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Paris 2024: Voici les 27 scandales qui ébranlent les JO

Aya Nakamura a aimanté (malgré elle) la dernière polémique en date, alors qu'elle est pressentie pour chanter Piaf à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris.
Aya Nakamura a aimanté (malgré elle) la dernière polémique en date, alors qu'elle est pressentie pour chanter Piaf à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris.

Voici les 27 scandales qui ébranlent les JO de Paris

En 2028, Los Angeles accueillera les JO d'été. Sa maire, Karen Bass, a pris peur après «avoir été témoin des difficultés de la capitale française». Des discussions avec Anne Hidalgo qu'elle qualifiera, mercredi, de «révélatrices». Il faut dire que depuis plus d'une année, Paris 2024 collectionne couacs, bourdes, querelles et controverses avec une aisance ébouriffante. Vous n'avez rien suivi? Pas de panique, on vous a rigoureusement listé le bazar.
17.03.2024, 06:5617.03.2024, 08:57
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Une polémique chasse l'autre. Et la cadence est industrielle. Depuis que Paris s'est vue attribuer l'organisation des Jeux olympiques d'été 2024, on peut avoir le sentiment que rien ne va. Qu'à chaque étape, qu'elle soit logistique, sportive, politique, artistique ou marketing, les épines se ruent dans le pied de cet événement qui s'apprête à accueillir la terre entière dans quatre misérables mois.

Si les Français nous ont habitués à la gueulante systématique, un peuple ronchon n'est évidemment pas la seule raison de cette sale impression de catastrophe annoncée. Les travailleurs sans-papier, le prix des transports, la clim' dans le village olympique, Aya Nakamura qui pourrait chanter Piaf, la délocalisation des personnes sans-abri, les chambres d'étudiant réquisitionnées, les soupçons de malversation financière, la communication hasardeuse, bref: tous les ingrédients sont déjà dans la recette pour que les casseroles prennent feu.

Mercredi, à l'occasion d'une visite particulièrement intéressée, la maire de Los Angeles est venue taper la discute avec son homologue parisienne. Alors que la ville californienne accueillera les JO d'été en 2028, affirmer que Karen Bass a pris peur en voyant l'ampleur des dégâts français serait un sacré euphémisme.

«Cette rencontre nous a définitivement mis le feu aux fesses»
Karen Bass, maire de Los Angeles, après avoir discuté avec Anne Hidalgo à Paris. («... definitely put some fire under our feet», en anglais.)

Même Anne Hidalgo s'est sentie contrainte de jouer cartes sur table, en conseillant à Karen Bass de «se préparer dès maintenant aux accrocs de dernière minute». S'il est évidemment trop tôt pour se lancer dans un bilan des préparatifs de cet événement aussi gargantuesque que casse-gueule, il faut avouer que les organisateurs trébuchent quotidiennement sur ce que la maire de Paris appelle encore... des «accros».

Le dernier en date? La chanteuse Aya Nakamura, supposément choisie par Emmanuel Macron pour reprendre Edith Piaf durant la cérémonie d'ouverture, a suscité (totalement malgré elle) une polémique raciste, dégoupillée par l'extrême droite. Quelques jours plus tôt, cette même extrême droite accusait l'affiche officielle des JO de «faire le jeu de l'islamisation de la France». Oui, on en est là.

Pour mieux comprendre l'ampleur des dégâts, nous avons décidé de lister les petits et les gros couacs, les fausses polémiques et les vrais problèmes que Paris 2024 collectionne depuis plus d'une année. Une liste qui sera (évidemment, malheureusement?) mise à jour régulièrement.

Vous avez votre tuba à portée de lèvres?

Alors hop, on se jette à l'eau!

Voyage de luxe du Comité

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capture de vidéo de france info.

En 2017, à Lima, la capitale française remportait (contre personne) l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2024. Pour fêter ça, les organisateurs avaient affrété un Boeing pour y fourrer 300 personnes et tout le faste disponible. Certains diraient que ce n'est pas le Pérou et qu'une victoire, même sans gloire, ça se fête. Or, Mediapart, fidèle à sa réputation, révélera que le voyage de la délégation olympique française a coûté plus de 1,5 million d'euros. Autrement dit, une ardoise qui se monte à 4 687 euros par tête de pipe.

