Plus d'un million de personnes ont fui dans la panique le nord de la bande de Gaza. Israël poursuit la mobilisation de ses troupes aux abords de la zone en vue d'une offensive terrestre imminente contre le Hamas palestinien.
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Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils, selon un dernier bilan israélien. Les représailles israéliennes ont tué au moins 2670 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.
A la manoeuvre depuis plusieurs jours, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes. Dimanche, au neuvième jour du conflit, l'armée de l'air israélienne a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que les combattants du Hamas ont continué de tirer des roquettes en direction d'Israël.
L'armée israélienne a mené des dizaines de frappes contre les quartiers de Tal al-Hawa et Sheikh Radwan ainsi que des raids aériens contre des immeubles de Khan Younès, de Rafah et du camp de Nuseirat, selon le ministère de l'Intérieur gazaoui. Face aux frappes aériennes et après les appels de l'armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d'un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU.
L'armée israélienne a confirmé qu'elle se préparait à une «prochaine étape» de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël, se disant dans l'attente d'une «décision politique». Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région. Au Caire, Antony Blinken a assuré que les alliés arabes des Etats-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit.
«Personne ne doit jeter de l'huile sur le feu ailleurs», a-t-il dit, ajoutant que les différentes capitales arabes visitées, dont Ryad, utilisaient «leurs propres canaux pour s'assurer que cela n'arrive pas». Un appel au calme réitéré par Joe Biden, qui a averti aussi qu'une nouvelle occupation par Israël de la bande de Gaza serait une «grave erreur» lors d'une interview sur CBS.
Israël a occupé Gaza de la guerre des Six Jours en 1967 à 2005. Les Etats-Unis ont également enjoint à l'Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, de ne pas étendre le conflit. L'Iran a prévenu que «nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d'un élargissement du conflit» si Israël envahit Gaza.
La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d'Israël, par un tir de missile du Hezbollah. L'armée israélienne a riposté en frappant des infrastructures militaires du mouvement chiite libanais.
Le siège des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban a lui été touché par une roquette. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d'une guerre à sa frontière avec le Liban, tout en assurant que le pays peut répondre par la force si la situation s'envenime.
Outre les milliers de morts israéliens, quelque 155 personnes ont été enlevées par le Hamas, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d'incursions à Gaza «des cadavres» d'otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens.
Dans l'attente d'une opération terrestre à Gaza où il a juré d'en finir avec le Hamas, Israël n'a cessé depuis vendredi d'exhorter les Gazaouis à fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud. L'armée affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord de l'enclave, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation «terroriste» par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d'un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l'attaque du 7 octobre. A Gaza, une «catastrophe humanitaire inédite» est en cours, a affirmé l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
La coordonnatrice humanitaire de l'ONU pour le Territoire palestinien occupé, Lynn Hastings, a regretté qu'Israël «associe l'aide humanitaire à Gaza à la libération des otages».
«Ils (Israël, NDLR) ont dit qu'ils voulaient détruire le Hamas, mais leur trajectoire actuelle va détruire Gaza», s'est-elle alarmée. Seule lueur d'espoir, l'eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien où s'entassent des dizaines de milliers de personnes.
Toutefois, la situation y reste très difficile pour ces milliers de réfugiés. «Chaque jour, nous réfléchissons à la façon d'économiser l'eau. Si l'on prend une douche, on ne boira pas d'eau», regrette Assem, un habitant de Kan Younès, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a assimilé le «déplacement» en cours à l'exode de quelque 760 000 Palestiniens à la création en 1948 de l'Etat d'Israël, l'Egypte et la Jordanie s'opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres.
Mahmoud Abbas a par ailleurs affirmé, lors d'un appel téléphonique avec son homologue vénézuélien Nicolás Maduro, que «les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien», selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa. Cette phrase, qui figurait dans l'article d'origine de Wafa, consulté par l'AFP, a été supprimée quelques heures plus tard sans explication.
Dans la version remaniée, Abbas assure que «les politiques, programmes et décisions de l'organisation de libération de la Palestine représentent le peuple palestinien en tant que seul représentant légitime, et non les politiques d'une autre organisation».
Dans le sud de la bande de Gaza, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israélienne se poursuivent, selon des habitants. «Regardez les destructions massives. Ils prétendent qu'il y a du terrorisme ici», crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d'une habitation bombardée dimanche à Rafah.
Au poste-frontière de Rafah, entre l'Egypte et Gaza, l'aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe toujours pas. Ce seul passage entre Gaza et l'extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne.
De l'autre côté de la barrière israélienne clôturant la bande de Gaza, les habitants de la ville israélienne de Sdérot sont aussi évacués. «C'est dur (...) la peur à chaque alerte, il faut partir, c'est mieux pour les enfants», dit Helen Afteker, 50 ans.
«Les dirigeants du monde doivent s'unir contre ce fléau. Les pays comme le Qatar et la Turquie qui peuvent nous aider devraient s'unir et venir nous aider», a déclaré Merav Leshem Gonen, mère d'une fille enlevée lors du festival de musique Supernova, où 250 jeunes ont été tués, après une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. (ats/afp/svp)