Les Russes et Biélorusses ont trouvé un nouveau truc pour entrer dans l'UE en toute — ou disons, relative — tranquillité. Le gouvernement hongrois a ajouté ces deux nationalités à la liste de ceux qui peuvent entrer dans le pays via ce que l'on appelle la «carte nationale», comme le rapporte notamment l'édition hongroise de Forbes.
Selon Forbes, la «carte nationale» s'appliquait jusqu'à présent aux travailleurs immigrés de Serbie et d'Ukraine. Mais depuis le 8 juillet, les Russes, les Biélorusses et les personnes de quatre autres nations peuvent également en faire la demande. Elle permet à ses titulaires de travailler dans n'importe quelle profession et d'appliquer le rassemblement familial. Elle est valable pour deux ans, puis peut être renouvelée autant de fois que nécessaire.
András Rácz, spécialiste de la Russie au think tank allemand du Conseil des relations étrangères (Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, DGAP), a affirmé à Forbes qu'il y avait un risque que cette réglementation représente un risque sérieux pour la sécurité nationale.
L'expert redoute que les espions de Poutine utilisent cette méthode pour entrer en grand nombre sur le territoire de l'UE et de l'espace Schengen. Cela serait facilité par le fait qu'il n'y a pas de limite au nombre de personnes autorisées à demander une telle carte. De plus, selon Rácz, les autorités hongroises ne sont en ce moment pas capable d'augmenter leurs ressources pour les contrôles de sécurité.
«Dans le cas d'espions russes sous couverture diplomatique, il est cohérent d'effectuer des missions en Slovaquie, en Autriche, en Hongrie ou même en Allemagne avec une accréditation obtenue à Prague par exemple», explique l'expert du DGAP.
Le premier ministre hongrois Viktor Orbán est actuellement très critiqué au sein de l'UE en raison de ses relations étroites avec la Russie. Son pays assure la présidence du Conseil de l'UE depuis le 1er juillet. Quelques jours plus tard seulement, il s'est rendu spontanément et sans concertation en Ukraine, en Russie et en Chine, se mettant en scène comme médiateur de paix. On ne sait rien des éventuels résultats.
Les autres pays de l'UE, à l'exception de la Slovaquie, ont condamné l'action isolée de la Hongrie. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a en outre annoncé des conséquences: entre autres, les réunions réunissant tous les ministres d'un même domaine seront boycottées à Budapest.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)