«Le chef français Alain Ducasse avait aussi amené les indispensables pâtés en croûte et chocolats pour les quelque 300 invités. Le pisco national et le champagne ont coulé à flots jusque tard dans la nuit»
Mediapart, en 2017.

Deux jours plus tard, Tony Estanguet, le coprésident de Groupe d'intérêt public (GIP), se défendait dans Le Parisien de toute volonté de péter dans la soie: «Je trouve cette polémique injuste. Je suis très à l’aise avec la gestion de Lima. Tout a été appréhendé avec l'objectif d'être le plus rigoureux possible». La rigueur serait-elle une notion personnelle et subjective? A l'époque déjà, Le Parisien avait conclu son article en disant que «les polémiques sont très loin d'être terminées».

Dans le mille.

Façade à un million

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mairie de paris

983 352 euros pour être précis, selon le site spécialisé dans les marchés publics Macellum, en février 2024. Pour les ennemis d'Anne Hidalgo, forcément, c'est (beaucoup) trop cher pour une demi-douzaine de panneaux bleus et pour «offrir un repère visuel, afin de préparer les habitants à l’échéance et permettre à chacun de s’approprier cet évènement mondial».

Comme le précisait Ouest-France, les principaux groupes d'opposition à la politique de la maire de Paris avaient donné de la voix pour enclencher la polémique: «Une goutte supplémentaire dans l’océan de 10 milliards d’euros de dette, grâce à Anne Hidalgo qui dilapide l’argent des Parisiens», déplorait notamment le groupe Changer Paris, sur la plateforme X.

Logo d'extrême droite

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Mais pas que. Certains ont immédiatement pensé au logo de Tinder. D'autres lui trouvaient toutes les qualités pour incarner l'enseigne d'un salon de coiffure. Sans oublier les accusations de sexisme, puisque la femme que l'on aperçoit aurait les «lèvres trop pulpeuses». La flamme? Le logo du Rassemblement national, évidemment. En réalité, il fallait y voir une Marianne emballée dans la flamme olympique.

Les références, les goûts et les couleurs, hein.

Mascottes chinoises

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Déjà, un nom à coucher dehors: les deux mascottes des JO de Paris s'appellent des «Phryges». Difficilement prononçable, mais justifiable par les organisateurs, puisqu'ils se sont inspirés du traditionnel bonnet phrygien, l'un des emblèmes de la République française. Le hic, c'est qu'une fois ces mascottes sur leurs deux jambes, la plupart des internautes ont cru apercevoir des... clitoris.

Un poil plus gênant, les «Phryges» ont beau arborer du bleu, du blanc et du rouge, elles ont été fabriquées... en Chine. «Comme la très grande majorité des peluches vendues en France», se justifieront les organisateurs. En 2022, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, avait déclaré que «si c'est le cas, il y a un problème».

On notera que le comité espère en vendre au moins deux millions jusqu'à la fin des Jeux olympiques.

Quid des athlètes russes?

Comme pour l'Eurovision ou la Coupe du monde de football, la question de la participation des sportifs russes aux JO de Paris fait forcément polémique. Alors que certains ont partagé très tôt leur inquiétude à l'idée que le drapeau de Poutine puisse flotter dans la capitale française, d'autres (beaucoup moins nombreux et proche de la sphère complotiste) hurlent à la censure politique.

Le CIO a empoigné le dossier d'une main si ferme que Moscou s'est vexé. Poutine considère que l'Occident risque d'enterrer le mouvement olympique si on impose «aux sportifs russes et bélarusses de participer sous bannière neutre aux JO 2024». De son côté, le Kremlin a déjà menacé ses athlètes de «conséquences juridiques» s’ils «se plient aux exigences humiliantes du CIO», rappelle Le Monde.

Le ministre des Sports, lui, baigne dans un optimisme de façade, car la menace d'un boycott total de la part de la Russie plane férocement sur les JO de Paris. Une première depuis les JO de Los Angeles en 1984.

«Nous devons, autant que possible, préserver la possibilité de dialoguer et de participer à des compétitions»
Le ministre des sports russe, Oleg Matytsine

La réponse est attendue dans le courant du mois de mars.

Des retraités armés?

Pour le gouvernement, l'important sera sans doute moins les médailles remportées par les athlètes français que les attentats déjoués et les cyberattaques avortées. Si la sécurité est au sommet des préoccupations, les agents manquent. Comme le rappelle Le Parisien, «l’événement nécessitera 25 000 agents de sécurité sur le pont, avec en moyenne 17 000 personnes à l’œuvre par jour». Aux dernières nouvelles, il en manquerait plus de 10 000.

Alors que le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé que certains d'entre eux pourraient être «exceptionnellement armés», n'importe qui peut postuler, moyennant une formation gratuite. Un appel a même été adressé aux chômeurs, aux étudiants puis, en désespoir de cause, aux... retraités.

«L’objectif est bien d’informer certains retraités de l’opportunité de bénéficier d'une formation pour exercer des missions de sécurité pendant les Jeux»
Le comité d'organisation, à l'AFP

Alors, forcément, quand les Français se sont mis à imaginer la tronche d'un essaim de papys et mamies aux prises avec des individus violents, les réseaux sociaux ont explosé de colère et d'humour noir. Pour la plupart, la France a trouvé une énième manière d'humilier la France.

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Bouquinistes gênants

Le jour de la Saint-Valentin, Emmanuel Macron a tranché dans une polémique qui durait depuis plusieurs mois. Les bouquinistes resteront à leur place durant les JO, «considérant qu’il s’agit d’un patrimoine vivant de la capitale». Le 25 juillet 2023, pourtant, la préfecture de Police avait annoncé leur retrait pour des questions de «sécurisation des berges», notamment durant la cérémonie d'ouverture.

PARIS, FRANCE - 2023/12/13: A woman walks by a bookseller's stand with protest graffiti reading "Olympic Games won't expunge the booksellers". The famous booksellers (known as bouq ...
Image: LightRocket

Véritables emblèmes du Paris romantique, les 588 petites boîtes vertes se sont battues pour survivre, avec le soutien d'une opinion publique scandalisée que l'on puisse saloper à ce point la capitale française.

Marseille vexée

On ne connaît que trop bien la rivalité qui rampe entre les deux capitales du football français. Alors que le ballon rond olympique prendra (aussi) ses quartiers à Marseille, certains élus locaux se sont étranglés par avance d'un stade Vélodrome flanqué de l'inscription «Paris 2024». Encore et toujours ce satané sentiment d'humiliation.

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En réponse à cette angoisse existentielle, Anne Hidalgo avait tenté d'armer une bonne dose de psychologie inversée:

«J'aurais adoré écrire Marseille 2024 au Parc des Princes, si les JO avaient été obtenus par la ville de Marseille»

Une polémique plutôt rigolote qui, en réalité, ne reposait sur rien. Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des Jeux olympiques, a dû sortir de sa cachette pour rappeler qu'il «n'a jamais été question de renommer le stade. Il y a une incompréhension sur le Vélodrome».

Oust les SDF!

C'est une annonce de la mairie de Paris qui a mis le feu aux poudres. L'année dernière, 3600 places ont bien été identifiées en France, pour pouvoir accueillir des sans-abris en provenance de Paris. Objectif officiel: désengorger une capitale qui abrite «la moitié des 205 000 places d'hébergement d'urgence du pays», rappelait notamment TF1. Pour de nombreuses associations, de Médecins du monde à Emmaüs, ce n'est qu'un prétexte pour cacher la misère et entamer un «odieux nettoyage social» en vue des JO.

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«C'est faux. On ne s'est pas fixé comme objectif "zéro SDF" dans Paris pour l'été 2024. On souhaite avoir un héritage social en matière d'hébergement d'urgence, on y travaille»
La mairie de Paris

Reste plus qu'à juger sur pièce (et sur place) en juillet prochain.

