La Russie prend de plus en plus pour cible les infrastructures électriques ukrainiennes. Une attaque récente contre la centrale hydroélectrique du Dniepr, près de Zaporijia, pourrait également avoir des conséquences sur l'approvisionnement en eau potable du pays.
Une vidéo enregistrée par des riverains montre l'impact d'au moins trois missiles de croisière à longue portée sur le barrage de la centrale. La vidéo remonte vraisemblablement à la nuit de vendredi à samedi. Le ministre ukrainien de l'énergie, Herman Halouchtchenko, a confirmé des attaques contre cinq installations énergétiques dans plusieurs régions, dont Zaporijia.
Selon lui, six bombardiers stratégiques Tu-95MS ont lancé des attaques contre les installations ukrainiennes dans la nuit de vendredi à samedi.
L'ampleur exacte des dégâts n'a pas encore été déterminée et le barrage a été fermé à la circulation: «Dommages critiques sur l'installation. Les exploitants des centrales hydroélectriques s'emploient à en réparer les conséquences», peut-on lire dans le communiqué. Depuis le début de la guerre, plus de 110 missiles auraient ainsi été tirés sur l'ensemble des centrales hydroélectriques ukrainiennes.
Ce n'est pas la première fois que ces infrastructures sont attaquées. La centrale hydroélectrique du Dniepr (DniproHES) a déjà été touchée le 22 mars, mais la situation a rapidement été maîtrisée et il n'y a pas eu de risque de rupture du barrage.
Les conséquences de ces nouvelles attaques ne sont pas encore claires. Les premiers effets sur l'approvisionnement en électricité sont toutefois déjà perceptibles. Lundi, des coupures de courant ont été annoncées pour toute la semaine à venir. Le déficit du système énergétique sera plus important que la semaine dernière, selon le chef du fournisseur d'énergie, Volodomyr Kudryzky. En raison de la pénurie, il y aura des coupures de courant tout au long de la journée, surtout le matin et le soir.
Outre l'approvisionnement en électricité, l'attaque du barrage suscite désormais des inquiétudes quant à l'approvisionnement en eau potable du pays. Le DniproHES est la plus grande centrale hydroélectrique du pays. Derrière le barrage en béton armé de 60 mètres de haut et 760 mètres de long se trouve le lac de retenue de Zaporijia avec 1500 millions de mètres cubes d'eau. Le lac est essentiel pour l'approvisionnement en eau potable de la région; une rupture du barrage inonderait de nombreuses villes et mettrait des personnes en danger de mort.
Un événement similaire s'est déjà produit le 6 juin 2023: la rupture du barrage de Kakhovka, contrôlé par la Russie, a fait au moins 59 morts selon les autorités russes, tandis que l'Ukraine a fait état de 31 morts sur son propre territoire. Mais le nombre de morts du côté russe est probablement bien plus élevé. Un communiqué de l'agence de presse AP suggère que la Russie a délibérément sous-estimé les chiffres. Même si l'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement de la destruction, les enquêtes laissent penser qu'il s'agit d'une attaque russe.
La destruction du barrage a également eu un impact considérable sur l'approvisionnement en eau potable. Les Nations unies ont estimé par la suite qu'environ 700 000 personnes dans la région avaient besoin d'eau potable, tandis que plus d'un million de personnes dans l'oblast de Dnipropetrovsk devaient faire face à une pénurie d'eau.
En cas de nouvelle rupture du barrage, les conséquences pourraient être encore plus importantes, étant donné que le barrage de Kakhovka a partiellement absorbé l'approvisionnement du barrage voisin de Zaporijia. L'attaque a ravivé les inquiétudes concernant la stabilité et la sécurité des infrastructures en Ukraine.
Traduit et adapté par Tanja Maeder