L'Ukraine a accusé mercredi la Russie de préparer une «déportation massive» de la population des territoires récemment annexés, où l'évacuation des civils de Kherson a commencé et où Vladimir Poutine a décrété la loi martiale.
Parallèlement, les bombardements russes se sont poursuivis dans le nord de l'Ukraine, y compris à Kiev, dans l'est et le centre, mais aussi dans l'ouest, une zone en général plus épargnée par les combats.
L'état-major des forces ukrainiennes a évoqué une attaque «massive avec des missiles de croisière et des drones iraniens sur les infrastructures civiles des régions de Kiev, Tcherniguiv (nord), Vinnytsia (ouest), Ivano-Frankivsk (ouest), Donetsk (est), Dnipropetrovsk (centre), Zaporijjia (sud) et Mykolaïv (sud)», ainsi que de Tcherkassy (centre).
Depuis lundi, Kiev a été attaquée à plusieurs reprises par des drones kamikazes russe qui ont notamment visé des infrastructures énergétiques.
Plus au nord, un autre aéronef sans pilote, de fabrication iranienne, a explosé à Tcherniguiv, ont affirmé les Ukrainiens, qui ont fait état de trois blessés hospitalisés.
Dans la partie occidentale, «l'ennemi a frappé la centrale à charbon de Bourchtynska», ce qui a déclenché un incendie qui a par la suite pu être maîtrisé, ont signalé les autorités régionales d'Ivano-Frankivsk.
L'administration russe de la région de Kherson prévoit de déplacer «50 000 à 60 000» civils en quelques jours sur l'autre rive du Dniepr.
Le général Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations russes en Ukraine, avait reconnu mardi que la situation y était «très difficile».
Il s'agit de celles de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia dans lesquelles le président russe a ordonné mercredi l'instauration de la loi martiale, une mesure «nulle et non avenue», a réagi la diplomatie ukrainienne.
Vladimir Poutine se trouve désormais dans une «situation incroyablement difficile» : «il semblerait que le seul outil qui reste à sa disposition est de persécuter les citoyens ukrainiens» afin de «les intimider pour les amener à une capitulation, mais ce n'est pas ce qu'ils vont faire», a commenté son homologue américain Joe Biden.
Egalement dans la partie méridionale de l'Ukraine, une cinquantaine d'employés de la centrale nucléaire de Zaporijjia, aux mains des Russes depuis mars, sont «toujours prisonniers», a déploré l'opérateur ukrainien Energoatom, tandis que, depuis le début de la guerre, d'autres ont été «torturés», voire «tués».
L'armée russe, qui a envahi l'Ukraine le 24 février, est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est situé près de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre depuis l'été.
A l'approche de l'hiver, elle bombarde actuellement de très nombreuses infrastructures énergétiques dans toute l'Ukraine.
Face à cette situation, «des restrictions pour l'approvisionnement en électricité seront introduites dans toute l'Ukraine» à compter de jeudi, a fait savoir dans la soirée un conseiller de la présidence, Kyrylo Timochenko.
Au plan international, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait à huis clos mercredi à New York à propos du recours à des drones conçus par l'Iran dans la guerre en Ukraine, à la demande des Occidentaux.
L'Union européenne avait auparavant annoncé avoir rassemblé des «preuves» démontrant l'origine iranienne des aéronefs sans pilotes russes qui ont attaqué le territoire ukrainien et préparer des sanctions contre Téhéran.
L'Iran a quant à lui nié à plusieurs reprises ces derniers jours fournir des armes et en particulier des drones à la Russie pour ce conflit.
Dans un tout autre registre, le président Zelensky s'est félicité de la remise du prestigieux prix Sakharov du Parlement européen aux Ukrainiens, saluant son peuple qui se bat pour «la liberté et la démocratie». (ats/jch)