Seine de ménage

«Promesse tenue. On nage aujourd'hui dans la Seine et ce n'est que le début!» Le 29 novembre dernier, Anne Hidalgo était fière d'annoncer que la promesse, jetée à l'eau en 2016, deviendra réalité cet été. Comme l'a relayé la RTS, «les épreuves de triathlon et de nage en eau libre partiront du pont Alexandre-III, qui relie le Grand Palais aux Invalides.» Pour cela, 1,4 million d'euros ont déjà été dépensés pour nettoyer un fleuve dans lequel peu de Parisiens rêvent de sauter la tête la première.

PARIS, FRANCE - MARCH 07: A view of the Seine River as the level of river is exceeded the 4-meter mark in Paris, France on March 07, 2024. The banks of the Seine are flooded in the 4th arrondissement, ...
Image: Anadolu

Pour s'y tenir, la mairie a annoncé en mars 2024 qu'il n'y aurait pas de plan B. Si la Seine se retrouvait impropre à la baignade au moment des compétitions? «On les décalerait de quelques jours».

Village saoudien

Quoi? Un village olympique saoudien à Paris? La droite (mais pas que) a violemment trébuché sur cette installation potentielle, qui pourrait prendre ses quartiers pendant quatre mois. Et pour cause: ce village olympique pourrait être monté dans l'enceinte de l'Hôtel national des Invalides, à deux pas de la nécropole militaire où repose Napoléon. La polémique a donc logiquement enflé très vite.

«Il y a des discussions en cours à la demande des Saoudiens. Elles se font moyennant finances et des conditions très strictes que les Saoudiens n'ont pas encore acceptées»
Le ministère des Armées

Pour la députée LR Nathalie Serre, membre de la commission Défense à l'Assemblée nationale, «il y a des choses qui ne sont pas vendables, monnayables et les Invalides, à mon sens, en font partie. Un défilé Chanel, ça reste de l'ordre du privé, mais ça ne dure pas quatre mois».

Début mars, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, rappelait que «la décision n'est pas encore prise».

Clim' au village

Alors que des filtres à pollution ont déjà été installés dans le village olympique, la question de la clim' lacère Paris.
Alors que des filtres à pollution ont déjà été installés dans le village olympique, la question de la clim' lacère Paris.

La santé de la planète, envers et contre tout? Si la maire de Paris veut tenir le pari d'un village olympique écologique, la question de la température une fois dans les chambres multiplie les débats et les polémiques. Face à la décision du comité d'organisation de laisser «la possibilité aux délégations» d’installer malgré tout des systèmes portables de climatisation (coucou les Américains), Anne Hidalgo a tenté de rassurer les fédérations effrayées par une éventuelle canicule:

«Il faut faire confiance aux scientifiques lorsqu’ils nous aident à construire de façon sobre des bâtiments qui permettent de nous passer de la climatisation»
Anne Hidalgo

Hélas, le fameux village olympique sans climatisation accueillera quand même une poignée de climatiseurs. L'Australie, le Brésil, la Norvège et le Canada ont déjà annoncé qu'ils mettraient la main au porte-monnaie pour rafraîchir leurs sportifs.

Perquisition surprise

En juin 2022, France TV lançait un pavé dans la mare: «Le siège du comité d'organisation et d'autres sites ont été perquisitionnés mardi dans le cadre d'enquêtes menées par le Parquet financier». Aïe, aïe, aïe, mais que se passe-t-il? «Prise illégale d'intérêts, des détournements de fonds publics, favoritisme et recel de favoritisme».

Si les enquêtes ont démarré en 2017, cette perquisition a fait très mal à l'esprit de Paris 2024, qui s'est toujours vanté d'organiser un «événement irréprochable».

Salaire «indécent»

Vous aimez les enquêtes? Vous serez servis. Le 6 février dernier, le parquet national financier en a ouvert une qui concerne la rémunération du patron de Paris 2024.

