35 kilomètres. Selon le chef de l'armée ukrainienne, Oleksandr Syrsky, c'est la profondeur à laquelle les troupes de Kiev auraient pénétré dans la région russe de Koursk depuis le début de leur offensive, lancée le 6 août dernier.
Malgré le déploiement de troupes et de matériel, la Russie ne parvient pas à stopper l'attaque ukrainienne. Selon le centre de réflexion américain «Institute for the Study of War» (ISW), la raison en est que le ministère russe de la Défense «complique et bureaucratise» la réponse militaire à l'offensive du Koursk.
L'ISW explique notamment que «les responsabilités complexes qui se chevauchent et la liste de plus en plus longue des acteurs chargés par le Kremlin de répondre à l'agression ukrainienne» entraveraient la réaction russe.
L'analyse de l'ISW rejoint celle du Soufan Center, un autre groupe de réflexion qui s'occupe de politique de sécurité internationale. Peu après le début de l'offensive du Koursk, le Soufan Center était déjà parvenu à la conclusion que l'Ukraine avait intelligemment exploité la désorganisation des défenses frontalières russes pour lancer son attaque-surprise sur la région de Koursk.
Mardi, le Kremlin a nommé le vice-ministre russe de la Défense Iounous-bek Evkourov à la tête du Conseil de coordination sur la sécurité militaire des zones frontalières, chargé d'organiser la réponse à l'invasion dans les régions de Koursk, Belgorod et Briansk.
Mais le Conseil de coordination n'est pas la seule organisation à s'occuper de la défense contre l'avancée ukrainienne à Koursk. Selon l'ISW, une taskforce du Centre de contrôle de la défense nationale doit également s'occuper de l'invasion. En outre, trois nouveaux groupements militaires auraient été créés pour réagir à l'attaque.
Par ailleurs, le service de renseignement intérieur russe (FSB) aurait également reçu l'ordre de lancer une «opération antiterroriste» contre l'invasion. De plus, les forces armées russes et la garde nationale (Rosgvardia) ont été déployées à Koursk.
Selon l'ISW, la complexité de la structure de commandement entraînerait vraisemblablement une «confusion» et des «frictions» entre les différentes entités qui organisent l'opération. Selon les experts, l'armée russe souffre depuis longtemps d'officiers inexpérimentés et de structures de commandement excessivement rigides et complexes.
Après avoir subi de lourdes pertes et de graves revers au cours des deux premières années de guerre, la Russie a entamé une restructuration massive de son armée au début de cette année.
Moscou a réagi lentement à l'invasion de l'Ukraine, laissant passer plusieurs jours avant de retirer suffisamment de troupes pour ralentir l'avancée des troupes de Kiev. En outre, le commandement militaire aurait ignoré des informations sur un déploiement militaire ukrainien à la frontière de la région de Koursk. (tos)
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)