Les relations entre Israël et la République d'Irlande sont plus tendues que jamais. Les dirigeants politiques de l'île d'émeraude ont critiqué pendant des semaines l'offensive contre Gaza, des universitaires irlandais ont appelé au boycott des scientifiques israéliens, et l'opposition irlandaise demande désormais l'expulsion de l'ambassadrice israélienne.
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La tension a atteint son paroxysme après un tweet ambigu du premier ministre irlandais Leo Varadkar, auquel le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a riposté: l'Irlandais conservateur aurait «perdu sa boussole morale» et devrait «faire face à la réalité».
Mr. Prime Minister,
— אלי כהן | Eli Cohen (@elicoh1) November 26, 2023
It seems you have lost your moral compass and need a reality check!
Emily Hand was not “lost”, she was kidnapped by a terror organization worse than ISIS that murdered her stepmother.
Emily and more than 30 other Israeli children were taken hostage by Hamas,… https://t.co/CD5wIZJN4i
Le conflit s'est enflammé à la suite d'un événement qui aurait dû provoquer une joie sans réserve: parmi les otages du Hamas libérés, ce week-end, figurait la seule citoyenne irlandaise enlevée dans la bande de Gaza. La jeune Emily Hand se trouvait chez sa belle-mère lorsque les attaques du Hamas ont commencé dans le sud d'Israël le 7 octobre.
On a d'abord cru qu'Emily avait été victime du Hamas, comme sa belle-mère. Ce n'est que plus tard qu'il s'est avéré qu'elle avait survécu. Elle a fêté son neuvième anniversaire en captivité.
Le chef du gouvernement conservateur a célébré sa libération sur le réseau social X dans un langage quasi-religieux. En ce «jour d'immense joie et de soulagement», «un enfant innocent qui était perdu a été retrouvé et ramené». Les prières irlandaises auraient été entendues.
Perdu, retrouvé? Le porte-parole de Varadkar a tenté de réparer cette grave erreur de communication, mais c'était déjà trop tard. Le politicien, qui a été élevé catholique, mais qui n'est plus religieux, aurait voulu faire allusion au cantique «Amazing Grace». Le poète s'y décrit comme un «pauvre bougre qui s'est perdu, mais qui est maintenant retrouvé» («I once was lost, but now am found»); le récit d'une conversion chrétienne.
Le tweet original a fait le tour du monde – et a immédiatement suscité l'indignation. «Qu'est-ce qui tourne pas rond en Irlande?», a commenté le Jerusalem Post. Le ministre des Affaires étrangères Cohen a répondu sur X que le premier ministre avait probablement perdu tout sens moral:
La réaction de Cohen rappelle son attaque furieuse contre les chefs de gouvernement espagnol et belge. Pedro Sánchez et Alexander de Croo ont critiqué vendredi les bombardements israéliens lors d'une visite au point de passage de Rafah entre l'Egypte et la bande de Gaza. Les Européens auraient fait de «fausses allégations» et auraient ainsi «soutenu le terrorisme», a fulminé Cohen, qui a convoqué les ambassadeurs des deux pays.
En début de semaine, les diplomates espagnol et belge se sont rendus chez Cohen avec leur collègue irlandaise Sonya McGuinness. L'ambassadrice a répliqué à la réprimande du ministre des Affaires étrangères en rappelant la position du gouvernement irlandais: la libération sans réserve de tous les otages doit être suivie d'un cessez-le-feu et d'aide humanitaire pour Gaza. L'Irlande soutient que la solution à deux Etats est la seule manière d'atteindre une paix et une sécurité durables dans la région.
C'est précisément cet argument que l'Irlande a tenté de mettre à l'ordre du jour des réunions du Conseil des ministres de l'UE, en collaboration avec le Luxembourg, sans grand succès. L'attaque de Cohen contre le Taoiseach (chef en gaélique) a renforcé la détermination de l'opposition irlandaise, menée par les apologistes du terrorisme du Sinn Féin, à faire pression pour l'expulsion de l'ambassadrice israélienne Dana Erlich.
La diplomate israélienne s'était publiquement défendue contre l'accusation selon laquelle Israël violait le droit international: «L'Irlande n'est pas neutre en ce qui concerne Israël et les Palestiniens».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci