Le régime russe pourrait chuter: «On observe une dégradation progressive»
L’attaque n’est pas nouvelle, mais ses conséquences continuent de se faire sentir. Le 15 décembre, les services de sécurité ukrainiens ont frappé un sous-marin russe dans le port de Novorossiïsk, en mer Noire. Une opération passée relativement inaperçue sur le moment, mais que les analystes considèrent aujourd’hui comme un tournant stratégique majeur dans la guerre navale entre l’Ukraine et la Russie.
Pour la première fois depuis le début du conflit, un sous-marin moderne de la classe Kilo a été touché directement dans un port russe, pourtant considéré comme sûr après l’abandon de Sébastopol en Crimée. Selon Kiev, l’attaque a été menée à l’aide d’un drone naval submersible de type «Sub Sea Baby», une évolution technologique qui élargit considérablement le champ des menaces ukrainiennes.
La menace ukrainienne ne se limite désormais plus aux navires: même les avions de combat russes sont exposés, comme l’a montré, début mai, la destruction d’un chasseur Soukhoï Su-30 au-dessus de la mer Noire par des drones ukrainiens.
Les sous-marins russes terrorisent les Ukrainiens
L’attaque de Novorossiïsk dépasse le simple revers symbolique pour Moscou. Selon l’expert naval britannique H. I. Sutton, le sous-marin touché aurait subi des dommages si graves qu’une réparation en temps de guerre paraît quasi impossible.
La base navale de Sébastopol n’étant plus opérationnelle, les options russes se trouvent ainsi fortement limitées. L’explosion aurait atteint l’arrière du bâtiment, là où se situent des éléments essentiels de la propulsion diesel-électrique et des systèmes de contrôle, souligne Sutton.
Pour les civils ukrainiens, cette attaque représente un gain sécuritaire tangible. Les sous-marins de la classe Kilo servent de plateformes de lancement pour les missiles de croisière Kalibr, régulièrement utilisés par la Russie pour frapper des infrastructures critiques, notamment énergétiques.
Les versions les plus récentes de ces bâtiments peuvent transporter jusqu’à quatre missiles, explique le SBU. Le sous-marin touché ferait partie de ces modèles et figurait parmi les six exemplaires encore en service au sein de la flotte russe de la mer Noire, rapporte le média spécialisé The War Zone.
La flotte russe face à une impasse stratégique
Cette attaque place la flotte de la mer Noire face à une menace inédite. Jusqu’ici, l’Ukraine ciblait les navires russes à l’aide de drones de surface ou de missiles, comme le Neptune, qui avait permis de couler le croiseur Moskva en avril 2022. Désormais, le danger vient aussi des profondeurs, un scénario pour lequel la Russie n’est pas préparée, selon l’expert naval Sutton. Il poursuit son analyse:
Or, en dehors du port d’Ochamtchire, dans la partie de la Géorgie occupée par la Russie, aucune alternative crédible n’existe. Et ce port est trop exigu et trop peu profond pour accueillir l’ensemble de la flotte. Sutton estime:
Quand Zelensky démonte le narratif du Kremlin
Sur le terrain, l’Ukraine continue de remporter des succès. A Koupiansk, dans l’est du pays, les forces russes ont récemment essuyé un revers humiliant. Mi-novembre, un général russe affirmait que ce carrefour stratégique était repassé sous contrôle total de Moscou.
La ville, qui comptait environ 30 000 habitants avant la guerre, avait été occupée dès février 2022, puis libérée par les Ukrainiens en septembre de la même année.
Poutine avait même décoré son général pour cette prétendue reconquête. Trois jours plus tard (le 12 décembre 2025), cependant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky apparaissait à Koupiansk et diffusait une vidéo tournée devant le panneau d’entrée de la ville, une gifle pour la propagande russe.
Today, I am in the Kupyansk sector, with our warriors who are getting the job done for Ukraine here.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) December 12, 2025
The Russians kept going on about Kupyansk – the reality speaks for itself. I visited our troops and congratulated them. Thank you to each and every warrior! I am proud of you!… pic.twitter.com/kraYEBSSai
Cette apparition faisait suite à une contre-offensive ukrainienne soigneusement préparée. Les forces de Kiev auraient réussi à repousser les troupes russes hors des zones situées au nord-ouest de la ville, alors que certaines unités avaient pourtant atteint le centre urbain en longeant la rivière Oskil.
L’enjeu réel autour de Pokrovsk
Selon les autorités ukrainiennes, les forces russes encore présentes à Koupiansk se limiteraient désormais à environ 200 soldats, dépendants de ravitaillements aériens par drones. Les liaisons terrestres avec le reste des troupes russes ont été coupées. Même les blogueurs militaires russes reconnaissent que la situation sur place est désespérée. Malgré tout, le Kremlin continue d’affirmer que la ville reste entièrement sous son contrôle.
Plus au sud, entre Pokrovsk et Myrnohrad, la situation demeure confuse. Les forces russes y progressent lentement, mais de manière constante depuis plusieurs mois. Malgré les affirmations de Poutine en décembre, elles ne sont pas parvenues à s’emparer des villes.
L’Ukraine aurait depuis longtemps déplacé ses infrastructures logistiques hors de Pokrovsk. Pour les défenseurs encore présents sur place, l’objectif est désormais clair: infliger un maximum de pertes aux troupes russes.
L'objectif stratégique actuel du Kremlin
La guerre ne se joue pas seulement sur le terrain. Sur le plan diplomatique et stratégique, Moscou cherche aussi à améliorer sa position. Du côté russe, les négociations de Berlin viseraient surtout à éviter de nouvelles sanctions occidentales et à occuper l’Europe sur le plan diplomatique. Plutôt que de faire pression sur le Kremlin, les dirigeants européens s’efforcent surtout d’éviter une fracture de l’alliance occidentale.
Le principal succès pour Moscou serait que Washington pousse Kiev à renoncer à son système défensif dans la région de Donetsk. Mais l’Ukraine préférerait probablement perdre le soutien américain plutôt que d’abandonner sa ligne de défense la plus cruciale.
Pour le Kremlin, un autre scénario favorable serait l’arrêt du partage de renseignements américains avec Kiev, une menace déjà brièvement mise à exécution à deux reprises cette année par l’administration Trump.
Un effondrement de l’Etat russe n’est plus exclu
Kiev s’efforce d’empêcher une telle évolution. Comme l’a récemment révélé le Wall Street Journal, les Etats-Unis fournissent à l’Ukraine des données de ciblage permettant des frappes en profondeur sur le territoire russe, notamment contre des dépôts et raffineries de pétrole. Depuis des mois, l’Ukraine mène ainsi une campagne systématique contre l’industrie fossile russe, avec des résultats de plus en plus perceptibles.
Selon Reuters, les revenus russes issus du pétrole et du gaz ont chuté de 35% en novembre par rapport à l’année précédente. L’Ukraine a récemment élargi ses cibles, s’attaquant non seulement aux installations terrestres, mais aussi aux navires de la «flotte fantôme» russe et à des plateformes pétrolières en mer Caspienne. En parallèle, de nombreux clients internationaux se détournent du pétrole russe, redoutant les sanctions occidentales.
Si ces pressions n’ont pas encore mis la machine de guerre russe à l’arrêt, le risque augmente chaque jour, estime l’expert de l’Europe de l’Est Andreas Umland:
Umland avait également récemment expliqué et prévenu:
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

