Les guerres sont coûteuses. Elles coûtent d'innombrables vies humaines et causent des souffrances indicibles. Et elles «détruisent» beaucoup d'argent. Cela vaut aussi et surtout pour la guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine. Elle devait être terminée en quelques jours et dure depuis presque 18 mois. Cela met également à rude épreuve un Etat riche en ressources comme la Russie.
Rien qu'au premier trimestre 2023, le budget de l'Etat a enregistré un déficit de 2,4 billions de roubles - soit environ 26 milliards de francs - selon les données officielles. Alors que l'Ukraine est soutenue par l'Occident, le Kremlin doit lui-même voir comment financer sa guerre. Une conséquence logique est l'augmentation des impôts.
Mardi, Vladimir Poutine a fait suspendre par décret des accords fiscaux avec plus de 30 pays, dont la Suisse. Ils sont considérés comme hostiles par la Russie. Ces accords visent entre autres à éviter la double imposition. Avec cette suspension, la voie est libre pour la Russie de prélever des impôts supplémentaires.
Interrogé par l'agence Keystone-SDA, le Secrétariat d'Etat aux questions financières internationales (SFI) a indiqué que la Suisse avait «pris connaissance» de ce décret. Il s'inscrirait toutefois dans le schéma de ces derniers mois. Le gouvernement de Vladimir Poutine «invente» constamment de nouvelles taxes pour financer sa coûteuse guerre.
La loi sur l'impôt sur les bénéfices excédentaires a été signée la semaine dernière par Poutine. Le dirigeant du Kremlin finance sa guerre en «cannibalisant l'économie productive de la Russie», ont écrit les économistes Jeffrey Sonnenfeld et Steven Tian de l'université de Yale dans le magazine Time. Selon eux, cela nuit davantage à l'économie que les sanctions occidentales.
Les entreprises occidentales qui restent en Russie ressentent également la charge supplémentaire. Parmi elles, des sociétés suisses comme Japan Tobacco International (JTI), Glencore, Novartis ou Syngenta, dont le siège est à Genève. Elles «remplissent le trésor de guerre de Poutine», a critiqué une économiste ukrainienne dans le Sonntagsblick.
La Suisse serait en troisième position pour les entreprises étrangères en Russie, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. L'année dernière, les entreprises suisses auraient payé 275 millions de dollars d'impôts sur les bénéfices à l'Etat russe. Sonnenfeld, chercheur à Yale, a mis en doute ce chiffre dans le Sonntagsblick. Des erreurs se seraient glissées dans les données de Kiev.
Mais sur le fond, Sonnenfeld est dur comme fer. La présence d'entreprises occidentales en Russie est «une complicité avec l'invasion sanglante de Poutine». Cela changera peut-être avec la suspension des accords fiscaux. Et la collecte de nouvelles «taxes aléatoires».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)