La guerre en Ukraine est en grande partie déterminée par l'artillerie. Des deux côtés, des canons lourds tentent d'atteindre les positions adverses à grande distance. L'Allemagne a par exemple fourni à l'Ukraine son obusier blindé 2000, dont les projectiles peuvent parcourir jusqu'à 50 kilomètres.
Mais la Russie s'est désormais équipée: fin octobre, l'entreprise d'armement Rostec a annoncé que l'obusier Coalition-SV, équipé d'un imposant canon de 152 mm, était désormais prêt pour la production de masse.
L'obusier a été vu à plusieurs reprises lors de défilés militaires depuis 2015. Mais des problèmes sont apparus lors des tests, comme le rapporte notamment le journal ukrainien Kyiv Post – et la production a dû être reportée.
Le Coalition-SV est considéré comme l'un des obusiers automoteurs les plus puissants au monde. Il aurait une portée allant jusqu'à 70 kilomètres, si l'on en croit les sources russes. Sous ses plaques blindées se cachent encore d'autres détails techniques qui rendent l'arme russe si particulière.
La tourelle n'est pas habitée, le canon est chargé automatiquement. Les munitions peuvent être variables, en fonction de la zone d'engagement et de la portée nécessaire. Il est ainsi possible de charger des projectiles autopropulsés ou des munitions antichars. Selon les recherches du portail en ligne Military Today, jusqu'à huit coups peuvent être tirés par minute, également automatiquement. Jusqu'à 70 projectiles peuvent être placés à bord. Des véhicules de ravitaillement apportent des munitions supplémentaires via une trappe située à l'arrière.
Pour l'autodéfense, une mitrailleuse est également montée sur la tourelle, permettant par exemple de tirer sur des drones. Celle-ci est commandée par une télécommande. Comme le Coalition-SV est en grande partie automatisé, il ne nécessite que trois personnes d'équipage. Le char russe T-90 a été utilisé comme base et la partie avant a été transformée de manière à pouvoir y loger le personnel.
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Pourtant, malgré des prototypes présentés à maintes reprises et des premières livraisons aux troupes, comme l'a mentionné l'agence de presse Tass, la nouvelle version n'est pas encore en service en Ukraine. Cela pourrait être dû à un problème de munitions, a expliqué il y a quelques jours l'auteur militaire pro-russe Maxim Stroker.
En règle générale, l'artillerie utilise un projectile solidement fixé dans une enveloppe métallique remplie d'une substance explosive. Le tout est tiré à travers le tube, la douille tombe à la sortie et le projectile continue sa course. Cela ressemble donc au tir d'un pistolet.
En effet, l'obusier est d'abord équipé d'un projectile, puis de modules spéciaux contenant de la poudre à canon. Le dispositif d'atterrissage automatique indique combien de ces modules sont nécessaires pour quelle portée. Et ce sont justement ces modules qui semblent poser problème.
«Etant donné les conditions hostiles en Ukraine, il est extrêmement difficile pour l'industrie militaire nationale de produire à la fois des munitions uniformes (avec des douilles) et des munitions modulaires sans nuire à l'approvisionnement des unités belligérantes», explique Maxim Stroker. Selon lui, l'industrie de la défense est tellement occupée à produire des projectiles traditionnels qu'il reste peu de capacités pour de nouvelles lignes de production. Ce n'est qu'en résolvant ce problème d'approvisionnement que l'arme miracle pourra être utilisée avec succès en Ukraine.
On peut toutefois douter que cela se produise si l'on considère les rapports récurrents sur les difficultés d'approvisionnement de l'artillerie russe, même avec les munitions standard. Pas plus tard qu'en juillet, les services secrets britanniques ont indiqué que les troupes russes devaient rationner leurs munitions de canon.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder