Ce n'est un secret pour personne. Viktor Orban n'est vraiment pas un partisan des sanctions de l'Union européenne contre la Russie. A ses yeux, elles sont inutiles et néfastes pour les affaires, peu importe la guerre en Ukraine. Vendredi, le premier ministre hongrois menaçait haut et fort de bloquer le renouvellement des sanctions, que l’UE doit approuver tous les six mois à l’unanimité.
Un scénario qui aurait eu de graves conséquences: la partie la plus importante des désormais 15 paquets de sanctions aurait été immédiatement caduque. Par exemple, Vladimir Poutine aurait de nouveau eu accès aux plus de 200 milliards d'euros de la Banque centrale russe, gelés depuis trois ans. De plus, le prêt de 50 milliards d'euros des pays du G7 à Kiev aurait été mis en péril. En résumé, la politique européenne de soutien à l'Ukraine aurait été réduite à néant.
Mais Viktor Orban a finalement fait marche arrière de manière spectaculaire lundi 27 janvier. Son ministre des Affaires étrangères a approuvé à Bruxelles le renouvellement des sanctions sans faire de vagues. La Hongrie a renoncé à toute manœuvre de perturbation.
La raison pour laquelle le premier ministre hongrois a cédé est évidente: il ne pouvait pas se permettre de se mettre à dos son grand ami, le président américain Donald Trump. Ce dernier avait menacé la semaine dernière de couvrir la Russie de toutes sortes de nouvelles sanctions si Poutine ne s'asseyait pas à la table des négociations avec lui. Et dans cette situation, Trump n'a tout simplement pas besoin que le chef de gouvernement d'un petit Etat d'Europe centrale s'interpose, en l'occurrence en levant unilatéralement la partie européenne des sanctions.
Résultat: Viktor Orban a dû serrer les dents et donner son feu vert. La seule chose qu'il a obtenue de l'UE en contrepartie a été une déclaration écrite sans substance de la vice-présidente de la Commission européenne, Kaja Kallas, sur la sécurité énergétique.
Le fond du problème réside dans un conflit sévère entre la Hongrie et la Slovaquie d'une part, et l'Ukraine d'autre part. Volodymyr Zelensky a, au début de l'année, interrompu le transit de gaz russe vers les deux pays, expliquant qu'il ne pouvait pas permettre à Poutine de continuer à gagner des milliards grâce au sang ukrainien. Depuis lors, Viktor Orban tente de relancer le transport de gaz, mais jusqu'à présent sans succès.
Le manque de solidarité de la part de l'UE envers le premier ministre hongrois s'explique aussi par le fait que tous les autres pays ont déployé de grands efforts pour réduire leur dépendance aux combustibles fossiles russes. Viktor Orban, en revanche, a pris une direction opposée, en renforçant encore cette dépendance par de nouveaux accords avec la Russie.
Effectivement, il n'est pas facile pour les pays enclavés comme la Hongrie et la Slovaquie de sortir de leur dépendance historique à la Russie. Cependant, l'Ukraine a proposé de transporter davantage de gaz de remplacement en provenance d'Azerbaïdjan vers l'Europe. Zelensky a déclaré:
Dernièrement, la Turquie a également proposé d'augmenter l'approvisionnement en gaz vers l'Europe. Cependant, la question reste de savoir si l'Azerbaïdjan dispose réellement des capacités nécessaires pour augmenter de manière significative ses livraisons en Europe. Certains observateurs craignent qu'à terme, ce soit de toute façon du gaz russe qui finisse par circuler dans les pipelines, même si cela se fait par des voies détournées.
Traduit et adapté par Noëline Flippe