Ces deux derniers jours, Donald Trump s'est fendu d'une salve de déclarations corrosives à l'encontre de Volodymyr Zelensky, qu'il a accusé d'avoir commencé la guerre, d'être un dictateur et de ne pas avoir de légitimité politique. Ces attaques ont sévèrement envenimé les relations entre les deux pays, au moment où Washington semble sur le point de démarrer des négociations de paix avec Moscou – sans inclure Kiev ou l'Europe.
Si les déclarations fracassantes du locataire de la Maison-Blanche ne sont pas une nouveauté, ses derniers propos peuvent susciter une sensation de déjà-vu: ils s'alignent sur le récit officiel du Kremlin, reprenant les éléments de langage de la propagande russe. Voici quelques exemples.
Mardi dernier, Donald Trump a déclaré, en se référant à la guerre en Ukraine:
Le président américain accuse donc explicitement Kiev d'avoir commencé les hostilités. Il y a en Ukraine «un leadership qui a permis une guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu», a-t-il ajouté. C'est exactement ce que la Russie affirme depuis février 2022, pour justifier son invasion du pays, qu'elle a faussement qualifiée «d'acte d'autodéfense».
En avril 2022, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, avait notamment déclaré:
Mercredi, sur son réseau social Truth Social, Trump a remis en question la légitimité de Zelensky:
En effet, le mandat de Zelensky a pris fin en mai 2024, mais la Constitution et le code électoral ukrainiens interdisent la tenue d'élections législatives et présidentielles pendant la loi martiale, en vigueur depuis le premier jour de l'invasion. Malgré cela, Vladimir Poutine a affirmé à plusieurs reprises que le dirigeant ukrainien n'avait aucune légitimité.
Les autorités russes ont également qualifié Zelensky de «dictateur», tout comme l'a fait Donald Trump. En janvier 2023, le représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU, Vassili Nebenzia, avait par exemple affirmé:
En réponse aux propos de Trump, Zelensky déclarait que son homologue américain vivait dans «un espace de désinformation russe», suggérant implicitement qu'il ait été influencé par les autorités de Moscou.
L'ancien ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, l'a par ailleurs affirmé de manière explicite: «On dirait qu'un document préparé par Sergueï Lavrov ait été remis à Marco Rubio, et qu'ils se contentent de le lire», a-t-il dit, faisant référence aux ministres russe et américain, qui se sont rencontrés mardi.
Ce qui est sûr, c'est que la désinformation russe tente activement de saper la crédibilité et la légitimité de Zelensky depuis un certain temps. Une stratégie délibérée pour diviser l'opinion publique ukrainienne, comme le révélait l'an dernier le Washington Post, sur la base de nombreux documents.
(asi)