L'Ukraine a annoncé mercredi le départ d'un premier cargo commercial depuis le port d'Odessa, défiant la Russie qui menace de couler de tels navires depuis qu'elle a claqué la porte de l'accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes.
L'annonce de la sortie en mer Noire du «Joseph Schulte», battant pavillon de Hong Kong, a eu lieu malgré un nouveau bombardement nocturne russe des infrastructures céréalières ukrainiennes sur le Danube.
A 16h00 heures locales, le bateau longeait la côte ukrainienne et se dirigeait vers le port turc d'Ambarli en mer de Marmara, selon un site internet de suivi maritime.
L'Ukraine avait annoncé la semaine dernière ouvrir des couloirs «temporaires» en mer Noire malgré les menaces de la Russie, qui a procédé ce weekend à des tirs de sommation à l'encontre d'un cargo qui se dirigeait vers Izmaïl, port du Danube dans le sud de l'Ukraine.
L'armée russe a d'ailleurs aussi continué de cibler avec ses bombardements les infrastructures portuaires du Danube, lançant encore une attaque de drone dans la nuit de mardi à mercredi.
Les attaques russes visant des infrastructures céréalières de l'Ukraine le long du Danube montrent que Vladimir Poutine «se moque» de l'approvisionnement en denrées alimentaires essentielles des pays en voie de développement, a estimé mercredi la diplomatie américaine:
Et le président Zelensky de renchérir sur les réseaux sociaux: «Chaque attaque russe contre ces ports porte un coup aux prix mondiaux des denrées alimentaires, à la stabilité sociale et politique en Afrique et en Asie», a-t-il affirmé dans son message quotidien du soir.
Saluant mercredi le départ d'un premier cargo commercial depuis le port d'Odessa malgré les menaces russes, le dirigeant ukrainien a souligné qu'il s'agissait d'une «étape importante» pour la liberté de navigation au large de l'Ukraine.
Un bombardement russe a aussi tué dans l'après-midi un jeune de 18 ans et blessé quatre autres personnes dans la région de Dnipro, dans le centre-est, selon les autorités locales.
S'agissant de la difficile contre-offensive ukrainienne en cours depuis juin, le ministère de la Défense a annoncé mercredi la libération d'Ourojaïné, une localité de la région de Donetsk, sur le front sud, principal axe d'attaque des Ukrainiens.
L'Ukraine avait déjà revendiqué lundi quelques gains dans les parties orientale et méridionale de son territoire, en particulier aux alentours de Bakhmout, dans l'est. Des avancées qui restent modestes, après deux mois de combats.
Son armée reconnaît une situation devenue «plus compliquée» au nord-est, autour de Koupiansk, où les forces russes sont à l'offensive depuis plusieurs semaines:
Les autorités locales encouragent d'ailleurs l'évacuation des habitants les plus vulnérables. «Je suis malade et il faut que je sorte mon petit-fils de là», a témoigné une habitante, Vira Vouneskou, 53 ans, avant de monter dans un minibus en demandant à ses proches «de ne pas pleurer».
Il y a beaucoup de demandes et les volontaires qui organisent ces transferts sont «débordés», explique l'un d'eux, Serguiï Goumeniouk, venu «prêter main forte».
L'armée russe a assuré mercredi avoir encore «amélioré» ses positions dans ce secteur du front. Pour Moscou, les troupes ukrainiennes sont d'une manière générale à bout de ressources et leur contre-offensive reste un échec.
Une exposition présentant en périphérie de Moscou des «trophées» occidentaux que l'armée russe dit avoir récupérés en Ukraine, dont des chars français et des engins britanniques, a d'ailleurs été visitée mercredi par l'ex-président Dmitri Medvedev.
Kiev, qui réclame encore et toujours plus d'aide occidentale, assure toujours de son côté que sa contre-offensive avance méthodiquement, face à des lignes de défense russes faites de tranchées, de champs de mines et de pièges anti-chars.
Le territoire russe frontalier de l'Ukraine continue d'être visé lui aussi par des frappes et des drones ukrainiens, certains atteignant Moscou.
Une personne a encore été tuée et deux autres blessées mardi dans un bombardement ukrainien dans la région russe de Belgorod, a indiqué mercredi le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
Les services de sécurité russes (FSB) ont eux affirmé mercredi avoir «éliminé» quatre «saboteurs» ukrainiens qui tentaient de pénétrer depuis l'Ukraine dans la région frontalière de Briansk. Il s'agit de la deuxième tentative d'incursion en deux jours annoncée par la Russie. (ats/jch)