump s'est fendu d'une déclaration incendiaire sur son réseau social, Truth Social. Volodymyr Zelensky «n'est pas prêt à faire la paix si l'Amérique est impliquée», a-t-il écrit.
Le président américain a ajouté que son homologue ukrainien «a manqué de respect aux Etats-Unis d'Amérique dans leur cher bureau ovale». «Il peut revenir lorsqu'il est prêt pour la paix», a-t-il conclu.
A la suite de cet échange très tendu, Zelensky a quitté la Maison Blanche de manière prématurée. La conférence de presse commune, qui devait suivre la signature d'un accord sur l'accès aux ressources ukrainiennes, a été annulée. Aucun accord n'a été signé, a fait savoir la Maison Blanche.
«Merci l'Amérique, merci pour le soutien, merci pour cette visite. Merci au président, au Congrès et au peuple américain», a écrit Zelensky dans un bref message posté sur X. «L'Ukraine a besoin d'une paix juste et durable et nous travaillons là-dessus», a-t-il ajouté.
La visite avait déjà commencé sur une note inconfortable: Donald Trump avait noté lors de l'arrivée de Zelensky, habillé comme à son habitude dans une tenue aux accents militaires, et non en costume-cravate: «Il s'est fait très élégant aujourd'hui». Sans que l'on ne sache s'il s'agissait d'une blague ou d'une critique voilée.
Avant que la rencontre ne tourne au pugilat, le chef de l'Etat ukrainien avait assuré que Donald Trump était «du côté» de l'Ukraine. Le républicain de 78 ans s'était félicité de conclure un accord «très équitable» sur l'accès aux ressources ukrainiennes.
Mais Volodymyr Zelensky a aussi affirmé qu'il ne fallait pas faire de compromis avec Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de «tueur», alors que Trump a noté qu'il avait eu récemment «de nombreuses conversations» avec le président russe, dont il s'est rapproché de manière spectaculaire après son retour au pouvoir le 20 janvier.
La semaine dernière, Donald Trump avait qualifié Zelensky de «dictateur sans élections», l'accusant d'avoir commencé la guerre et de ne pas avoir de légitimité politique. Le républicain répétait ainsi le récit de la propagande du Kremlin.
La réaction de Moscou n'a, d'ailleurs, pas tardé. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a estimé que Trump et Vance avaient fait preuve de «retenue» face à «l'ordure» Volodymyr Zelensky.
«Je pense que le plus gros mensonge de Zelensky, parmi tous ses mensonges, est sa déclaration à la Maison Blanche selon laquelle le régime de Kiev était seul en 2022, sans soutien», a-t-elle écrit sur Telegram. Et d'ajouter:
La grande majorité des dirigeants européens ont, au contraire, fait bloc derrière l'Ukraine. L'Union européenne a assuré Zelensky de son soutien indéfectible en lui disant: «Vous ne serez jamais seul.» «Soyez forts, soyez courageux, n'ayez pas peur», ont écrit les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil Antonio Costa, disant au président ukrainien: «Nous continuerons à travailler avec vous pour une paix juste et durable.»
«Aujourd'hui, il est devenu clair que le monde libre a besoin d'un nouveau leader. C'est à nous, Européens, de relever ce défi», a exhorté de son côté la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.
(asi/afp/ats)