L'art imite la vie et parfois, la vie imite l'art. Après plus d'un an d'un conflit vicié au Proche-Orient, et alors que l'invasion russe en Ukraine s'éternise, je me suis dit que la meilleure façon d'évoquer l'animalité délétère et pernicieuse de la guerre, c'était peut-être de faire un détour en musique.
Des chansons qui parlent de guerre, il y en a des tas. Mais les paroles de la chanson de Pink Floyd, Dogs of war, les «Chiens de guerre» évoquent quelque chose de particulier pour moi. Sorti en 1987 sur l'album A momentary lapse of reason («Une perte momentanée de raison»), le titre du groupe de rock prog iconique pointe du doigt ces dirigeants qui s'entêtent à vouloir détruire leur opposant, coûte que coûte, et sans égards pour les civils.
Ce son implacable et inquiétant commence comme une marche macabre, accompagnée de bruits de chiens grognants. Quant aux paroles, écrites il y a près de 40 ans, elles sont d'une pertinence douloureusement flagrante en 2024, dénonçant le cynisme obscène de ceux qui décident de qui doit vivre ou mourir:
Ça continue avec des paroles glaçantes:
Le refrain est entêtant:
Ces paroles pourraient tant représenter les leaders du Hamas ou du Hezbollah, que les chefs à la tête de l'armée israélienne, les Mollahs iraniens, Poutine ou des officiers américains qui décident quand aura lieu la prochaine frappe de drones. Ou encore des producteurs de munitions en tout genre, car la guerre, pour certains, ça rapporte:
Le solo de guitare de la chanson est suivi par un saxophone délirant, comme une poussée fiévreuse dans les ruines de la guerre. De retour au micro, David Gilmour envoie les paroles les plus puissantes du texte:
Ils ne lâcheront pas. Entre les bombardements massifs sur la bande de Gaza du côté de Netanyahou et le fait de cacher ses combattants, ses entrées de tunnel et ses armes au sein de la population civile du côté du Hamas, financé par l'Iran, ce sont les civils qui meurent.
N'écoutez pas cette chanson sous champignons.
Si A Momentary lapse of reason ne fait pas partie des albums les plus emblématiques de Pink Floyd — à mi-chemin entre les années Waters et le rock de papa de Gilmour —, près de quarante ans plus tard, la terrible justesse des paroles de cette chanson anti-guerre résonne. En espérant qu'on n'ait pas besoin de l'écouter trop souvent pour se le rappeler.