C'est désormais officiel: l'Iran recevra, fin mars, au moins 24 avions de combat de type Sukhoi SU-35S. C'est ce qu'a annoncé le député iranien Shahriar Heidari devant des journalistes locaux. Selon les informations des services secrets occidentaux, les jets ultramodernes sont prêts à être expédiés par l'usine aéronautique russe de Komsomolsk-sur-l'Amour. Ils avaient été initialement produits pour l'Egypte. La république du Nil a, toutefois, dû se retirer du contrat après les menaces de sanctions des Etats-Unis.
Pour l'armée de l'air iranienne, la livraison du SU-35S représenterait un saut technologique gigantesque. En raison des sanctions internationales, le pays doit jusqu'à présent utiliser les F-4 (Phantom) et F-14 (Tomcat) américains livrés à l'époque du Chah, il y a donc plus de 40 ans. Avec ces nouveaux avions de combat, l'Iran serait probablement en mesure de s'imposer face à l'armée de l'air saoudienne équipée par les Etats-Unis. Les SU-35S, qui seront déployés à Ispahan au centre de l'Iran, représentent également un sérieux défi pour Israël et l'armée de l'air américaine stationnée dans le Golfe persique.
Pendant des années, la Russie a hésité à livrer des avions de combat ultramodernes à l'Iran. Cette réticence n'a été levée qu'après le début de l'invasion de l'Ukraine. Cette guerre a révélé les faiblesses flagrantes de l'armée russe. Moscou a soudainement dépendu de la livraison de drones iraniens et a été de facto placée sous la dépendance de l'Iran. A y regarder de plus près, ceci est un témoignage d'impuissance.
Les Iraniens profitent désormais de la faiblesse russe. Désormais, Téhéran a annoncé que les Russes ne recevraient du matériel de guerre supplémentaire que si les avions de combat SU-35S étaient livrés. Le Washington Post a spéculé que l'accord a vraiment été conclu qu'après que l'Iran ait promis à Moscou de lui livrer des missiles balistiques de sa propre fabrication afin de réapprovisionner son arsenal qui se vide gentiment.
L'Iran est l'un des principaux fournisseurs d'armes au Moyen-Orient. L'embargo international sur le commerce de la technologie des missiles n'a pas entravé le développement d'armements modernes, mais l'a en réalité accéléré. Les missiles iraniens ont une portée allant jusqu'à 2000 kilomètres. Ce sont surtout les missiles Fateh-110 et Zolfaghar qui ont attiré l'attention. Ils sont actuellement tirés par les Houthis sur les champs pétrolifères et les raffineries saoudiennes et utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens contre des cibles américaines en Irak et en Syrie.
Le «succès» relatif de ces armes téléguidées les a également rendues intéressantes pour la Russie. On part du principe que des Fateh-110 et des Zolfaghar iraniens sont déjà stockés dans des silos russes, explique l'expert en armement Markus Schiller qui travaille pour la société de conseil munichoise ST Analytics. Selon lui, les missiles à combustible solide sont relativement faciles à manipuler, car ils ne nécessitent pas de ravitaillement sur le terrain.
On ne sait pas si les missiles iraniens ont déjà été utilisés contre des cibles en Ukraine. Mais ils représentent «une menace considérable» pour ce pays d'Europe de l'Est, souligne Markus Schiller. Le guidage de ces armes balistiques étant désormais «impressionnant», chaque recoin de l'Ukraine pourrait être ciblé.
L'expert militaire Gustav Gressel de l'European Council of Foreign Relations craint que les missiles iraniens ne soient difficiles à abattre par la défense aérienne ukrainienne, car ils frappent «très rapidement et à angle aigu», contrairement aux missiles de croisière russes volant à basse altitude.
Leur utilisation ne donnerait pas aux Russes de nouvelles capacités militaires. Mais dans la guerre d'usure contre l'infrastructure civile en Ukraine, ces armes ne manqueront pas de faire leur effet. (aargauerzeitung.ch)