Il était considéré comme un objectif stratégique important dans la guerre entre le groupe terroriste Hamas et l'Etat d'Israël: l'hôpital al-Shifa, à Gaza. Mais depuis que l'armée israélienne (Tsahal) a pénétré dans l'hôpital dans la nuit de mardi à mercredi, de nombreuses questions restent sans réponse.
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Selon Tsahal, des armes ont certes été saisies sur place, mais les 200 terroristes du Hamas qu'on pensait trouver dans l'hôpital n'y étaient pas.
Pas tout à fait: cinq terroristes du Hamas auraient été tués à l'extérieur de l'hôpital. Depuis plusieurs jours, la région autour de l’établissement est âprement disputée. Les violents combats de mercredi ont été confirmés par un médecin qui s'est rendu sur place. Des échanges de tirs et des bombardements auraient eu lieu pendant des heures, comme l'a déclaré le médecin au Washington Post. Ces informations n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.
L'armée israélienne espérait probablement davantage de cette intervention. On attribue à l'hôpital al-Shifa une importance stratégique particulière – et cela depuis longtemps.
Lors du conflit de Gaza en 2014, les experts militaires israéliens ont déjà indiqué que le Hamas utilisait cet hôpital comme refuge et se cachait dans des systèmes de tunnels sous-jacents. «Al-Shifa est un symbole, personne parmi les dirigeants du Hamas n'aurait pu imaginer que nous nous y rendrions», a réaffirmé Daniel Hagari, le porte-parole de l'armée israélienne.
Un médecin sur place a confirmé à la BBC qu'il y avait des systèmes de tunnels sous l'hôpital, mais que c'était le cas sous pratiquement tous les bâtiments.
PREVIEW: Inside Gaza’s Al-Shifa hospital. We were shown weapons in the radiology building. We were not shown any tunnels. The raid is ongoing at this hour. Hundreds of Palestinians are still inside. I questioned the IDF about criticism over the operation. More airs tomorrow. pic.twitter.com/nwcvpHS1tB
— Trey Yingst (@TreyYingst) November 15, 2023
On ne sait pas exactement où se trouvent les combattants. Ce qui est clair en revanche: le Hamas a eu le temps de se préparer. Il était prévisible que l'armée israélienne tenterait tôt ou tard de pénétrer dans l'hôpital. Il se pourrait donc que l'organisation terroriste ait trouvé refuge ailleurs.
Mais le nombre de cachettes possibles diminue à mesure que l'armée israélienne progresse. Ainsi, on soupçonne que les terroristes du Hamas pourraient s'être mêlés à des civils pour s'échapper et qu'ils se trouvent désormais en plus grand nombre dans le sud de Gaza.
Car même si les chiffres de l'armée israélienne, selon lesquels 5000 terroristes du Hamas ont été tués jusqu'à présent, sont exacts, cela ne représente qu'une petite partie des 30 000 terroristes du Hamas estimés au total.
Les médias israéliens comme le Jerusalem Post s'interrogent donc sur la stratégie de l'armée. Pourquoi celle-ci ne s'est-elle pas rendue plus tôt à l'hôpital? A-t-elle laissé trop de temps aux terroristes? L'armée elle-même ne semble pas avoir de réponses à ces questions. Mercredi, Tsahal s'est contenté de dire qu'il s'agissait d'une «opération précise et ciblée».
Dans une vidéo de sept minutes, Jonathan Conricus, un autre porte-parole de l'armée, a présenté ses trouvailles: derrière un appareil IRM, on a découvert un sac contenant un fusil d'assaut, des munitions, des grenades et un uniforme.
Un des équipements portait l'inscription «Qassam», la branche armée du Hamas. De nombreuses informations pertinentes pour les services de renseignement ont également été découvertes. Toutes ces trouvailles font actuellement l'objet d'une enquête.
En revanche, aucun indice n'a été trouvé concernant les otages enlevés par le Hamas. C'était pourtant l'un des grands espoirs liés à l'opération.
L'armée israélienne a trouvé à l'hôpital des centaines de patients dans un état parfois effroyable. Des images montrent des soldats apportant à l'hôpital des caisses d'aliments pour bébés et de produits médicaux. Des couveuses pour prématurés ont également été livrées. Selon l'armée, les soldats étaient accompagnés d'une équipe médicale et de médecins parlant arabe.
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2000 personnes, dont probablement plus de 600 patients et environ 1500 personnes déplacées, se trouvaient lundi dans la clinique d'al-Shifa, au nord de la bande côtière bouclée. Ces données reposent sur des estimations du ministère de la Santé local, contrôlé par le Hamas. Des témoins oculaires ont toutefois confirmé ces chiffres.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder