D'«énormes» progrès? Ce qu'il faut retenir des négociations à Genève
Les événements se sont accélérés à Genève, dimanche soir: les pourparlers entre l’Ukraine et les États-Unis ont donné lieu à des avancées, sans toutefois apporter de résultat concret.
Qu’est-il ressorti de ces discussions?
Dans la quête d’un plan de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine, des avancées ont eu lieu. La question est de savoir quelle est réellement leur ampleur.
A Genève, les représentants des Etats-Unis et de l’Ukraine ont élaboré ensemble une version révisée et améliorée du plan de paix de Donald Trump. Les deux parties se sont accordées pour poursuivre le travail sur cette proposition «dans les prochains jours» et pour continuer à se coordonner avec les partenaires européens, selon une déclaration conjointe de Kiev et Washington.
Que sait-on des modifications du plan de paix?
Pour l’instant, peu de choses. Le nouveau projet n’a pour l'heure pas été publié. Tant le secrétaire d’Etat américain Rubio que son homologue ukrainien Andriy Yermak sont restés évasifs à ce sujet devant les médias.
A Genève, Rubio évoqué d'«énormes progrès». Les points encore en suspens ne seraient «pas insurmontables», a-t-il déclaré – sans donner de détails sur les sujets des désaccords. Il a toutefois assuré:
Le fait que Rubio ne soit pas entré davantage dans le concret est probablement lié à un point essentiel: la décision revient, en fin de compte, à Donald Trump. Dans la déclaration commune des deux Etats, il était notamment précisé que le président américain et Volodymyr Zelensky auraient à prendre les «décisions finales».
Quid de Vladimir Poutine?
La question de savoir si les progrès sont aussi énormes que le dit Rubio reste donc ouverte. En effet, il faut d’abord parvenir à un accord entre les États-Unis et l’Ukraine, avec l’appui des Européens, au niveau présidentiel.
Et seulement ensuite pourrait être franchie la plus grande des étapes: l’aval du président russe Vladimir Poutine. Sans elle, il ne peut y avoir de paix.
Qu’il approuve les modifications du plan de paix initial – que Moscou semble avoir largement influencé et qui avait même été qualifié de «liste de vœux de la Russie» – paraît incertain au vu de situations analogues dans le passé.
Que disent les Ukrainiens?
Lors de la conférence de presse, la délégation ukrainienne menée par le chef de cabinet Andriy Yermak s’est dite «très satisfaite» des discussions. Mais le pays n’a pas réagi à une communication ultérieure de la Maison-Blanche affirmant que l’Ukraine aurait déclaré que le projet actuel reflétait les intérêts du pays et comportait des «mécanismes crédibles et contraignants, à court et long terme, pour garantir la sécurité de l’Ukraine».
Les formulations de la déclaration commune présentée auparavant étaient plus prudentes.
Que disent les Européens?
Les Européens ont obtenu à Genève l’assurance américaine que les sujets concernant directement l’Otan et l’Europe seraient traités séparément. Rubio a expliqué que les Etats-Unis souhaitaient consulter les alliés européens.
A Genève, dimanche, des émissaires de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l’Italie et de l’UE ont tenté, sous divers formes, d’influencer les discussions en faveur de l’Ukraine et de l’Europe.
Le plan de paix initial présenté par le président américain Trump – qui comportait 28 points et servait de base de discussion – était généralement considéré comme extrêmement avantageux pour la Russie, agresseur dans ce conflit.
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Pour l’Ukraine comme pour l’Europe, certaines conditions n’étaient pas acceptables. Les Européens ont donc formulé leurs propres propositions, qui reflétaient davantage leurs intérêts. En voici quelques unes:
- L'Ukraine ne doit pas être contrainte de céder à la Russie des territoires qu’elle contrôle encore elle-même.
- Les forces armées ukrainiennes devraient être limitées à 800 000 soldats, et non à 600 000 comme le voulait la proposition américaine.
- Les avoirs russes gelés ne doivent être libérés que si la Russie verse des compensations pour les dommages de guerre.
- L'adhésion de l’Ukraine à l’Otan ne doit pas être explicitement exclue.
- Aucune amnistie générale pour des crimes de guerre ne doit être accordée.
- Le délai de 100 jours pour de nouvelles élections en Ukraine ne doit pas être mentionné, mais seulement qu'elles soient tenues «dans les meilleurs délais».
Les Européens se disent en revanche ouverts à envisager la réintégration de la Russie dans le groupe du G8, comme le prévoit le plan américain.
Que peut-on attendre de la suite?
A l’origine, Donald Trump n’avait accordé à l’Ukraine qu’un délai jusqu’à ce jeudi – jour de Thanksgiving aux Etats-Unis – pour répondre au plan de paix. Il s’est toutefois montré par la suite plus conciliant.
A Genève, Rubio a désormais assoupli cette échéance. Certes, il souhaiterait lui aussi un accord d’ici jeudi – mais «que ce soit jeudi, vendredi, mercredi ou lundi prochain», cela importe peu.
Entre-temps, le président turc Erdogan s’est de nouveau proposé comme médiateur. Il veut parler lundi avec Vladimir Poutine pour permettre des discussions directes entre l’Ukraine et la Russie.
Une réunion des dirigeants des pays de l'UE est en outre prévue lundi en marge d'un sommet avec des dirigeants africains en Angola, et le président français Emmanuel Macron a annoncé une réunion mardi en visioconférence des pays soutenant l'Ukraine.
(Avec du matériel d'agences)
