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Il a renversé Bachar al-Assad: voici Abu Mohammed al-Joulani

En 2003, al-joulani a rejoint des groupes extrémistes en Irak pour combattre les troupes US.
En 2003, Dschulani a rejoint des groupes extrémistes en Irak pour combattre les troupes américaines.Image: Capture d'écran CNN

En 12 jours, il a renversé Assad: qui est Abou Mohammed al-Joulani?

Agé de 42 ans, il pourrait devenir le nouvel homme fort de la Syrie. Voici le puissant commandant de l'organisation HTS.
09.12.2024, 05:2909.12.2024, 14:21
Bojan Stula et Amira Rajab
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Abou Mohammed al-Joulani a accompli en douze jours ce que d'autres ont tenté en vain de faire pendant plus d'une décennie: ébranler le régime de Bachar al-Assad et chasser le dictateur syrien. A la tête de l’organisation islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), al-Joulani a travaillé pour se donner l'air d'un leader mesuré et réfléchi, autant avant qu'après cette victoire éclatante.

Ainsi, le chef du HTS a promis, sur les réseaux sociaux, une transition pacifique vers un nouveau pouvoir en Syrie. L'expert du Moyen-Orient, Fawaz Gerges, professeur à la London School of Economics, salue également cette «maturité» affichée par al-Joulani et son organisation dans le contexte syrien.

Dans une interview accordée à CNN, al-Joulani a annoncé son intention d’instaurer de l’«ordre dans les affaires civiles, sociales et militaires». Il affirme que la Syrie mérite un gouvernement institutionnel qui garantisse les droits et la sécurité de tous ses citoyens, y compris des minorités. Cette déclaration contraste fortement avec son passé: il est encore activement recherché par les Etats-Unis, qui ont offert une prime de 10 millions de dollars pour sa capture.

Cependant, le leader de 42 ans s’est attelé ces dernières années à une transformation méticuleuse de son image.

L'interview en question 👇

Vidéo: YouTube/CNN

Aujourd’hui, al-Joulani se présente comme un dirigeant modéré. Certains observateurs internationaux commencent même à le considérer comme un « garant de la sécurité » potentiel. Ce changement de perception s’étend également à l’intérieur de la Syrie, où il a gagné en popularité ces derniers jours, même parmi ceux qui appelaient auparavant à sa chute.

Une trajectoire marquée par la guerre

Mais rembobinons pour savoir d'où vient Al-Joulani, ou plutôt, de son vrai nom, Ahmed Hussein al-Charâa. Notre homme a rejoint, en 2003, des groupes extrémistes en Irak pour combattre les troupes américaines. Il a évolué dans les cercles d'Al-Qaïda, à l’origine du groupe Etat islamique (EI, Daech). Il a confié à CNN qu’il s’était engagé à l’époque pour «défendre le peuple irakien».

Après le déclenchement de la guerre civile en Syrie, en 2011, al-Joulani s’est vu confier de plus grandes responsabilités. Sous les ordres du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, il est retourné en Syrie pour diriger le Front al-Nosra, une branche locale d'Al-Qaïda. Dans le conflit syrien, ce groupe combattait les forces gouvernementales de Bachar al-Assad et les milices kurdes.

Mais en 2014, les tensions ont éclaté entre l’EI et Al-Qaïda. Les deux entités sont devenues rivales. c'est a ce moment qu'Al-Joulani a pris ses distances avec leurs ambitions transnationales pour concentrer ses efforts sur le théâtre syrien. Ce tournant a conduit ses troupes à s’opposer avec fermeté à d’autres groupes extrémistes dans le nord-ouest du pays.

Une ambition évidente

Depuis, le Front al-Nosra a connu plusieurs transformations idéologiques, jusqu’à devenir Hayat Tahrir al-Cham, organisation qui se concentre sur la libération de la Grande Syrie.

«Al-Joulani est obsédé par le pouvoir», explique Orwa Ajjoub, analyste spécialisé dans le conflit syrien et le djihadisme. Sous sa direction, HTS a réussi à établir une sorte de gouvernement alternatif dans le nord-ouest de la Syrie, offrant une base solide pour leurs récentes avancées militaires.

Peut-on s'y fier?

Aujourd'hui, et malgré les développements de ces dernières années, les Etats-Unis et l’Union européenne considèrent encore HTS comme une organisation terroriste. Ces dernières années, le groupe a été accusé de torture, de violences diverses et de persécutions contre les minorités.

Notons cependant, que notre expert Orwa Ajjoub estime qu’al-Joulani ne représente pas une menace directe pour l’Occident aujourd’hui. Il aurait même réussi à tisser des liens avec la communauté internationale, bien que ces relations restent discrètes.

Pour Riad Kahwaji, fondateur de l’Institut militaire Inegma à Dubaï, cette mutation du groupe djihadiste et de son chef relève avant tout de l’opportunisme. Al-Joulani se présente comme une figure nationaliste prônant l’unité et la coexistence avec les minorités. Il veut apparaître comme un politicien à la tête d’une milice, une stratégie qui semble servir des ambitions personnelles. Quant à savoir s’il vise la présidence syrienne... (adapté par jah)

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