L'extrême droite italienne espère une victoire historique samedi, à la veille d'élections législatives cruciales. Si les résultats lui sont favorables, Giorgia Meloni deviendra la première dirigeante d'un parti postfasciste à conduire le gouvernement d'un pays fondateur de l'Europe communautaire.
Les leaders des principales formations politiques ont jeté leurs dernières forces vendredi pour les ultimes réunions électorales de la campagne. La loi italienne impose en effet le silence à tous les candidats la veille de l'élection et jusqu'à la fermeture des bureaux de vote dimanche.
A Naples, Giorgia Meloni, cheffe de Fratelli d'Italia (FdI) donné à près de 25% dans les intentions de vote, a lancé un tonitruant: «Je suis une patriote!». Mais c'est surtout son allié Matteo Salvini qui a occupé l'espace médiatique.
Le chef de la Lega a exigé «des excuses ou la démission» d'Ursula von der Leyen. Il reproche à la présidente de la Commission européenne d'avoir brandi jeudi aux Etats-Unis la menace de sanctions en cas d'atteintes aux principes démocratiques de l'Union européenne (UE) par l'Italie.
Les sondages étant interdits dans les deux semaines précédant le scrutin, les dernières enquêtes créditaient les intentions de vote suivantes:
La coalition de la droite et de l'extrême droite pourrait rafler entre 45% et 55% des sièges au parlement. Alors que l'abstention pourrait dépasser les 30% lors de ce scrutin, un chiffre élevé pour l'Italie.
Dans ce climat, plusieurs personnes ont parlé à l'Agence France-presse (AFP):
Bruxelles suit avec attention ce scrutin. La question sensible des sanctions contre Moscou et les éventuelles tensions qui pourraient naître entre la Commission et un gouvernement ultra-conservateur et souverainiste sont au centre des préoccupations.
Solidaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, Rome entretient traditionnellement des relations cordiales avec Moscou. Silvio Berlusconi, le troisième partenaire de la coalition conservatrice avec Forza Italia, a soulevé une polémique en déclarant jeudi soir que Vladimir Poutine avait été «poussé» par sa population à envahir l'Ukraine.
Lorsqu'il était chef de gouvernement, Berlusconi traitait en ami le président russe, qu'il a reçu à titre personnel dans sa villa de Sardaigne et avec qui il s'est rendu en Crimée après l'annexion de la péninsule par la Russie en 2014. Devant le tollé suscité par ses derniers propos, il a réaffirmé vendredi sa «loyauté absolue» à l'Otan et à l'UE.
Matteo Salvini, lui, fait pression pour un allègement des sanctions contre Moscou, qu'il juge inefficaces et contre-productives, tout en jugeant «injustifiable» l'invasion de l'Ukraine. Atlantiste, Giorgia Meloni a en revanche pris des positions claires en faveur du soutien à l'Ukraine, des sanctions contre la Russie et de l'envoi d'armes à Kiev.
Les rapports avec l'UE seront aussi également scrutés de près, Giorgia Meloni alternant des promesses de coopération avec des menaces voilées. Elle a prévenu que:
La coalition de la droite et de l'extrême droite promet de tenir ses engagements européens et Giorgia Meloni a officiellement enterré son projet de faire sortir l'Italie de l'euro. Mais les inquiétudes persistent, d'autant qu'elle vient de réitérer son soutien au régime hongrois de Viktor Orban. (sas/ats)