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keystone

Tony Estanguet a gagné 270 000 euros brut par année, jusqu’en 2020. Le hic, c'est que le Comité d’organisation est une association «de type loi 1901» et que «la rémunération de ses dirigeants est plafonnée par la loi à des niveaux sensiblement inférieurs». Une information qui n'a évidemment pas plu aux internautes français qui, pour la plupart, gagnent sensiblement moins d'argent.

Et, l'argent, ça permet toujours de lancer des débats particulièrement contondants.

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Tony Estanguet a réagi, en vain:

«Je ne décide pas de ma rémunération ni de son cadre»

Répression sexuelle

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Après les bouquinistes et les SDF, ce sont les prostituées qui seraient priées d'aller travailler ailleurs. «A l'approche des JO, toutes les associations constatent une recrudescence des contrôles ciblés et des obligations de quitter le territoire», s'inquiètent notamment les structures Act Up et Parapluie rouge.

«Ce sont de nouvelles patrouilles de police déployées à l'occasion des JO faisant des contrôles musclés des femmes qui exercent le travail sexuel»

Si les pouvoirs publics «redoutent une recrudescence de la clientèle de la prostitution» durant les Jeux olympiques, les associations sont formelles: aucune corrélation n'a jamais été formellement démontrée. On rappelle qu'en France, si la prostitution est tolérée, le proxénétisme est illégal et le recours aux services d'une prostituée est passible d'une amende.

Tahiti douchée

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Tiens, Anne Hidalgo ne saccagerait pas que Paris. En Polynésie, ça gueule sec dans le processus de préparation préparatifs des JO. Alors que Tahiti accueillera les épreuves de surf, la barge prévue pour l'installation de la nouvelle tour des juges a brisé du corail. Et provoqué la colère des élus locaux, en fin d'année dernière, mais pas que:

«On entendait le craquement des coraux qui se brisaient sur la barge, qui touchait le corail. Sans compter que les hélices des moteurs ont bien labouré le corail»
Astrid Drollet, de l'association Vai Ara O Teahupoo

Pour dire, même la légende du surf Kelly Slater a soutenu les opposants à la tour des juges. Par-dessus le marché, la même Hidalgo a été sèchement réprimandée pour un voyage de trois semaines en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Le Canard Enchaîné a dévoilé que, malgré le fait qu'elle a brandi l'organisation des JO pour justifier son petit mois loin de la capitale, la maire de Paris aurait agrémenté «son voyage d'événements d'ordre personnel et politique».

Une enquête a été ouverte et des perquisitions (oui, encore) ont eu lieu au début du mois de mars, à l’Hôtel de ville.

Etudiants virés

Après les bouquinistes, les SDF et les prostituées, voilà que ce sont les étudiants qui sont menacés de devoir plier bagage durant les Jeux olympiques. L'équation est aussi simple que cruelle: 3 000 logements sur les 22 000 que l'on trouve en région parisienne «devront être réquisitionnés pour juillet et août 2024», annonçait Le Monde. Forcément, les organisations étudiantes se sont immédiatement «insurgées contre de possibles expulsions».

La contrepartie? «100 euros et deux places» pour mater les exploits des sportifs qui, eux, auront une chambre (avec de la clim' pour certains). Ironique, non? Le gouvernement a néanmoins promis de ne pas les envoyer à la rue: «L'idée est de reloger ces étudiants pendant les deux mois d'été, juillet et août, sans aucun surcoût». C'est sympa!

Travailleurs illégaux

Parmi la quarantaine de chantiers qui ont été ouverts pour faire de Paris la capitale éphémère du sport, certains ont été méchamment épinglés: «Des enquêtes ont mis au jour la présence de travailleurs irréguliers». V'là autre chose. Certes, ce n'est pas la première manifestation majeure qui planque de la main d'œuvres pas tout à fait OK. Mais nous sommes au point 18 et ça commence à faire beaucoup «d'accros», comme les a appelés Anne Hidalgo devant la maire de Los Angeles.

