En fait, la taxe journalière pour les touristes à Venise aurait dû être introduite il y a quatre ans déjà. Mais la pandémie est arrivée. Les autorités ont ensuite voulu donner un an de plus aux entreprises touristiques de la ville pour se remettre des pertes subies. C'est désormais chose faite et à partir du printemps prochain, le gouvernement de la ville veut prélever une taxe de cinq euros sur les touristes d'un jour, pour l'instant seulement à titre d'essai.
Les vacanciers devront se procurer un code QR sur une plateforme en ligne et le télécharger sur leur téléphone portable; le paiement de la taxe fait également office de réservation pour entrer dans la Cité des doges. Le code QR doit être présenté lors des contrôles. Celui qui est pris sans code risque une amende de 50 à 500 euros.
Pendant la phase de test, la taxe ne sera due que 30 jours. Quand? Simplement aux moments les plus intenses lorsque la plupart des touristes d'un jour se ruent dans la ville classée au patrimoine culturel mondial. A quelle date précisément? Mystère pour l'heure. Il existera de nombreuses exemptions à la taxe:
Concernant le dernier point, c'est quoi un événement majeur? On ne sait pas. En effet, il n'a pas encore été décidé si, par exemple, le carnaval ou la régate historique des gondoliers du Nouvel An seront également considérés comme des manifestations sportives ou de grande ampleur. Les détails doivent être réglés la semaine prochaine. Le conseil municipal de Venise décidera alors définitivement de la taxe.
L'objectif est de «réduire le tourisme journalier dans la ville lagunaire à certaines heures», a expliqué le maire de Venise Luigi Brugnaro. Le «ticket d'entrée» ne signifie, toutefois, pas que la ville sera fermée, il a assuré:
La ville sur l'Adriatique, avec ses canaux et ses innombrables biens culturels, est depuis des années le théâtre d'une véritable invasion de touristes. L'année précédant la pandémie, 33 millions de personnes avaient visité la ville. Cela représente une moyenne de 90 000 personnes par jour. Venise compte un peu plus de 50 000 habitants.
Nombre de Vénitiens doutent que l'introduction d'un ticket permette d'endiguer le tourisme de masse.
Cette question rétorque a été lancée à la télévision italienne par un retraité qui vit depuis sa naissance dans le centre historique de Venise et qui est empêché de dormir la nuit par le ballet incessant des valises à roulettes. La question semble justifiée, d'autant plus qu'un «droit d'entrée» pour les touristes à Capri et Ischia, qui existe depuis des années, s'est avéré largement inefficace.
Les critiques qualifient le ticket d'entrée prévu d'«exercice alibi» dont le seul but est d'apaiser l'Unesco. Celle-ci a menacé en juillet de rétrograder la ville au rang de «patrimoine mondial en péril». Le Conseil du patrimoine mondial des Etats membres de l'Unesco votera à la mi-septembre. Ce déclassement porterait un énorme préjudice à l'image de Venise.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)