Voici le point commun entre la rébellion en Syrie et Les Experts Miami
La rébellion du leader d'opposition islamiste Abou Mohammed Al-Joulani a réussi: en quelques jours, la dictature sanglante du tyran Bachar al-Assad s'est écroulée. A Damas, des manifestations de joie ont éclaté et un vent de fraîcheur libératrice semble souffler sur le pays.
Enfin, à première vue.
Je me suis dit que c'était le bon moment pour revenir sur une chanson qui ne semble avoir rien de politique de prime abord, mais qui évoque pourtant pleinement la révolution de manière explosive: Won't get fooled again, des Britanniques timbrés et bondissants de The Who.
La chanson 👇🏻
Ca bastonne dans les rues
C'est la chanson du générique des Experts: Miami? Oui, on sait. 😎 Et cela ne lui rend pas vraiment honneur, à vrai dire. Car les paroles de la chanson sont d'une actualité brûlante. Jugez par vous-mêmes:
With our children at our feet
And the morals that they worship will be gone
Avec nos enfants à nos pieds
Et la morale qu'ils vénèrent aura disparu
Le peuple est dans la rue et les combats s'ensuivent. Tel le tableau La Liberté guidant le peuple, la chanson des Who datant de 1971 commence dans le chaos et la violence.
Le nouveau système, qui a démis la dictature, annonce de glorieux lendemains qui chantent.
Take a bow for the new revolution
Smile and grin at the change all around
Je salue la nouvelle révolution
Je souris et grimace au changement tout autour
Qui profitera de ce changement de pouvoir brutal? Puisqu'on ne sait pas de quoi l'avenir sera fait, mieux vaut se mettre à genoux et prier:
Just like yesterday
Then I'll get on my knees and pray
We don't get fooled again
Comme je l'ai fait hier
Puis je me mettrai à genoux et prierai
Pour qu'on ne se fasse plus avoir
L'Histoire se répète
Le renversement de pouvoir était inévitable. Il était même nécessaire:
We knew it all along
On le savait depuis le début
Mais l'Histoire a tendance à se répéter et un changement de régime ne représente pas forcément la fin des ennuis:
And history ain't changed
Et l'histoire n'a pas changé
Les nouveaux arrivants sont-ils au final mieux que les précédents? Seraient-ils même pires? La situation peut rapidement se retourner contre les révolutionnaires:
If we happen to be left half-alive
Si on arrive à s'en sortir à moitié vivants
Yeah
La révolution est terminée. Après les combats dans les rues, l'ordre est revenu:
Looks any different to me
And the slogans are effaced, by-the-bye
Qui ne me semble pas différent
Et les slogans ont été effacés, d'ailleurs
Les choses reprennent leur place. Et les slogans propices à la révolution — comme son message? — disparaissent de murs.
Is now parting on the right
And the beards have all grown longer overnight
Et puis des scissions à droite
Et les barbes se sont allongées du jour au lendemain
Et oui: après les promesses, la réalité revient durement frapper la politique. Les scissions et divisions s'enchaînent. Quant aux barbes qui s'allongent...
Après le «yyeeeeeaaaaahhhh» cultissime, qui évoque les meurtres les plus sordides de la Floride mais aussi l'explosion de joie des rebelles, le texte se finit par un très évocateur:
Same as the old boss
Le même que l'ancien patron
La révolution est morte, vive la révolution. On pourra continuer d'écouter cette chanson mythique du rock avec un plaisir lui aussi très cyclique.