Le village des athlètes, quand il était en chantier.
Le village des athlètes, quand il était en chantier.

En marge de ces enquêtes, Le Monde avait pu interroger quelques travailleurs illégaux, en décembre 2022. Dont un certain Moussa, payé «80 euros par jour» pour «piocher, faire du béton, de la maçonnerie ou ranger le matériel» dans ce qui est devenu le village des athlètes.

«Ces stades-là, ils sont construits sur le dos de pauvres»
Moussa, travailleur malien

Certains diront que 80 euros, c'est déjà mieux que rien. Les bénévoles par exemple.

Bénévoles pô chers

Ils seront plus de 50 000 et ne seront pas payés. C'est même pire que ça, puisqu'ils devront se débrouiller tout seuls pour trouver un logement (comme les étudiants, les SDF, les prostituées et les touristes cet été). En août dernier, le député LFI Alexis Corbière avait demandé à ce que ces volontaires soient rémunérés, alors que les JO vont «rapporter des milliards».

Du côté des organisateurs, on rappelle que «le bénévolat fait partie de l'ADN» de ce type de manifestation et que les rémunérer mettrait «en péril sa stabilité financière». (Ce n'est pas Daniel Rossellat qui dirait le contraire.) Plusieurs initiatives ont été lancées pour que les bénévoles dénoncent ensemble leur statut de «salariat dissimulé».

Sur les réseaux sociaux, outre le fait que l'on est outré d'engager sans payer, on plaint déjà les futurs volontaires qui ont reçu un ordre de marche qui fait moyennement plaisir.

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Ambassadrice militante

Dans la foulée d'une publication Instagram sur Israël qui a fait polémique, l'ambassadrice des JO a quitté le paquebot olympique en janvier dernier. Deux jours après l'attaque terroriste du 7 octobre 2023, l'ancienne basketteuse Emilie Gomis a brièvement partagé un message politique qui a été largement interprété comme une justification de l'attaque, avec la question suivante destinée aux Français: «Que feriez-vous dans cette situation?»

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Suivront plusieurs semaines de polémique et de pressions, que la principale intéressée tentera d'éteindre par de franches excuses. Ce sera malgré tout considéré comme insuffisant par le Comité d'organisation, qui rappellera que «les représentants de Paris 2024 se doivent d’avoir un comportement exemplaire et une volonté d’apaisement au regard de ces sujets». Vous êtes le maillon faible, au revoir.

Prix d'or pour le transport

Dix millions de spectateurs sont attendus sur deux semaines. Et, manifestement, l'idée est de trouver la moindre excuse pour en tirer profit. Officiellement, Ile-de-France Mobilités va augmenter le prix du ticket et «un forfait spécial pour les visiteurs» sera mis en place. Autrement dit, prendre le métro coûtera le double pour les touristes. Et que pour les touristes, car les Franciliens ne se seraient évidemment pas laissés faire.

Le «forfait spécial»? Oh rien de fou. Juste le droit de voyager à Paris pour la modique somme de 16 euros par jour et 70 euros par semaine.

«C'est le juste prix»
Valérie Pécresse, la présidente du syndicat des transports d'Ile-de-France, visiblement fan des jeux télés.

Grèves éternelles

On va vous la faire courte, parce que vous connaissez la passion de nos voisins pour les grèves. Disons simplement que la CGT menace de déposer, début avril, des préavis de grève dans les trois fonctions publiques pour la période des Jeux olympiques de Paris. Pourquoi? Parce qu'elle «est mécontente du dialogue social en France».

Punaise, des punaises!

Là aussi, on va vous la faire courte, parce que vous avez tous suivi ce film d'horreur monté de toutes pièces et repris par une presse internationale terrorisée, pendant plusieurs semaines. Si les punaises de lit sont évidemment un vrai fléau, la psychose montée en épingle en septembre dernier a fait sombrer la France dans le ridicule.

Fidèle à sa réputation, ce sera l'inénarrable Pascal Praud qui franchira le Rubicon, vendredi 29 septembre, sur CNews. en osant tirer un parallèle entre immigration et punaises de lit.

