Depuis le début de l'année, le nombre de civils tués ou blessés en Ukraine est reparti brusquement à la hausse. Au cours du seul mois de juin, les Nations unies ont recensé 1575 victimes, un chiffre qui n'avait plus été atteint depuis mai 2022. Les pertes civiles n'ont cessé de croitre depuis janvier et ont désormais dépassé les 6700 unités en 2025. «Aucun endroit n'est sûr en Ukraine», ont déploré les responsables de l'ONU vendredi passé.
L'écrasante majorité de ces victimes ont été tuées ou blessées dans des frappes aériennes russes, lesquelles ont atteint un niveau d'intensité sans précédent ces derniers mois. Toujours selon l'ONU, le nombre de missiles et de drones kamikazes lancés par la Russie en juin 2025 était plus de 10 fois supérieur à celui du même mois de l'année précédente.
Fin 2024, Moscou lançait environ 2000 drones par mois sur les villes ukrainiennes, illustre le centre de réflexion Atlantic Council. Ce chiffre est aujourd'hui passé à plus de 4000, voire davantage: selon l'ONU, plus de 5000 projectiles ont été tirés au cours du mois de juillet, lequel n'est par ailleurs pas encore terminé. Par conséquent, les bombardements deviennent de plus en plus massifs:
Depuis quelques mois, les attaques mobilisant 300, 400, voire 500 drones sont devenues monnaie courante. Dans la nuit du 8 au 9 juillet, les forces russes ont tiré 728 engins, le nombre le plus élevé atteint à ce jour.
«Inévitablement, cette augmentation du volume signifie que de plus en plus de drones atteignent leurs cibles», souligne le think tank américain. Ce qui se traduit à son tour par davantage de morts et de blessés.
De plus, la Russie semble viser de plus en plus souvent des villes densément peuplées, observe le centre de réflexion Institute for the Study of War (ISW). Cela se traduit par un nombre particulièrement élevé de civils tués et blessés lors d'une seule frappe, ajoute l'ONU.
A chaque fois, les morts se comptent par dizaines, les blessés par centaines. Des immeubles résidentiels à plusieurs étages, mais également des maternités, des écoles, des centres pour personnes handicapées et même des trains passagers ont été la cible de tirs ces dernières semaines.
L'objectif de cette nouvelle stratégie est très clair: terroriser la population ukrainienne. «Ces frappes visent à rendre la vie insupportable pour les civils ukrainiens et à accroître la pression sur les dirigeants politiques», analyse l'Atlantic Council. L'ISW parle d'une «guerre cognitive visant à affaiblir la détermination de l'Ukraine». Cette pluie incessante de projectiles risque également de «submerger les capacités limitées de défense aérienne du pays», ajoute l'Atlantic Council.
Cette stratégie a été rendue possible par l'expansion massive de la production de drones en Russie. Lors des premières phases de l'invasion, Moscou misait surtout sur les importations provenant d'Iran, qui lui a fourni l'essentiel des drones suicides utilisés pour bombarder les villes ukrainiennes.
Au fur et à mesure, explique l'Atlantic Council, la Russie a réduit sa dépendance vis-à-vis de Téhéran et a lancé sa propre production nationale, qui est progressivement montée en puissance. Selon certains experts, le pays pourrait bientôt être en mesure de lancer une salve de 2000 drones en une seule nuit.
Les engins russes ne sont seulement plus nombreux: ils sont également plus rapides et explosifs. Les derniers modèles sont équipés de caméras vidéo et intègrent même des technologies d'intelligence artificielle.
Bien qu'extrêmement élevé, le nombre de civils ukrainiens tués et blessés ces derniers mois reste inférieur aux chiffres enregistrés au tout début du conflit. Selon l'ONU, mars 2022 a été le mois le plus sanglant pour la population du pays, avec plus de 4000 morts et 3000 blessés. Avril et mai 2022 ont également été marqués par des bilans particulièrement sanglants.
Au total, plus de 13 000 civils ont péri en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, le 24 février 2022. Le nombre de blessés dépasse actuellement les 34 000, pour un total de 47 695 victimes. L'écrasante majorité d'entre elles sont imputables aux bombardements russes. (asi)