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La Russie a beaucoup plus d'obus d'artillerie que l'Ukraine

Artillerie russe en action dans la région de Zaporijia, dans le sud de l'Ukraine.
La Russie tire plus de 10 000 obus par jour.Image: Imago

Alors que Kiev tire trop d'obus, la Russie peut tenir encore une année

L'artillerie joue un rôle clé dans la guerre en Ukraine, mais l'approvisionnement est très inégal: Moscou dispose de beaucoup plus d'obus que son adversaire.
27.10.2023, 06:0427.10.2023, 07:01
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Bien que la ligne du front ne bouge plus depuis un moment, les combats continuent de faire rage en Ukraine. Que ce soit la contre-offensive de Kiev dans le sud et l'est du pays, ou la récente poussée russe vers la petite ville d'Avdiïvka (est), les hostilités se poursuivent. Aucun des deux belligérants ne semble vouloir baisser les armes.

La lenteur de la contre-offensive ukrainienne a balayé les espoirs d'une victoire rapide, et les alliés occidentaux se sont désormais résolus à l'idée d'une longue guerre d'usure. Kiev a par ailleurs déjà fait savoir qu'elle poursuivra ses opérations pendant l'hiver 2023-2024. Autrement dit, la fin du conflit n'est pas en vue.

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Encore plus que les intentions, un autre élément va largement influencer la poursuite des combats: la disponibilité de munitions et, en particulier, d'obus d'artillerie. Cette dernière joue un rôle de premier plan dans le conflit depuis son début. «L'artillerie a dominé la guerre en Ukraine», résume CNN.

Jusqu'à 60 000 obus par jour

Or, la situation entre les deux belligérants est loin d'être égalitaire sur ce niveau. La Russie peut compter sur des réserves beaucoup plus importantes, ce qui se reflète dans le nombre de projectiles utilisés quotidiennement sur le champ de bataille:

  • L'Ukraine tire actuellement jusqu'à 6000 obus par jour, a déclaré la députée ukrainienne Oleksandra Ustinova à CNN.
  • La Russie en tire entre 10 000 et 15 000, a indiqué le 23 octobre le colonel ukrainien Petro Chernyk.

Cet écart était encore plus prononcé cet été. Selon des estimations formulées par le gouvernement estonien, l'Ukraine utilisait à cette période 6000 à 7000 obus par jour, contre 20 000 à 60 000 tirés par la Russie. Les autorités ukrainiennes ont même évoqué le chiffre de 80 000 obus par jour.

Nombre d'obus par jour tirés actuellement

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Ukraine: livraisons à la traîne

Avec 6000 projectiles par jour, l'Ukraine utilise donc nettement moins d'obus que son adversaire. Elle aimerait porter ce chiffre à 10 000, mais, pour les capacités logistiques de ses alliés, il s'agit probablement d'une quantité trop élevée. «Un écart important subsiste entre les obus que l'Ukraine souhaite obtenir et la rapidité avec laquelle les usines européennes et américaines peuvent les lui fournir», prévient CNN.

Le fabricant allemand Rheinmetall a estimé les besoins de l'Ukraine à environ 1,5 millions d'obus par an. En mars, la Commission européenne avait promis à Kiev de lui en livrer un million en l'espace d'une année. En puisant d'abord dans les stocks existants, et en augmentant la capacité industrielle par la suite.

Mais le plan européen risque d'échouer, rapporte ce jeudi Bloomberg sur la base de déclarations de personnes proches du dossier. L'UE a pris du retard. Alors que plus de la moitié du temps a passé, l'initiative a jusqu'à présent atteint environ 30% de son objectif. Au vu du nombre de contrats signés, elle risque de ne pas atteindre son but.

Nombre d'obus tirés par jour cet été

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Russie: d'immenses stocks et une aide extérieure

La Russie n'a pas ce problème. Moscou devrait être en mesure de fabriquer deux millions d'obus par année, selon des estimations occidentales. Un haut fonctionnaire estonien, cité dans le New York Times, affirme que le pays produit actuellement sept fois plus de munitions d'artillerie que l'Europe et les Etats-Unis combinés. La Russie peut également compter sur un stock d'environ quatre millions d'obus, estiment encore les Estoniens.

A cela s'ajoutent les importantes livraisons depuis la Corée du Nord. Pyongyang aurait livré à la Russie jusqu'à 500 000 obus d'artillerie. Rien que cela permettrait à Moscou de garder sa fréquence de feu actuelle pendant plus d'un mois.

Livraisons et stocks d'obus

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Des sources occidentales et des images satellites ont confirmé que les livraisons nord-coréennes ont considérablement augmenté ces derniers temps, rapporte le centre de réflexion «Institute for the Study of War» (ISW). Lequel ajoute que les envois vont probablement continuer. Dans ce cas, note ce jeudi le ministère britannique de la Défense, la Corée du Nord va devenir l'un des principaux fournisseurs d'armes de la Russie, aux côtés de l'Iran et de la Biélorussie.

La suite ne s'annonce donc pas idéale pour l'Ukraine, du moins selon les calculs de l'ISW: «La production nationale d'obus, complétée par les importations nord-coréennes, permettra aux forces russes de maintenir des cadences de tir d'artillerie suffisantes pendant toute l'année 2024».

«Il est peu probable que les forces russes soient confrontées à des pénuries généralisées qui compromettraient de manière chronique les opérations défensives»
ISW

Certes, Moscou devra peut-être diminuer la cadence de tir, note encore l'ISW. Mais cela ne donnera pas un avantage intrinsèque aux forces ukrainiennes.

«Loin du front, la guerre en Ukraine est devenue un jeu de chiffres», résume CNN: «Qui peut acquérir, fabriquer et réapprovisionner davantage de chars, de balles et, surtout, d'obus d'artillerie».

Un premier char britannique détruit lors de la contre-offensive
Video: watson
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