L'Italie transfère lundi le premier groupe de migrants vers les centres qu'elle gère en Albanie, une première pour un pays membre de l'Union européenne, en vertu d'un accord controversé.
Le patrouilleur de la marine italienne Libra est parti lundi avec un premier groupe d'hommes à son bord, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale, sans en préciser le nombre ni l'origine.
Selon le site du quotidien La Repubblica, il s'agit de migrants originaires du Bangladesh et d'Egypte, et le navire, parti de l'île italienne de Lampedusa, doit arriver en Albanie mercredi.
Ce transfert inédit intervient en vertu d'un accord controversé signé fin 2023 entre le gouvernement de Giorgia Meloni, première ministre d'extrême droite italienne, et Tirana, et qui prévoit la création de deux centres en Albanie, d'où les migrants pourront effectuer une demande d'asile.
Cet accord en vigueur pour cinq ans, dont le coût pour l'Italie est estimé à 160 millions d'euros par an, concerne les hommes adultes interceptés par la marine ou les garde-côtes italiens dans leur zone de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales.
La procédure prévoit un premier contrôle sur un navire militaire, avant un transfert dans un centre du nord de l'Albanie, au port de Shengjin, pour une identification, puis vers un second centre, sur une ancienne base militaire à Gjader.
Les personnes considérées comme vulnérables par la loi, dont les mineurs, les femmes, les personnes souffrant de troubles mentaux, ayant été victimes de torture, de violences sexuelles ou de traite d'êtres humains, ne sont pas concernées par la procédure.
Le traitement des demandes d'asile pourra prendre jusqu'à quatre semaines, selon une source au fait des procédures, ayant demandé à rester anonyme. Pour les hommes à qui l'asile serait refusé, des cellules ont été installées dans le camp. Plus de 300 militaires, médecins et juges italiens sont engagés dans cette opération.
Mais le syndicat de l'administration publique UILPA a dénoncé vendredi les conditions de vie dans ces centres et les restrictions d'accès à l'eau, à l'électricité et aux moyens de communication.
Selon Elly Schlein, la cheffe du Parti démocrate (PD, centre-gauche), principale formation de l'opposition, le gouvernement Meloni «hausse les impôts et gaspille près d'un milliard d'euros» en cinq ans «au détriment des droits fondamentaux des personnes». (ats/afp)