«Nous manquons de temps», lance Yuval Haran à la foule devant le musée d'art de Tel Aviv. Des centaines de proches et de soutiens ont répondu à son appel à marcher de Tel Aviv à Jérusalem pour exiger des réponses du gouvernement israélien.
Concrètement, les manifestants à Jérusalem veulent que les membres du cabinet de guerre leur indiquent quelles sont les exigences précises du gouvernement de Benjamin Netanyahou envers le Hamas pour que les quelque 240 otages soient libérés. «Rencontrez-nous et exprimez ce qu'Israël exige dans l'accord sur les otages», dit-on du côté du cortège de manifestants.
L'ancien habitant du kibboutz Be'eri, envahi le 7 octobre, soupçonne sept proches d'être aux mains du Hamas à Gaza, dont sa sœur Adi, avec son mari Tal et leurs deux enfants Yahal et Neve. Il veut «une réponse sur la raison pour laquelle nos familles sont toujours à Gaza», dit Haran.
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Depuis des semaines, les proches des personnes enlevées patientent autour du quartier général de l'armée dans le centre-ville de Tel Aviv. Certains d'entre eux dorment dans des tentes. Une longue table dressée symbolise les otages, un grand sablier l'attente d'informations.
Beaucoup se sentent abandonnés par le gouvernement, comme Shelly Shem-Tov:
Cette déclaration est celle de la mère d'Omer, 21 ans. Son fils a été enlevé par le Hamas pendant le festival de musique Nova.
Les nouvelles sur les otages sont rares et, lorsqu'elles le sont, elles proviennent souvent du Hamas lui-même. Lundi soir, une vidéo a circulé montrant Noa Marciano, enlevée à la base militaire de Nahal Oz. La jeune fille de 19 ans y donne le nom de ses parents et raconte en hébreu que de violents raids aériens ont eu lieu. S'ensuit une coupe et l'image de son corps. Selon les brigades Kassam, le bras armé du Hamas, elle aurait été tuée le 9 novembre lors d'un bombardement.
Ces informations ne peuvent pas être vérifiées, mais l'armée a confirmé leur mort mardi matin et a condamné la «terreur psychologique» du Hamas. Ce n'est pas l'avis de Daniel Elgarat, le frère d'Itzik, également enlevé. «Nous voulons que l'Etat arrête sa terreur psychologique contre nous», dit-il lors de la manifestation à Tel Aviv.
Jusqu'à présent, l'offensive terrestre israélienne à Gaza a donné peu de résultats en ce qui concerne les otages. Le Hamas a libéré quatre personnes enlevées en octobre. Le 30 octobre, des soldats ont libéré un autre otage. Plus de 40 soldats ont été tués dans les combats à Gaza. Les attaques israéliennes ont fait plus de 11 000 morts selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Mais concernant la recherche des quelque 240 autres prisonniers, les nouvelles restent rares.
C'est dans ce contexte que le porte-parole de l'armée Daniel Hagari a présenté, lundi soir, des enregistrements vidéo censés montrer une cachette d'otages sous l'hôpital Rantisi récemment évacué dans la ville de Gaza. On y voit notamment un biberon, une corde attachée à une chaise ainsi qu'une cache d'armes.
Le Hamas aurait en outre géré un centre de commandement souterrain en plus des locaux destinés aux otages. L'un des dirigeants du Hamas, Khalil al-Haja, a parlé à la chaîne Al-Jazeera de fausses accusations.
Lors de la marche des proches, les avis divergent sur les mesures à prendre. Certains demandent la fin des combats et des négociations sur un éventuel échange de prisonniers, d'autres font confiance au commandement de l'armée et soutiennent l'offensive terrestre. Mais un nom revient sans cesse: Netanyahou.
La cote d'approbation du chef du gouvernement israélien est tombée à un niveau historiquement bas depuis l'incursion du Hamas. Alors que le chef d'état-major de l'armée, le ministre de la Défense et le chef des services de renseignement ont tous déjà déclaré publiquement leur complicité dans l'échec des services de sécurité, Netanyahou n'a jusqu'à présent assumé aucune responsabilité.
Le chef du gouvernement maintient jusqu'à présent qu'il n'a pas été averti par les services de sécurité. Il n'a pas annoncé de conséquences telles qu'une démission. Il a seulement évoqué le fait qu'après la guerre, des questions seraient posées auxquelles il devrait lui aussi répondre. Selon un sondage de la chaîne de télévision Kanal 13, trois Israéliens sur quatre ont demandé début novembre son départ pendant ou après la fin des combats.
Traduit et adapté par Noëline Flippe