International
Guerre contre l'Ukraine

Ce double coup de massue va coûter très cher à Poutine

Pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce fut une bonne journée au sommet de Bruxelles. Ici avec le président du Conseil européen Antonio Costa.
Pour le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce fut une bonne journée au sommet de Bruxelles. Ici avec le président du Conseil européen, Antonio Costa.Image: Olivier Matthys / EPA

Face à Poutine, l'UE prépare une mesure jamais prise, même contre Hitler

Les effets des sanctions américaines contre Moscou sont déjà bien tangibles. Vladimir Poutine pourrait bientôt perdre 140 milliards d'euros gelés à la banque centrale. Le président Ukrainien à un message pour la Confédération.
24.10.2025, 14:0924.10.2025, 14:09
Remo Hess, Bruxelles et Renzo Ruf, Washington / ch media

Donald Trump en a assez des manœuvres dilatoires de Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Les discussions sont certes constructives, mais elles n'aboutissent jamais. C'est ce qu'a déclaré le président américain à propos de son dernier téléphone avec le Kremlin la semaine dernière.

Il a donc décidé mercredi d'inscrire les deux plus grands groupes énergétiques russes, Lukoil et Rosneft, sur la liste des sanctions américaines. Une première depuis l'entrée en fonction du républicain au début de l'année.

De nouvelles entraves économiques

A partir du 21 novembre, les Américains auront ainsi l'interdiction de faire affaire avec ces deux entreprises proches de Moscou. Les sanctions pourraient également impacter négativement les partenaires étrangers des multinationales énergétiques russes, qui risquent désormais aussi d'être bannies par Washington.

L'Union européenne a elle aussi serré la vis. Jeudi, les 27 Etats membres ont adopté leur dix-neuvième train de sanctions. Il comprend notamment une interdiction totale d'importer du gaz liquéfié russe. Cette mesure s'appliquera dans six mois pour les contrats à court terme et à partir du 1er janvier 2027 pour tous les autres.

A cela s'ajoute une longue série de punitions financières, notamment dans le domaine des cryptomonnaies. L'UE pénalise par ailleurs les entreprises chinoises qui collaborent avec la Russie dans le domaine pétrolier. Bruxelles rallonge en outre sa liste noire avec des navires supplémentaires de la «flotte fantôme» de Poutine, que le Kremlin utilise pour contourner l'embargo pétrolier en vigueur.

Les attentes de Zelensky envers la Suisse

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a salué ces nouvelles réactions américaines et européennes. Lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, il a déclaré que seule une forte pression pourrait ramener le dirigeant russe à la réalité.

Il a également explicitement mentionné Berne dans un tweet sur X. Kiev va désormais contacter des pays non membres de l'UE tels que la Suisse, la Norvège et le Royaume-Uni pour qu'ils appliquent également les mesures de Bruxelles.

Une confiscation et un gros manque à gagner

Ces nouvelles sanctions vont coûter cher à la Russie, notamment dans le domaine énergétique. En réaction aux annonces américaines, la plus grande raffinerie indienne a indiqué «recalibrer» ses importations. Concrètement, cela signifie que l'entreprise pourrait «réduire drastiquement», voire «cesser complètement» ses activités avec la Russie. C'est ce que révèle l'agence Reuters, citant des sources anonymes.

Après l'offensive de Moscou de février 2022, l'Inde est devenue le deuxième pays importateur de produits énergétiques russes derrière la Chine. Rien qu'en septembre 2025, les exportations de brut vers l'Inde ont atteint près de trois milliards d'euros, soit 38% du volume russe de pétrole.

Mais au-delà des sanctions, l'UE préconise un remède plus douloureux encore: la confiscation effective des avoirs gelés de la Banque centrale russe. Bruxelles entend ainsi mettre 140 milliards d'euros à la disposition de Kiev. Suffisamment pour acheter des armes pendant les trois années à venir. Au début du sommet, le président du Conseil européen, Antonio Costas, a révélé la «décision politique» d'utiliser ces fonds.

La Belgique met en garde

Problème: la Belgique, où repose la majeure partie des fonds auprès du prestataire de services financiers Euroclear, souhaite d'abord obtenir des garanties complètes. Elle ne conçoit pas que son pays supporte seul «des risques énormes», a déclaré le premier ministre Bart De Wever.

Selon lui, même pendant la Seconde Guerre mondiale, aucun avoir public n'avait été confisqué. Il ajoute:

«Gardons en tête que si nous prenons l'argent de Poutine, il prendra le nôtre»

Le premier ministre belge a rappelé l'exemple de Google. En 2022, Moscou a saisi 100 millions de dollars à la filiale russe du géant américain suite au blocage sur YouTube de trois chaînes russes. A ses yeux, les entreprises occidentales visées par de tels «actes de vengeance» de la part du Kremlin pourraient réclamer d'importants dommages et intérêts aux autorités européennes.

De nouvelles menaces

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déjà évoqué jeudi un «vol» et a promis une réaction aux conséquences «douloureuses».

Malgré tout, jeudi soir, des sources diplomatiques européennes ont confirmé le prélèvement des fonds russes, de quelque manière que ce soit. Et pour cause: les Etats membres manquent eux-mêmes de plus en plus d'argent pour maintenir l'aide à l'Ukraine à son niveau actuel.

Après le sommet européen, Zelensky a déclaré:

«La manière dont cela sera fait n'a pas d'importance. L'essentiel est que nous avancions aujourd'hui. La Russie nous a imposé la guerre. Elle doit maintenant en payer le prix.»

(Adaptation en français: Valentine Zenker)

Vladimir Poutine dans tous ses états
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Vladimir Poutine dans tous ses états
Poutine en mode chasseur, 2010.
source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
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Comment l'Ukraine a capturé des soldats avec des drones terrestres
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