Pendant les fêtes de fin d'année, bonnes et mauvaises nouvelles s'enchaînent presque toutes les minutes en Ukraine. Pratiquement au même moment que la destruction du grand navire russe Novotcherkassk dans le port de Feodosia, les forces armées ukrainiennes ont dû annoncer l'évacuation de la ville disputée de Marïnka.
Pendant près de dix ans, la ligne de front a traversé la route Lénine, à un kilomètre à l'est de la cité. De là, il restait encore dix kilomètres jusqu'à Donetsk, la grande «capitale» pro-russe des séparatistes. Mais le jour de Noël, ce tronçon de l'ancienne ligne de cessez-le-feu des deuxièmes accords de Minsk de 2015 est définitivement tombé.
Selon les indications de Kiev, l'armée ukrainienne s'est entièrement retirée de Marïnka, comme l'a confirmé le commandant en chef Valeri Zaloujny lors d'une conférence de presse d'une franchise remarquable.
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«Un retrait n'est pas honteux. C'est la guerre, et cette nouvelle ne mérite pas de tollé», a commenté Valeri Zaloujny, dont les analyses du front toujours réalistes passent pour moins héroïques que celles de Volodymyr Zelensky.
Certes, la défense se poursuivra aussi longtemps que possible. Mais il est plus important pour Kiev de conserver les soldats pour une reconquête ultérieure, a ajouté le militaire.
A Marïnka, le terrain était trop brûlant pour les Ukrainiens début décembre et les pertes trop importantes. La ville avait déjà été violemment disputée à l'été 2014, et même après le cessez-le-feu de février 2015, elle a été régulièrement bombardée par les combattants de la «République populaire de Donetsk» prorusse.
Les propos du porte-parole de la section ukrainienne en charge du front en question, Oleksandr Shtupun, qui affirme que les Russes n'ont pas encore pris toute la petite ville, ne devraient guère suffire. Il martèle que les troupes ukrainiennes se trouvent toujours au nord de la municipalité. Mais à cet endroit, il n'y a qu'une forêt qui suit l'ancienne ligne d'armistice de 2015 sur environ un kilomètre.
D'un point de vue stratégique, ni la forêt, désormais traversée par de nouvelles tranchées ukrainiennes, ni la petite ville de 9000 habitants, désormais livrée aux troupes russes, complètement détruite et dépeuplée depuis un an et demi, n'ont d'importance. Marïnka était cependant un symbole de la résistance ukrainienne contre Donetsk et, en ce sens, une victoire pour la propagande de Vladimir Poutine.
A Russian "military correspondent" shows off a Russian flag in the ruins of Mariinka. "Here it is, our Mariinka! No homes, no cars, no people!" - this is what Russia is proud of.
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) December 27, 2023
I've added a video of Mariinka in 2020. It was a frontline town then, but there was life there. https://t.co/axbzEozsF3 pic.twitter.com/rSVth8aFY8
Lors de la même conférence de presse, Valeri Zaloujny a mis en garde contre la chute probable d'un symbole ukrainien encore plus connu à l'étranger: le scénario de Marïnka pourrait bientôt se répéter à Avdiïevka d'ici deux à trois mois. La ville minière est, avec Kramatorsk, la dernière ville industrielle importante encore aux mains des Ukrainiens dans le Donbass. Cette région reste l'objectif de guerre minimum de Vladimir Poutine.
Pour cela, l'armée russe a déjà sacrifié des dizaines de milliers de ses soldats; un tribut de sang qui pèse de plus en plus sur les Ukrainiens également. Car si, comme le rapporte l'état-major à Kiev, 790 soldats russes auraient été «éliminés» dans la nuit de mardi à mercredi, les Ukrainiens subissent eux aussi des pertes considérables ces derniers jours.
C'est précisément pour cette raison que l'Ukraine veut faciliter par une loi l'enrôlement de soldats dont elle a un urgent besoin sur le front. On parle ici d'un demi-million de personnes supplémentaires. Le chef du gouvernement, Denys Chmyhal, a présenté au Parlement deux nouvelles lois en ce sens.
Le début de l'âge de la réserve doit être abaissé de 27 à 25 ans, comme cela a été annoncé peu après Noël.
Cela représenterait potentiellement plus de 400 000 hommes. Ceux en âge de servir (entre 18 et 60 ans) seraient désormais obligés de s'inscrire au registre militaire et de renouveler régulièrement leurs données.
Adaptation française: Valentine Zenker