International
Donald Trump

Le procès qui effraie Trump a vraiment démarré et on y était

Procès de Trump à New York: on est sur place
Maintenant que les douze jurés sont connus, le procès entre dans le gras du sujet.image: getty, montage: watson

Le procès qui effraie Trump a vraiment démarré et on y était

L'ouverture du procès pénal de l'ex-président américain promet quelques semaines d'évènements dramatiques. Notre correspondante à New York vous raconte l'ambiance cinématographique qui s'y trame.
23.04.2024, 11:56
Susanna Petrin, New York / ch media
Plus de «International»

Dans un tribunal, les choses ne se passent pas comme dans les films, avertissait le juge Juan Merchan, aux douze jurés du procès pénal de l'ex-président Donald Trump. C'est peut-être vrai en ce qui concerne certaines règles et normes – pourtant, on a rarement vu un procès aussi digne d'un scénario cinématographique.

Cela tient en premier lieu à l'accusé, Donald J. Trump, l'une des figures les plus intrigantes de l'histoire récente. C'est aussi dû aux témoins qui vont défiler dans les jours et les semaines à venir au tribunal pénal de Lower Manhattan: une actrice porno, une Playmate, l'éditeur d'un journal à sensation ainsi qu'un ancien avocat de l'accusé, qui produit maintenant des podcasts haineux contre son ancien employeur.

L'affaire en elle-même est digne d'un film, et notamment dans la version présentée lundi par le ministère public, au moment de sa plaidoirie d'ouverture. C'est l'histoire d'une conspiration entre Donald Trump, son ex-avocat Michael Cohen et David Pecker, l'éditeur du tabloïd National Enquirer. Les trois hommes se seraient rencontrés en août 2016 à Manhattan, dans la Trump Tower, pour une réunion décisive.

C'est donc peu avant les élections présidentielles de novembre 2016 que, selon le procureur, le trio a décidé de s'opposer ensemble à toute une version de l'histoire qui pourrait nuire à la candidature du milliardaire. A partir de là, le futur 45e président des Etats-Unis aurait versé de l'argent au tabloïd pour empêcher la publication d'articles qui ne lui convenaient guère. ,

«Le même média a été utilisé pour attaquer les adversaires politiques de Trump»
Le procureur Matthew Colangelo, lundi, au tribunal

Trois paiements pour acheter le silence

On a connaissance de trois paiements versés à différentes personnes pour acheter leur silence: 30 000 dollars à un portier de la Trump Tower qui avait affirmé que Donald Trump avait eu un enfant hors mariage – une histoire qui s'est révélée fausse. 150 000 dollars à la mannequin de Playboy Karen McDougal. Finalement et le cas le plus connu: 130 000 dollars à l'actrice de film pornographique au nom de scène de Stormy Daniels.

L'achat du silence n'est pas illégal en soi, et la chasse des procureurs se déroule sur un autre terrain. Ce qui est illégal, c'est que les paiements ont été déclarés à tort, par exemple au moyen de chèques, comme des honoraires d'avocat pour Michael Cohen. Le procureur Matthew Colangelo a également montré avec quelle énergie, selon lui, Donald Trump et son équipe ont procédé pour falsifier les comptes. Ils ont par exemple créé une société-écran ou augmenté les honoraires de suppléments avant la déduction fiscale, comme pour un salaire, et les ont ensuite divisés en mensualités.

L'air féroce de Trump

Donald Trump a écouté tout cela en gardant un air féroce, stoïque. A ce stade du procès, il n'a pas encore le droit de prendre la parole. Ce qui n'empêche pas le candidat républicain de crier d'autant plus fort dans les micros des journalistes, juste avant et après les sessions au tribunal. On pouvait l'entendre sur plusieurs mètres, du quinzième étage du palais de justice, insulter les juges et les procureurs de ce procès, mais aussi de celui, civil, qui se déroule en parallèle.

«C'est une chasse aux sorcières», a-t-il hurlé, «c'est un jour très triste pour l'Amérique». L'ouverture de l'audience de lundi a dû lui faire un peu peur. L'accusation, en la personne de Matthew Colangelo, a annoncé à plusieurs reprises qu'ils présenteraient bientôt «un flot d'e-mails et de SMS», ainsi que de nombreux documents et enregistrements sonores pour corroborer leurs déclarations.

Trump a une autre version

En revanche, la version de l'histoire présentée par la défense pourrait difficilement faire l'objet d'un blockbuster, car les avocat tentent de rendre l'affaire affreusement banale.

«Donald Trump est innocent. Les 34 chefs d'accusation ne sont que 34 morceaux de papier»
Todd Blanche, l'avocat principal de Trump

Selon lui, la soi-disant conspiration est en réalité un travail de campagne normal. «Il n'y a rien de mal à influencer une élection», a-t-il déclaré, «cela s'appelle la démocratie, ce n'est pas un crime». Il a qualifié les pots-de-vin d'«accords de confidentialité», ce qui est courant dans le monde des affaires et n'a rien d'illégal. Par le biais de la diffamation, certaines personnes auraient «tenté d'humilier Donald Trump et sa famille». Il est donc normal de s'y opposer, nous dit Blanche.

A certains égards, Donald Trump est «bigger than life», plus grand que nature, comme l'a déclaré son avocat en s'adressant aux membres du jury. «Mais ici, dans cette salle d'audience, il fait ce que chacun d'entre nous ferait: il se défend.» Donald Trump a certes été le 45e président des Etats-Unis.

«Trump est aussi un être humain, un mari, un père»
Son avocat, Todd Blanche

Il a en revanche décrit comme «monstrueux» les témoins qui témoigneront probablement contre lui dans l'affaire, notamment l'ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, qui rêve de voir son ancien client croupir en prison. «Hier soir encore, Michael Cohen a dit qu'il voulait voir Trump dans une combinaison orange.» Tandis que l'actrice porno Stephanie Clifford, alias Stormy Daniels, serait avide d'argent et aurait déjà gagné des centaines de milliers de dollars dans cette histoire, selon les mots de l'avocat.

L'éditeur David Pecker est entré dans la salle peu après en tant que premier témoin. Un homme visiblement âgé de 72 ans, aux cheveux blancs, avec une moustache et des lunettes. Ses pratiques commerciales pour le moins curieuses consistent apparemment souvent à gagner plus d'argent avec des histoires non publiées qu'avec celles qu'il publie. En outre, selon le parquet, Donald Trump avait même le droit de relire les articles diffamatoires sur ses adversaires avant leur publication. L'interrogatoire de David Pecker vient de commencer et se poursuivra mardi. Le spectacle continue.

(aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté par Tanja Maeder

0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Kiev met aux enchères le yacht du «plus grand traître d'Ukraine»
L'Ukraine veut remplir les caisses de l’Etat en mettant aux enchères le mégayacht d'un oligarque russe. Elle espère que d'autres suivront.

L'Ukraine vend aux enchères un yacht de luxe saisi dans le cadre des sanctions de l'UE contre la Russie. La société néerlandaise Troostwijk Auctions a été chargée de gérer la vente aux enchères du «MY Royal Romance». Les recettes devraient être reversées à l'Etat ukrainien.

L’article