Vol de données sensibles

Alors, là, on a tous bien rigolé. Un rire jaune, parce que c'est quand même le pompon. En février dernier, une sacoche contenant un ordinateur et deux clefs USB a été dérobée dans un train. A l'intérieur, les plans de sécurisation des JO. Son propriétaire, un ingénieur de la mairie de Paris, avait nonchalamment déposé son barda sur un siège, avant de réaliser que tout avait disparu.

Eiffel rouillée

Rien ne va plus, l'emblème de Paris menacerait de s'écrouler! A cause d'un manque crasse d'entretien, la Tour Eiffel collectionne autant de rouille et de corrosion que de touristes étrangers. Résultat: elle s'est mise en grève au mois de février. De quoi attiser les fous rires à quelques mois des JO.

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Pour la CGT,« il y a de très gros travaux à terminer, notamment la campagne de peinture, mais aussi à effectuer sur des ascenseurs et des installations qui sont vieillissantes». Qu'on se rassure, selon de nombreux spécialistes réquisitionnés par les médias français, la Tour Eiffel est «très loin de s'écrouler». Contrairement à l'image de Paris? Comme le disait notre humoriste préféré Yann Marguet, sur le plateau de Quotidien, après ce sera quoi? Le camembert en grève?

Affiche islamiste? Really?

Pas de croix chrétienne sur le dôme des Invalides, pas de drapeau bleu, blanc, rouge. Ce fut amplement suffisant pour que l'extrême droite (encore elle) considère que l'affiche des JO de Paris fait «le jeu de l'islamisation de la France». Le JDD, en mains de l'ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles, évoquait de son côté le «le malaise d'une nation en proie à la déconstruction».

Et, bien sûr, Pascal Praud:

«On est dans un pays chrétien. C'est un scandale de renier notre histoire quand on sait ce que représentent ce dôme et les Invalides, tous ces hommes qui se sont battus pour notre pays»
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Cette œuvre, que son créateur Ugo Gattoni a imaginée comme un pont entre les Jeux olympiques et paralympiques, mais aussi une «grande fête populaire qui réunit tous les Français», a demandé 2000 heures de travail. Elle a été démolie en quelques secondes. On n'est pas sorti de l'auberge.

Du Piaf? Aya, aïe!

C'est la dernière polémique en date. Alors qu'une sérieuse rumeur lancée par l'Express plaçait la chanteuse Aya Nakamura au sommet de la cérémonie d'ouverture, pour y reprendre une chanson d'Edith Piaf, l'extrême droite a avalé de travers. Au début, des considérations supposément artistiques. Ensuite, le patrimoine, car son répertoire ne représenterait pas tout à fait l'image et l'histoire de la France.

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Aujourd'hui? Bah, de gros élans de racisme, pur et dur. Sur des banderoles, sur les réseaux sociaux, mais surtout sur les plateaux de télévision, où les élus d'extrême droite jouent des coudes pour cracher sur la Française pourtant la plus vendue et écoutée à l'étranger.

David Guetta, Patrick Bruel ou encore Benjamin Biolay se sont relayés pour défendre la légitimité de l'interprète du tube mondial Djadja. Qui, elle, a réagi discrètement à cette vague de harcèlement et de dénigrement qu'elle se prend dans la tronche depuis plusieurs semaines. Le 15 mars, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris, pour racisme. Dans son viseur, notamment, un message posté par le groupuscule d'ultradroite Les Natifs, qui parodiait son hit: «Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako!».

Une anecdote savoureuse pour finir: sur le plateau de CNews, le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a joliment trébuché en affirmant que l’œuvre d’Aya Nakamura «ne me parle pas» et qu'il préfère «des artistes qui unissent les Français, comme Lara Fabian».

Une artiste... belgo-canadienne.

Bien sûr, il existe encore une bonne vingtaine de polémiques, plus locales, qui n'ont pas atterries sur les plateaux parisiens au point de susciter un tollé à la française.

Mais il y en aura d'autres.

Allez, rendez-vous au prochain scandale!

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